
Habitué à sillonner la ville de Strasbourg en courant, j’ai décidé de m’aventurer dans le centre ville interdit aux véhicules. Les rues sont presque toutes piétonnes, mais je trouve l’ambiance et le contexte trop anormal pour s’y sentir bien. Mon récit.
Aujourd’hui je décide d’arpenter la ville interdite aux voitures. Cette situation pas commune est une conséquence des événements tragiques du mois de novembre. Je me dis que le coureur strasbourgeois que je suis se doit de tester cette configuration de centre ville inhabituelle.
Mon point de départ est le Quai Schoepflin. Je passe le barrage policier et militaire qui me permet d’entrer dans la Grande Île et ce sans encombres ni fouilles. J’arpente la périphérie du vieux Strasbourg, à l’intérieur du périmètre de bouclage. Je me dirige vers le quai de Paris. Je choisis de parcourir ma boucle du centre dans le sens anti-horaire, direction les Ponts Couverts. La rue est quasiment déserte, ça change. Seuls quelques bus de la CTS circulent, mais la rue reste globalement vide de tous véhicules à moteur. Je me permets des foulées sur la route, chose impossible en temps normal et j’arrive à la Petite France que je trouve charmante sans aucun véhicule.
Regagner sportivement le centre ville.
D’un point de vue sportif, le cœur de la ville piéton est, je dois l’avouer, très confortable. Ma méfiance naturelle des “chauffards” ou autres cyclistes qui déboulent n’a là plus lieu d’être. Je gagne petit à petit la rue du Vieux Marché aux Poissons. Ça se complique : les rues sont noires de monde, bondées de touristes venus pour les fêtes de Noël qui, avec mon short et mes baskets fluos, me regardent comme une attraction touristique.
Aujourd’hui pas d’odeurs champêtres que je peux rencontrer lorsque je m’entraîne dans le Kochersberg, ni d’odeurs de forêt que je rencontre lorsque je cours sur les sentiers vosgiens, mais des senteurs de vins chauds, choucroutes à emporter, et autres marrons chauds. Après un subtil slalom entre les visiteurs de la ville, je me retrouve à la hauteur de la rue des Veaux à nouveau bien plus isolée.
Fuir l’atmosphère en courant
L’atmosphère est particulière, la situation est particulière, ce chemin de course est particulier. M’entraîner ici me met quelque peu mal à l’aise lorsque je repense aux tragédies qui ont poussé à la mise en place des mesures de bouclages. Mais cela me fait finalement du bien pour me détacher de toutes ces horreurs et je me dis qu’il faut continuer à vivre. Courir dans Strasbourg fait partie de ma vie.
Je boucle la boucle -d’un peu moins de quatre kilomètres – en longeant les quais de l’Ill dans un silence inhabituel, perturbant, à la limite du pesant. Courir ici , comme ça, a une saveur très spéciale. Je ne considère par ces rues vides comme un privilège, encore moins une chance mais simplement une triste conséquence et je ne m’y sens pas à l’aise.
D’habitude quand je mets mes baskets aux pieds, je parviens à faire le vide, à décompresser mais ici, je ne parviens pas à me détacher: chacune de mes foulées me remémore trop la raison de cette étrange situation. Ce climat est trop anormal à mon sens : habitué à tirer mes entraînements en longueur, je me contente de cet unique tour et de rentrer chez moi sous le regard des militaires armés mais souriants.
Drôle d’ambiance.
On s'attend à voir, au détour d'une ruelle, surgir Ceaușescu rejoignant Erich Honecker dans une weinstub. C'est un rève, car le 17 décembre 1989, le roumain ne savait pas qu'il allait disparaitre 8 jours plus tard, le jour de Noël. Eric lui, s'est éteint au Chili.
Où s'éteindront nos politiciens quand l'heure des comptes viendra.
N'ayons pas peur ; vive la musique ! qui deviendrai ici doublement contestataire : primo une contestation de l'état de "guerre" et secondo ; Daesh n'aime pas la musique et bien on va l'inonder de musique!!
Vous avez vu l'âge de tous ces gamins qui portent tout ce poids de notre protection sur eux ?Dans le tram avant-hier il y avait tout un groupe. Des militaires pas des CRS. Des bleus ...
Ils ont besoin de chansons !
je pensais même ce WE aller au mess et à la Chapelle.
Madame ce sont des gamins !
Alors si vous leur chantiez une chanson de mère ....?
Mais à leur donner le courage de faire leur devoir.
Honneur à eux !
P.S. : Vous avez connu ces fêtes militaires où les soldats ne peuvent pas être dans leur familles ? C'est à leur ministère de garder le morale des troupes. Et je vous garantie si F.H. vient cela ne suffira pas :-)
Pauvre piéton qui traverse le chemin d'un cycliste rue du Vieux-Marché-aux-Grains, rue des Bouchers, dans le Carré d'Or..., et même au marché des producteurs transplanté place de Zurich.
Vive le retour des bagnoles.
Au moins ils auront à faire gaffe!
Sacré dilemme.
Mais calmez vous ! N'y a-t-il pas plus grave dans la vie qu'un article que VOUS ne jugez pas utile?
Faut-il sans cesse tout juger et tout le monde??
A bon entendeur salut!
Ne nous imposez pas votre cyber-dictature, merci.
Moi qui utilise alternativement tous les modes de déplacement, je peux vous affirmer qu'un gentleman reste un gentleman, et qu'un gougnafier reste un gougnafier, qu'il marche, coure, pédale ou conduise un véhicule à moteur.
Mais votre petite provocation (si c'en est une) confirme une évolution malheureuse de notre société : nous ne sommes plus en République, où chaque individu aurait les mêmes devoirs et les mêmes droits, notamment le droit à la présomption d'innocence. Nous sommes dans une démocratie d'opinion, où chacun est "pré-jugé" en fonction de, son appartenance réelle ou fantasmée à telle ou telle "catégorie", ou communauté.
En effet, malgré les politiques incitatives, les cyclistes restent une minorité, alors que tout le monde, ou presque, est alternativement piéton ET automobiliste. Ils subissent donc le sort des minorités. Comme les Juifs, les cyclistes sont accusés de bénéficier d'avantages indus. Comme les Noirs, ils sont réduits à leur caractéristique distinctive de minorité. Comme les Roms, ils sont a priori soupçonnés d'intentions délictueuses. Et comme les Arabes, ils sont tous tenus pour responsables, collectivement et individuellement, des agissements répréhensibles de quelques uns d'entre eux.
Bref, le cycliste, c'est l'Autre par excellence ... la preuve ; depuis que la peste blonde a dit que le vélo, c'est pour les bobos, la chasse est ouverte !
NAN SÉRIEUX MEC ??
Article inutile
En général nous sommes désinformés...nous voilà noninformés....
Tout coureur , autant traileur qu'il soit , a le droit de s'aventurer sur du macadam : ouverture d'esprit .
Et puis j'ai eu ce souvenir : Berlin 1966.
Le train qui traverse la "Zone" avec les quais de gares vides. Et seul le bruits des bottes du garde.
Les Vopo qui vous observent avec des jumelles du haut de miradors, avec derrière eux cet autre soldats toujours au téléphone.
Les rues vides bordées de maison inhabitées et grises.
Une voiture noire qui passe de temps en temps tout au fond.
Et puis au pied du Mur là aussi les bouquets de fleurs et les petits mots pour les gens qui avaient tentés la traversée.
Un monde en noir et blanc.
Strasbourg est de ce point de vue juste tombée dans la grisaille.
Ce béret rouge qui a semblé sursauter l'autre avant de se retourner pour me regarder lorsqu'en parlant avec un policier j'ai utilisé le mot "checkpoint".
De la grisaille certes mais comme il est dit dans l'article les odeurs de Noël et sa rumeur aussi.
Rien à voir avec le lourd et pesant couvercle de Berlin en 1966.