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Concert : Motorama, les Soviets suprêmes

De la cold wave à la sauce russe. Cet alliage, ce mariage, bien difficile de les imaginer. Quel goût ? Quelle odeur ? Quelles sensations ? Pour se faire son idée et décider – ou non – d’émigrer à Rostov-on-Don, la ville dont sont originaires nos cinq protagonistes russes de Motorama, autant se rendre à la Laiterie pour le concert de cette formation caucasienne, mardi 24 septembre.

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Motorama

Motorama
Le groupe russe Motorama, en concert le 24 septembre au Club Laiterie (Doc. remis)

Voilà une porte d’entrée idéale dans l’automne déjà bien hivernal qui frappe nos contrées de l’Est de la France. Fini l’été, et Motorama peut allégrement nous y aider. A l’automne 2012, les Russes sortaient Calendar, leur tout premier album signé par un label (le Bordelais Talitres). Guitare glaçante, voix polaire, chant ténébreux, basse lugubre et batterie brute de décoffrage : de parfaits ingrédients pour nous plomber encore plus à l’heure où les jours diminuent et le froid commence à se faire perçant.

D’autant que ce son ressuscite sans nul doute une scène mancunienne marquée au fer rouge par la joie et le nouvel ordre et rassemblée sous une même bannière « cold ». Illustration avec ce très paradoxal mais non moins hypnotique White Light dont la bulle sombre éclate pour implorer la lumière :

Voilà qui sent donc Manchester à plein nez ! Et poserait Motorama en simple diaporama d’une scène devenue mythique par ses illustres figures tutélaires d’il y a trois à quatre décennies : Joy Division, New Order, The Smiths pour ne citer qu’eux. Motorama ne serait ainsi qu’un élément de plus dans la diaspora mancunienne de par le monde…

Une jeune scène russe biberonnée à l’électro allemande

La réalité est tout autre, celle d’une scène russe jeune et active – sans forcément verser dans l’agitation punk blasphématoire à la Pussy Riot, finalement bien plus contre-productive qu’efficace – biberonnée aux racines nourrissantes de l’électro allemande (Kraftwerk) et de sonorités aussi diverses que marquantes telles Pink Floyd, The Cure, Leonard Cohen, Pixies, Sonic Youth, The Hives.

Vladislav Parshin et Alexander Norets lancent ainsi l’aventure Motorama en 2005, riches, également, de leurs récentes explorations mancuniennes (citées ci-dessus), accomplies sur le tard, à l’aube des années 2000. Mais Rostov-on-Don (à près d’un millier de kilomètres au sud de Moscou) n’en devient pas pour autant le nouvel écrin d’une Factory ressuscitée. Si la filiation apparaît évidente, Motorama se construit à son rythme, suivant dans un premier temps les sentiers balisés par ses glorieux aînés, recrutant la magnétique Airin Marchenko à la basse et au clavier puis Roman Belenky à la batterie, et Maksim Polivanoc à la guitare.

Motorama peut enfin travailler pleinement sa fluidité, sculpter son avenir mélodique sous l’oeil bienveillant de Curtis et Morrissey, façonner sa gravité à son image et celle de sa « ville sale et colérique mais belle et romantique » selon son leader Vladislav Parshin. Ainsi naît en 2010 le premier autoproduit de Motorama, Alps, au tonitruant extrait éponyme :

Alps vient d’être réédité par le label Talitres, bien plus décapant et dépoussiérant que son successeur Calendar. Et avec cette pop intemporelle et sans frontière, Motorama entretient évidemment le souvenir hanté de Manchester tout en instillant une part créative bien personnelle, à la fois brute et naïve, qui sert efficacement sa musique à condition de parvenir à se détacher des pères fondateurs.

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