Cinq jours après un conseil municipal particulièrement chaotique, secoué par le blocage des forains, les élus de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) prennent à leur tour le chemin de l’hémicycle, ce vendredi 23 mai. Parmi les 60 délibérations examinées lors de la séance, l’exécutif propose de voter la mise en place d’un « permis de louer », une autorisation préalable à la mise en location d’un bien par des propriétaires, pour lutter contre l’habitat indigne.
En prime, la majorité présente également une délibération actant la refonte de son système de collecte des déchets. Après une phase d’expérimentation dans quatre de ses communes, l’EMS souhaite présenter un plan pour rationaliser et améliorer le tri des déchets.
Au quartier Gare, bientôt un permis de louer
C’était une délibération très attendue, annoncée dès 2021 par la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian : le permis de louer va enfin être présenté au conseil de l’Eurométropole. Précisons d’emblée : il s’agit d’une expérimentation, cantonnée au seul quartier de la Gare, réputé pour être un vivier d’appartements insalubres. Pour lutter contre leur prolifération, l’Eurométropole souhaite imposer que les propriétaires du secteur demandent d’abord l’autorisation de louer leur bien.
Ce nouveau « régime d’autorisation préalable à la mise en location » n’entrera en vigueur qu’au 1er mai 2026. Seuls les logements locatifs construits avant 2006 seront concernés. La demande devra être formulée dès la première location, mais être renouvelée à chaque changement de locataire. Les propriétaires devront fournir un dossier technique exposant notamment « la performance énergétique, l’électricité, le diagnostic amiante… » Des visites éventuelles du logement pourront être exigées, avant l’acceptation d’un dossier.
Selon les services de l’État, il y avait environ 9 200 logements insalubres dans le Bas-Rhin fin 2024, dont 30% à Strasbourg. Et dans capitale alsacienne, près de 16 000 logements privés présentent une étiquette énergétique F ou G, et sont donc considérés comme des passoires thermiques.
Un meilleur tri des déchets
Dans la lignée de sa stratégie « Zéro déchet 2021-2026 », visant à réduire de 15% la totalité des déchets ménagers et de moitié le poids de la poubelle bleue (les « ordures ménagères résiduelles » ou OMR), une nouvelle délibération va être soumise au vote des élus de l’EMS.
Elle fait le point sur une expérimentation lancée en mai 2024 dans quatre communes de l’EMS, Achenheim, Plobsheim, Vendenheim et Reichstett, visant à réduire l’importance des OMR. Les mesures mises en place varient : une collecte moins fréquente des poubelles bleues, passant de toutes les semaines à toutes les deux semaines. En revanche, les collectes des déchets triés deviennent plus fréquentes.
Le rapport sur l’expérimentation, joint à la délibération, explique que cette réduction de la fréquence de collecte des ordures ménagères résiduelles est « le levier le plus efficace afin d’inciter les usagers au tri des déchets » et promeut la collecte des triés au porte-à-porte. À Plobsheim, cela aurait conduit à une baisse de production des OMR de 20%, une hausse du tri d’autant et une hausse de la collecte des déchets alimentaires de 50%.
La délibération présentée vise à étendre cette nouvelle politique du déchet à l’ensemble des communes de moins de 10 000 habitants de l’EMS. Une mise à disposition de 40 000 bacs pour la collecte sélective des déchets (le tri) sera actée, ainsi que de nouveaux conteneurs dédiés à la collecte de cartons, et l’adoption d’une fréquence de collecte de 15 jours pour les OMR, « en alternance avec la collecte sélective ». Jusqu’à présent, les habitants déposaient eux-mêmes leurs ordures recyclables en containers.
Des mesures supplémentaires sont également prévues, notamment pour améliorer la sensibilisation et la communication autour de ces changements, pour un budget total estimé à 4 millions d’euros.
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