Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Au conseil de l’Eurométropole : friche Heineken, tram Nord et rénovations derrière la gare

Les élus de l’Eurométropole de Strasbourg se retrouvent vendredi 7 novembre pour une séance marquée par le débat d’orientation budgétaire 2026 et plusieurs dossiers urbains, dont la reconversion de la friche Heineken à Schiltigheim, la rénovation patrimoniale près de la gare et une communication sur le tram Nord. À suivre en direct dès 9h.

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Premier point majeur à l’ordre du jour : le débat d’orientation budgétaire 2026. Il doit occuper une large partie de la séance du 7 novembre et fixera les grandes lignes du budget qui sera voté en décembre. Comme à la Ville, ce débat se tiendra sans connaître encore les grandes orientations du projet de loi de finances. Premier constat, issu du rapport de l’Eurométropole : l’investissement local ne sera pas réduit en 2026. « Il n’est pas forcément possible de réduire l’investissement local en fin de cycle électoral », note le rapport.

Concernant le bilan de l’année écoulée, la dette est estimée à 776 millions d’euros fin 2024 et grimpera à 883 millions fin 2025. La capacité de désendettement de la collectivité s’établit toutefois à 8,3 ans, encore éloignée du seuil d’alerte de 12 ans fixé par la Cour des comptes. L’Eurométropole revendique une « dette structurellement saine », inférieure à la moyenne nationale, avec 1 485 euros par habitant contre 2 258€ à Bordeaux Métropole.

Le retour du tram Nord

Après une présentation du rapport de la convention citoyenne sur le « Tram Nord » le 9 octobre, cette nouvelle séance sera consacrée à la communication des conclusions et à un temps d’échange avec les élus de l’Eurométropole. Ce rapport, élaboré par 100 habitants de la collectivité tirés au sort, privilégie un tracé traversant le centre de Schiltigheim et la friche Heineken, plutôt qu’un itinéraire direct par la route du Général-de-Gaulle. Ces orientations serviront de base à une nouvelle concertation en 2026.

Le destin de la friche Heineken est d’ailleurs l’un des dossiers du jour. Le site brassicole de l’Espérance, propriété du groupe Heineken, fermera ses portes fin 2025, libérant 12,9 hectares en plein cœur de Schiltigheim, entre la route de Bischwiller et la route du Général-de-Gaulle. L’Eurométropole entend y instaurer un périmètre de « prise en considération » pour éviter toute évolution contraire à un futur projet d’aménagement. Concrètement, cela signifie qu’aucune transformation majeure ne pourra être entreprise avant que la collectivité ait défini un projet d’aménagement, qu’il s’agisse de logements, de bureaux ou d’équipements publics.

Le potentiel de la friche Heineken

Le site, aujourd’hui classé en zone d’activités économiques, présente un fort potentiel par sa localisation et sa superficie. « Il sera de moins en moins courant de disposer d’une telle surface à valoriser », souligne l’Eurométropole dans sa délibération, qui insiste sur sa proximité avec les services et le centre-ville. Le site concentre plusieurs enjeux : dépollution, création de logements, maintien d’activités économiques et amélioration de la desserte urbaine. Selon le rapport, la collectivité souhaite conserver une vocation économique. Elle envisage aussi de maintenir une activité brassicole sous forme de micro-brasserie et de tirer parti du potentiel de désimperméabilisation du site pour lutter contre les îlots de chaleur.

Plusieurs acteurs ont déjà manifesté leur intérêt. La Collectivité européenne d’Alsace, notamment, a exprimé son besoin de foncier pour la construction d’un nouveau collège dans le nord de l’Eurométropole, destiné à accueillir 600 collégiens et couvrant environ 5 000 m² de surface bâtie utile, apprend-on dans le rapport. « Au regard de sa situation centrale, le site de l’Espérance pourrait constituer une opportunité », reconnaît l’Eurométropole.

Rénovation patrimoniale près de la gare

Dans le cadre du projet « Gare à 360 », des travaux de rénovation du patrimoine fortifié, rue du Rempart, sont prévus et doivent être votés (lire notre article). La collectivité considère que le patrimoine constitué par les fortifications de la rue du Rempart et les anciens entrepôts militaires est une « aubaine pour le développement de fonctions diverses, atypiques, emblématiques« .

Aujourd’hui, « les ouvrages sont dans un état médiocre », reconnaît l’Eurométropole. « Les menuiseries et les façades sont dégradées. Divers aménagements ont été réalisés au fil des ans sans homogénéité et sans stratégie patrimoniale », poursuit-elle.

L’objectif est de stopper la dégradation des bâtiments, de rénover les façades et l’étanchéité, et de valoriser le patrimoine vacant pour y implanter des activités culturelles et économiques. « La restauration des ouvrages permet non seulement de les préserver mais aussi de participer à la mise en valeur du quartier », indique la collectivité. Le montant global de l’opération est estimé à 12,18 millions d’euros TTC. Les travaux doivent s’étendre entre 2026 et 2028.

Deux autres chantiers de restructuration seront aussi soumis au vote : la première tranche du nouveau bâtiment de la faculté de médecine (6 millions d’euros d’engagement) et la construction d’un bâtiment de recherche à la faculté de pharmacie (2 millions d’euros).

Le marché-gare sous pavillon métropolitain

Autre dossier économique : le Marché d’intérêt national (MIN) de Strasbourg, plus connu sous le nom de marché-gare, dont la propriété doit être entièrement transférée à l’Eurométropole pour régulariser sa situation juridique. Créé dans les années 1960 à Cronenbourg, le MIN réunit aujourd’hui une cinquantaine d’entreprises de gros – grossistes en fruits et légumes, poissonniers, fleuristes ou logisticiens – qui approvisionnent chaque jour restaurants, commerces et collectivités de la région.

Le site est géré par un concessionnaire historique, la société d’économie mixte Samins, détenue majoritairement par les collectivités locales. Mais à l’heure du renouvellement du contrat, après 59 ans de concession, un audit révèle un problème foncier : la Ville de Strasbourg restait propriétaire d’une partie du terrain. Le transfert de ces parcelles à l’Eurométropole, soumis au vote, doit permettre de clarifier la situation et de préparer la suite.

Ce point, en apparence technique, revêt pourtant un enjeu stratégique. Le MIN, reconnu d’intérêt national depuis 1962, constitue un maillon important de l’approvisionnement alimentaire du territoire. Alors que la future délégation de service public (DSP) suscite de fortes attentes, les chambres consulaires – CCI, Chambre d’agriculture et Umih – ont demandé, en mai, des garanties sur l’avenir du lieu. Ils ont été éconduits par la présidente de l’Eurométropole, Pia Imbs, au motif que la procédure était en cours, et renvoyés vers le cahier des charges de la DSP. De nouvelles informations pourraient être glanées lors de cette séance.

Solidarités et mobilités

Les élus voteront aussi plusieurs aides sociales : 515 933 euros pour l’hébergement d’urgence, 274 840 euros pour les associations œuvrant auprès des gens du voyage, ainsi que diverses subventions à l’économie sociale et solidaire et à la culture (festival Augenblick, Équinoxe).

Enfin, comme chaque année, un avenant au contrat avec la CTS sera examiné pour actualiser l’offre et les moyens alloués à l’exploitation du réseau. Nouveauté 2026 : le déploiement généralisé du service d’ »open payment » pour 6 millions d’euros. Ce dispositif permettra de payer directement son titre de transport sur le valideur, sans autre support physique que la carte bancaire. Il sera d’abord testé sur les lignes G et C1 avant d’être étendu à l’ensemble du réseau.


#Conseil de l'Eurométropole

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