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Deux familles sans-abris relogées dans un bâtiment municipal après l’occupation d’une école

Après trois heures d’occupation de l’école élémentaire des Romains, dans le quartier de Koenigshoffen à Strasbourg, deux familles sans-abris ont été relogées dans un bâtiment de la Ville de Strasbourg, jusqu’au 31 mars.

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école élémentaire des romains
À l’école élémentaire des Romains, la mobilisations d’une association et de parents d’élèves a permis de trouver un logement temporaire à deux familles sans abris.

La satisfaction est partielle pour Cécilia Quintiliani, porte-parole du collectif Pas d’enfant à la rue, qui avait annoncé l’occupation de l’école des Romains, mercredi 29 novembre. L’objectif était de loger deux familles sans-abris dont les enfants sont scolarisés dans cet établissement. Finalement, la Ville de Strasbourg leur a trouvé une solution d’hébergement. « Jusqu’au 31 mars, elles pourront habiter un appartement chacune », précise Cécilia Quintiliani.

Un hébergement trouvé en trois heures

En tout, six enfants seront donc à mis l’abri pour l’hiver. Certains d’entre eux dormaient sous une tente depuis cinq mois. Portée par le collectif et l’association de parents des élèves indépendants de l’école des Romains, l’occupation s’est déroulée entre midi et 15h30. « Des élus sont venus pour trouver une solution, comme lors des occupations précédentes », explique Cécilia Quintiliani, faisant référence à l’école de la Ziegelau notamment – où une solution temporaire d’hébergement par une association avait été proposée à une mère et ses enfants en juin.

Pour la première fois cependant, la solution trouvée pour sortir ces deux familles de la rue est un relogement, temporaire, dans un bâtiment appartenant à la Ville de Strasbourg. « Nous avons pu proposer cela grâce à l’association Les petites roues, qui se porte garante », explique Floriane Varieras, adjointe à la maire en charge des solidarités.

Un bâtiment de logements du quartier de Koenigshoffen, dont la Ville est propriétaire, abritera jusqu’au 31 mars 2023 les deux familles, dans deux appartements de 100 mètres carrés. L’association Les petites roues est signataire d’une « convention d’occupation temporaire du domaine public » avec la Ville et payera 75 euros par mois et par logement. « Je viens de souscrire à une assurance habitation pour pouvoir signer la convention », explique Sabine Carriou, présidente de l’association.

Une solution exceptionnelle

« C’est la première fois que nous procédons comme ça », poursuit-elle. Habituellement, l’association fait appel aux dons pour pouvoir payer quelques nuits d’hôtels aux personnes vulnérables qui ne sont pas prises en charge lorsqu’elles demandent un hébergement d’urgence en appelant le 115.

« La solution trouvée cette fois-ci est exceptionnelle et nous permet d’absorber ces deux cas », expose Floriane Varieras, « mais ma satisfaction est modérée », expliquant que les précédents locataires des logements qui seront rénovés et dans lesquels les familles sont relogées venaient tout juste de partir :

« C’est très bien pour les deux familles qui dormiront au chaud dès ce soir, mais dès qu’on dé-zoom un peu, la situation est tragique. La semaine du 20 novembre, la maraude du Service d’accueil a rencontré 192 personnes personnes sans-abri et 50 enfants. Et c’est un chiffre plancher car il ne prend pas en compte toutes les personnes qu’elle n’a pas rencontré. »

Floriane Varieras, adjointe municipale en charge des solidarités

En juin, une enquête de Rue89 Strasbourg estimait à au moins 35 les signalements effectués auprès du rectorat par les chefs d’établissements scolaires relatifs au sans-abrisme de leurs élèves. « Ce serait bien qu’on ne soit pas à chaque fois réduits à occuper une école pour que les enfants à la rue bénéficient d’un hébergement », tranche Cécilia Quintiliani.

Appel à ouvrir les gymnases

Pour Floriane Varieras, il est temps que la préfecture décrète le plan « Grand Froid » et ouvre conséquemment des gymnases pour mettre au chaud celles et ceux qui dorment dehors, enfants et adultes inclus : « J’ai l’impression que chaque semaine sont battus les records de personnes à la rue et que le gouvernement ne prend pas la mesure du problème. »

Quant aux discussions entre Ville et préfecture – cette dernière est responsable de l’hébergement d’urgence -, Floriane Varieras explique qu’elles existent. « Mais eux aussi travaillent à moyens constants, ils n’ont pas plus d’argent du gouvernement alors que la demande augmente », explique-t-elle.

Pour le moment, Floriane Varieras assure que la solution de louer à des familles sans-abri des appartements qui appartiennent à la Ville, via des associations, « n’est pas systématisable », ces appartements étant très rarement disponibles.


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