Jeudi 26 juin, 8 h 30. Malgré une averse, une vingtaine de personnes se sont rassemblées devant l’école Fischart, à la Meinau. Parents d’élèves et représentants syndicaux protestent contre la suppression, à la rentrée 2025, de trois classes et cinq postes d’enseignants. Car conséquemment à cette baisse de moyens, le dispositif de dédoublement des classes bilingues prendra fin.
Depuis 2017, le mécanisme du dédoublement scinde les classes surchargées en deux petits groupes, dans le but d’offrir un suivi plus personnalisé et mieux adapté aux élèves. Le dispositif est prioritairement déployé dans les réseaux d’éducation prioritaire (REP et REP+), dont fait partie l’école Fischart.

De nouvelles difficultés pour les élèves
En juin 2025, l’école compte environ 270 élèves, avec cinq classes de grande section monolingue. Dès septembre, elles ne seront plus que trois : l’effectif passera de moins de 14 à près de 17 élèves par classe, voire davantage. Quant aux classes de grande section bilingue (français-allemand), elles passeront de deux sections « dédoublées » à une seule, multipliant par deux le nombre d’élèves, de 12 à 24.
Elena, mère d’un élève de grande section bilingue, explique :
« En Alsace, on a la chance d’avoir un enseignement bilingue français-allemand et le dédoublement était un vrai plus. Les enfants suivaient chaque jour des cours en allemand en petit comité. Tous les enfants, même ceux dont les parents ne parlent pas allemand pouvaient apprendre la langue dans de bonnes conditions. »
Plusieurs familles craignent que ces mesures ne pénalisent les enfants les plus fragiles : une douzaine sont suivis par la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) et éprouvent déjà des difficultés scolaires. Jennifer, mère de deux enfants bilingues et représentante des parents d’élèves, s’inquiète :
« Dans l’école, il y a des enfants qui rencontrent davantage de problèmes d’apprentissage. Avec moins d’enseignants pour plus d’élèves, ils risquent d’être encore plus en difficulté. »

Une nouvelle tardive
Le directeur académique des services de l’Éducation nationale (Dasen) a informé l’école en février de modifications à venir au sein des classes de la maternelle. Les décisions définitives pour le dédoublement et les postes ont été communiquées le 6 juin à la direction de l’école.
Le 10 juin, la nouvelle a été relayée aux parents. Pour Dominique Haquette, co-secrétaire de la CGT Éduc’action, cela a été réfléchi :
« Informer à la fin de l’année, c’est réduire le temps de mobilisation : quelques jours avant les vacances d’été, on a moins de chances de se mobiliser et donc de faire entendre notre mécontentement, alors que les mesures s’appliquent dès la rentrée suivante. »
Même constat du côté de Maxime Salvi, co-secrétaire du syndicat Sud éducation Alsace : « Jusqu’en 2019, ce type de décision était communiqué dès février, pour que chacun ait le temps de se préparer, aujourd’hui, tout arrive au dernier moment. »
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