

Livre d’Ester du XVIIIème siècle (photo – document remis)
Le Messie des vieux papiers est arrivé. Daphné Buisson, jeune restauratrice d’art, a ouvert son atelier au mois de janvier et redonne vie à tout un patrimoine d’estampes et d’autres arts graphiques. Un service inédit pour les particuliers, une aubaine pour les professionnels.
Daphné Buisson a ouvert l’atelier Empreinte du temps au mois de janvier 2013. Âgée de 26 ans, la jeune restauratrice a vu son initiative aidée par la Région Alsace et la CUS par l’octroi d’une bourse dans le cadre du dispositif « Soutien aux projets innovants des jeunes« . Il faut dire qu’en plus d’être « innovant », le projet de Daphné Buisson est surtout inédit dans la région Alsace : personne à part elle ne propose ses prestations aux particuliers.
Après ses années lycée avec option en Histoire de l’art – matière qu’elle poursuivra encore une année à l’Université de Strasbourg – Daphné Buisson part à Lyon suivre la formation délocalisée de l’Ecole de Condé. Forte de plusieurs stages à Edimbourg, Bastia ou encore Prague, et une fois son Master européen en poche en 2012, la jeune diplômée décide de se lancer de façon indépendante, préférant s’éloigner des ateliers des musées, pour plusieurs raisons :
« Les ateliers propres aux musées, ou les départements d’archives de bibliothèque, tendent à s’amoindrir et font de plus en plus de sous-traitance avec des ateliers privés. Et puis l’activité dans les ateliers comme ceux de bibliothèques ou des Archives, où il faut surtout s’occuper d’anciens documents administratifs, est moins varié. Je préfère la diversité et le contact que je peux avoir avec les particuliers qui sont toujours enthousiastes à l’idée de redonner vie à un héritage ou à un bien acheté. »

Daphné Buisson travaille chez elle faute d’avoir trouvé l’atelier adéquat. (photo NH – Rue89 Strasbourg)
Sa première restauration en tant que professionnelle a été menée sur un feuillet de journal spécialement conçu pour le tournage du film Retour vers le futur. Des estampes anciennes ou encore un luminaire japonais ont suivi. Pour chacune de ces pièces, Daphné Buisson établit un dossier presque médical des interventions faites (compter une quarantaine d’euro pour une petite restauration du type déchirure). Un dossier auquel est joint un bref compte rendu historique qui complète, voire accroît, l’émotion que peuvent porter les particuliers à leur pièce de collection.
« Mon métier, c’est agir sur le présent, en pensant au passé et en anticipant le futur. Mais il y a vraiment un lien particulier avec chaque objet, une curiosité et toujours une empreinte du temps à découvrir. Un couple viennois pour qui j’ai restauré deux gravures d’après Fragonard ne se doutait pas de toute l’histoire que j’ai pu mettre au jour d’après le filigrane du papier. »

Document avant et après restauration (photo – document remis)

La restauration de papier anciens demande minutie et rigueur (photo – document remis)
Daphné Buisson travaille pour les particuliers mais les professionnels, surtout les commerçants, ne sont pas en reste. C’est notamment auprès des bouquinistes et antiquaires que la restauratrice a d’abord évalué l’opportunité qu’il y avait à s’installer à Strasbourg. Le retour fut positif est c’est ainsi que les antiquaires Bastian lui ont confié la restauration de deux éventails du milieu du XVIIIème siècle. Un partenariat est également établi avec Maurice Salmon, relieur d’art à établi à Neudorf.
Être la seule restauratrice de papiers anciens de la région a ses avantages. Face aux restaurateurs parisiens qui ne veulent, ou ne peuvent pas se déplacer, et grâce à un démarchage au bon moment, Daphné Buisson a signé son premier « gros contrat » avec la Bibliothèque municipale d’Épinal. Ce sont 208 affiches datant de la Première guerre mondiale, découvertes fin 2012 lors d’un déménagement des collections du musée, qui occuperont régulièrement l’appartement personnel qui lui sert d’atelier.
En septembre, Daphné Buisson interviendra dans le cadre des Journées européennes de la culture et du patrimoine juifs. Elle y présentera son travail de Master qui concerne deux contrats de mariage juif d’Iran (Ketuboth).
Bien évidemment j’ai pris connaissance avec une grande joie de la venue de la libératrice de tous ces vieux papiers qui n’en finissaient pas de mourir dans notre Alsace chérie.
Je tiens toutefois à rectifier quelque chose qui me semble important pour tous ces amoureux des vieux papiers et surtout ces artistes et artisans qui œuvrent par ici depuis au moins un quart de siècle, mais tu venais tout juste d’habiter ce monde où tu es née…
A savoir que mes amis Anne et Michel Giordan, à Ittenheim, font de la reliure d’Art et de la Restauration pour des grandes institutions à Strasbourg depuis bien avant le jour de ta naissance, que des gens, certes employés d’administrations diverses, s’échinent à suivre des formations, trouver le bon matériel pour les justes besoins et pour un travail de restauration qui ne trahit nullement les directives des Archives de France ni celles de la BNF.
A ce propos, j’en profite pour saluer mes sympathiques collègues de la BNUS et la toute jeune recrue de A.D de Strasbourg.
Il est vrai que nous ne travaillons nullement pour la clientèle privée mais nous ne manquons jamais d’être présents pour nos journées du Patrimoine, les visites et multiples sollicitations de gens intéressés par notre métier de relieur et de restaurateur et nous savons les orienter s’ils en font la demande.
Je prends bonne note de ta démarche professionnelle et je te souhaite bien évidemment tout le succès.
Un petit conseil toutefois, respecte l’éthique et l’humilité et ainsi tu auras une carrière plus épanouie qu’une autre restauratrice (E.Kessel) qui ne s’est attardée par ici que quelques années ( tu vois, tu n’es vraiment pas la première !!) et continue tes formations et recherches pour faire le meilleur boulot comme je sais que aimes le faire.
Bien cordialement
Bernard
En effet, l'article est très catégorique. C'est là bien le problème des médias. Ne vous méprenez pas. Au lieu de "unique restauratrice arts graphiques en Alsace", l'article aurait du dire "un métier peu représenté" en privé en Alsace, ou tout du moins à Strasbourg.
Il y a en effet, de nombreux ateliers privés de reliures sur Strasbourg ainsi que la région Alsace et Lorraine. L'Atelier empreinte du temps ne traite pas du livre mais bien des Arts Graphiques et Documents Anciens. Il parle d'un atelier basé à Strasbourg sans nié la présence d'autres ateliers aux alentours ou à Nancy tel que vous l'avez relevé. J'ai tout le respect pour cet atelier. En effet, comme nous le savons tous, les ateliers privés sont fort mobiles et chacun travail pour des chantiers sur un large rayon. L'article parle seulement d'atelier privé basé à Strasbourg, ne niant pas la présence d'ateliers en Institutions (BNUS, Archives, etc) qui sont en effet nombreux sur la région. Je ne visais pas du tout les Archives ou ne jugeais pas le travail effectué dans ses institutions. Les collections sont variées et je suis bien consciente de la qualité du travail de l'équipe de la BNUS (Françoise, Caroline, Isabelle, Anne...etc) ainsi que le travail fournie par Bernard Santoni. Il est d'ailleurs important que nous restions tous connecté les uns les autres, privés comme publics pour dialoguer et échanger, comme notre cheminement est le même: conserver un patrimoine individuelle et collectif qui nous appartient à tous.
Le travail en atelier privé ou public est différent par la masse qu'il représente. En Archives, ce sont parfois des séries et donc un travail en masse. Je préfère simplement le contact avec une clientèle diversifiée comme je le soulignais. Bien entendu le travail effectué en institution et tout aussi intéressant, entre recherches, découvertes, expositions à thématiques passionnantes et nécessité de liberté de consultation des documents. Chaque institutions ou atelier à son intérêt. Il y a malheureusement peu de place en Atelier publique, au vu du nombre que nous sommes et nous sommes forcés d'admettre qu'il y a aussi une demande de la part des particuliers et antiquaires. Je m'excuse si cet article donne l'impression d'une vision péjorative des Ateliers Publiques. Ce n'est pas la portée qu'il devait prendre. Nous pratiquons le même métier, seule les conditions sont différentes.
Non cet atelier n'est pas le seul à restaurer les arts graphiques à Strasbourg, comme il y a plusieurs ateliers publics dans le secteur. Cependant, les antiquaires, particuliers, encadreurs et autres institutions (Bibliothèque du Crédit Mutuel) étaient apparemment en attente d'un privé à Strasbourg pour répondre à leur besoin en conservation.
En espérant avoir apaisé et écarté toutes malveillances semblant ressortir cet article, je vous remercie pour votre commentaire qui me permet d’éviter les malentendus ressortant de cette publication.
Avec ton mon respect,
Daphné Buisson
Merci pour vos précisions; mes remarques ne concernent pas votre projet de carrière, que je vous souhaite longue, et qui sera j'en suis sûr riche en rencontres et en découvertes. Néanmoins, au niveau de la forme, plusieurs choses m'interpellent dans cet article, et c'est pourquoi je prends le temps de répondre aux précisions apportées par vos soins et ceux de Monsieur Hecquet.
Tout d'abord, il relève selon moi du domaine du publireportage, ce qui n'est pas en problème en soi, mais qui détonne dans les colonnes du Rue 89 Strasbourg. Un article transversal sur cette profession dans sa diversité, qui mentionnerait par ailleurs l'installation récente d'une jeune restauratrice, m'aurait paru plus riche.
Par ailleurs, sans vouloir vous faire offense, être présentée d'entrée de jeu comme le Messie n'est selon moi pas un cadeau, surtout si comme l'indique l'article vous vous lancez dans le grand bain, et avez, comme toute personne qui débute, tout à prouver.
Je rejoins pour finir votre position sur la distinction atelier public/privé, qui n'a à mon avis pas vraiment de raison d'être, dans la mesure où de nombreux privés travaillent (ou y aspirent) en partie pour des collectivités par le biais de marchés publics.
Toujours est-il que je vous souhaite sincèrement beaucoup de réussite, et je me réjouis de la lumière que votre installation peut apporter au domaine des arts graphiques et de leur préservation.
Bien à vous
La Bnu dispose également d'un atelier (présenté ici : http://www.bnu.fr/organisation/la-direction-du-patrimoine-et-de-la-conservation/atelier-de-restauration), et dans le domaine du privé, plusieurs restaurateurs sont présents, comme la restauratrice de l'atelier Lapage, certes basé à Nancy, mais qui vient régulièrement à Strasbourg ou en Alsace réaliser des chantiers de conservations-restaurations.
Votre article a néanmoins l'intérêt de mettre en lumière cette profession méconnue et passionnante.
Pour les autres restaurateurs effectivement plus nombreux (reliure, enluminure...), vous pourrez en trouver sur l'annuaire Mouvart : http://www.mouvart.com//main.php?id_region=2&n=10&p=guide&type=region&s=0