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Devant la mairie, une manifestation pour héberger les sans-abris du camp de l’Étoile

Les sans-abris qui occupent les tentes place de l’Étoile se sont rassemblés devant les portes du centre administratif pour demander un entretien avec un élu. Marie-Dominique Dreyssé, vice-présidente de l’Eurométropole, a seulement évoqué des négociations en cours avec la préfecture. Le feu d’artifice du 14 juillet est censé être tiré depuis la place. Reportage.

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Devant la mairie, une manifestation pour héberger les sans-abris du camp de l’Étoile

Une cinquantaine d’habitants du camp de l’Étoile, où vivent près de 70 demandeurs d’asile au total, avancent vers les portes du centre administratif. Ils sont accompagnés de militants du collectif D’ailleurs nous sommes d’ici. Lundi 11 juillet, aux alentours de 9h30, ils viennent réclamer un hébergement d’urgence devant la mairie. Depuis plus de deux mois, ils dorment sous des tentes sans trouver de logement, alors que certains appellent le 115 tous les jours.

Vers 9h30, les sans-abris se sont avancés en direction des portes du centre administratif. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Des policiers municipaux bloquent le passage. « J’ai pas maison », déclare Kilkhallo, du haut de ses sept ans. Il traduit ce que disent ses parents : « Nous venons de Syrie. Cette situation ne peut plus durer. Nous ne pouvons rien faire, nous ne savons pas ce qui va nous arriver. C’est dangereux dehors. » Les demandeurs d’asile réclament une discussion avec un élu de la Ville.

Kilkhallo et sa famille viennent de Syrie. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Les policiers installent de petites barrières et invitent les manifestants à s’éloigner. L’accès au centre administratif est bloqué au public du fait de leur présence. « De quoi ont-ils peur ? », ironise une militante.

Les policiers municipaux ont installé en urgence un barrage devant le centre administratif, à l’arrivée des manifestants. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

« Nous négocions avec la préfecture »

C’est Marie-Dominique Dreyssé (EELV), vice-présidente de l’Eurométropole en charge des solidarités, qui s’y colle. Elle prend d’abord la parole devant le rassemblement :

« Nous sommes en négociation avec la préfecture pour trouver une solution. C’est l’État qui est en charge de l’hébergement d’urgence. »

En effet, c’est l’État qui est en charge de mettre à l’abri, de manière inconditionnelle, toute personne en détresse qui le demande. Mais cette réponse est loin de satisfaire l’auditoire. « Et la réquisition des logements vides ? Ça vous pouvez le faire. Il faut une solution, cette situation est dramatique », lance un militant, qui attend « plus de radicalité » de la part de la Ville. Céline Geissmann, conseillère municipale du parti socialiste, interpelle Marie-Dominique Dreyssé :

« Vous connaissez la situation depuis plusieurs mois et maintenant vous n’avez pas été capable de trouver une solution ! »

Marie-Dominique Dreyssé rappelle que 400 places ont déjà été créées par la Ville, et qu’une centaine le seront encore avant la fin du mandat. Elle promet que les négociations sont vigoureuses avec la préfecture : « Nous voulons que l’État assume sa responsabilité. Nous ne pouvons l’assumer avec notre budget, qui est prévu pour d’autres choses. »

Céline Geissmann (au milieu), élue socialiste, a interpellé Marie-Dominique Dreyssé. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

L’ultimatum du feu d’artifice

Certains voient la présence de Céline Geissmann d’un mauvais œil. Maxime (prénom modifié), souligne : « Quand les socialistes étaient aux manettes lors des mandats précédents, ce n’était pas mieux. » Sur la non-installation de sanitaires et d’un accès à l’eau dédiés, qui relèvent de la municipalité, Marie-Dominique Dreyssé répond qu’il est « complexe de mettre en place ces dispositifs car cela donne l’impression que le camp est pérenne, alors qu’on veut justement que l’État trouve des solutions rapidement ».

Vers 10h, une délégation d’habitants du camp est désignée pour discuter avec la vice-présidente de l’Eurométropole. Il s’agit de Kristina, Tchétchène, Seda et Fikri, Macédoniens, et Kamran, Afghan. Emmanuel Fernandes, nouveau député La France insoumise de la deuxième circonscription du Bas-Rhin, assiste à cette discussion très politique. Il glisse : « Il ne peut pas il y avoir de démantèlement s’il n’y a pas d’hébergement. » La Ville doit composer avec une échéance qui la concerne sur cette place. Le feu d’artifice du 14 juillet doit être tiré depuis la place de l’Étoile et le matériel doit être installé la veille.

Un gymnase dans l’urgence avant une solution plus pérenne ?

La réunion se tient à l’écart du rassemblement, dans le parking du centre administratif. Le reste des manifestants s’éloignent et se dispersent petit à petit aux alentours. Ramdane, habitant sur le camp, s’adresse à Marie-Dominique Dreyssé : « Les policiers municipaux nous ont dit (le 8 juillet, NDLR) qu’on devait dégager avant le 12 juillet sinon ils utiliseraient la force. » « Il y a certainement eu une maladresse, il n’est aucunement question d’une évacuation par la force », rassure la vice-présidente. Elle ajoute : « Si rien ne bouge, il n’y aura pas de feu d’artifice, c’est simple. » « Et que va t-il se passer alors ? », demandent Kamran et Seda. « Je ne sais pas précisément », répète Marie-Dominique Dreyssé.

Kamran demande à Marie-Dominique Dreyssé pourquoi les habitants du camp ont été menacés d’une évacuation par la force par la police municipale. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

La discussion avec la vice-présidente en charge des solidarités se termine au bout de dix minutes. Les ambassadeurs du camp rejoignent leurs voisins. « Il est possible que les demandeurs d’asile soient dirigés vers un gymnase le temps de trouver une solution pérenne », concède Marie-Dominique Dreyssé. À quelques mètres, sur le trottoir, Sajbe, 18 ans, est assise entre sa mère et son père. Les yeux rouges à cause de la fatigue et de l’émotion, elle regrette de ne toujours pas savoir ce qui va advenir.


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