![[Photos] On a visité les Bains municipaux. La partie belle et la partie moche](https://www.rue89strasbourg.com/wp-content/uploads/2015/06/20150618_104605-770x340.jpg)
Diaporama – Visite des Bains municipaux de Strasbourg, à la piscine de la Victoire. La reconversion d’une partie du site cristallise les passions.
Jamais rénovés ou presque, les Bains municipaux sont devenus l’un des gros dossiers du mandat. Le bâtiment construit en 1908 est classé à l’inventaire du patrimoine historique. La piscine de la Victoire, sur le boulevard du même nom, appartient à la Ville de Strasbourg. Elle héberge deux bassins, mais aussi des douches publiques et des bains romains, c’est à dire des saunas, hammams et bains d’eau chaude.
Au fur et à mesure, plusieurs activités ont été fermées, sans qu’elles soient remplacées. En particulier, les bains de boues, les bains pour chiens, ou de nombreuses douches qui ont été condamnées, depuis que les salles de bains dans les appartements sont la norme. Aujourd’hui, près de la moitié de la surface, soit 5 000m², est inutilisée. Et la rénovation urge. La piscine ne compte même pas de pédiluve pour les pieds. Une partie du matériel est d’origine.
La piscine et quelques douches continuent, le reste…
Sauf que voilà, tous ces travaux vont avoir un coût et l’argent manque, surtout depuis que l’État a réduit ses financements. Les services de la Ville ont estimés de 30 à 40 millions d’euros le coût de la rénovation totale. Malgré des demandes répétées, ces travaux n’ont pas été publiés, car selon le Ville, certaines entreprises ne doivent pas être nommées à ce stade. L’adjoint en charge du dossier, Olivier Bitz assure qu’il travaille à ce que ces témoignages soient anonymisés pour publier cette étude.
Le conseil municipal du lundi 22 juin doit confier à la Société publique locale (SPL) des Deux-Rives, qui s’occupe normalement de l’aménagement du quartier éponyme, le traitement du dossier. La société qui appartient à la Ville et l’Eurométropole devra rédiger une nouvelle étude pour estimer plus précisément les coûts et identifier des entreprises qui pourraient occuper les lieux actuellement vides.
Olivier Bitz explique la démarche :
« Le recours à la SPL n’est pas pour cacher quoi que ce soit, mais parce qu’elle pourra mieux identifier les sociétés qui pourront intervenir dans ce lieu. C’est son domaine d’expertise. La SPL appartient à 100% à la collectivité et le maire Roland Ries est en le président. Nous voulons un vrai débat public et non qu’il soit monopolisé par une minorité. Il se déroulera à l’automne et ce qui en ressort sera intégré à l’étude, prévue pour décembre. La gestion d’une partie des lieux pourra être confiée à des société privées ou issues de l’économie sociale et solidaire. Il n’est pas question de privatiser le lieu, il nous appartiendra toujours. À ce stade, il est prématuré de dire ce qui se passera dans les emplacements inoccupés. »
Utiliser la cour arrière, supprimer la chaufferie
En échange de pouvoir vendre des prestations dans les Bains municipaux, les sociétés devront participer à sa rénovation. Un effort hors de portée de petites structures de l’économie sociale et solidaire, mais accessible aux plus solides, comme la Mutualité française. Si les arbitrages se feront lors de l’étude, la volonté des élus est connue. L’étude sera assortie d’une charte qui délimite l’avenir du site.
La piscine doit continuer à exister et son accès devra être proposé au même tarif que ceux des autres établissements de Strasbourg. Quelques douches aussi, pour ceux qui ne peuvent se laver chez eux ou qui sont sans domicile. Pour le reste, la charte indique que le lieu accueillera « des activités notamment liées à la balnéothérapie, à la détente, au domaine paramédical et à la restauration ». Les élus souhaitent que la collectivité n’assure plus directement la charge des bains romains, peu économe en énergie. Ils estiment que cela ne relève pas des missions du service public. La responsable du site Chantal Séguin fait valoir qu’une société pourrait ajouter des services de massages comme autrefois, ce que les fonctionnaires ne sont pas autorisés à faire.
Le collectif « La Victoire pour tous » mobilisé
Pour les locaux inutilisés, il faudra trouver un prestataire qui souhaite investir ces espaces. À l’étage, les praticiens privés qui proposent des activités sportives de rééducation sans lien avec l’eau pourraient déménager. La cour à l’arrière de bâtiment, qui peut accueillir jusqu’à 48 voitures et actuellement utilisée par des agents, devrait être convertie en piscine extérieure ou une autre activité de loisir stipulée par la charte. Enfin, la piscine pourrait être raccordée au réseau de chaleur de l’Esplanade pour se débarrasser de la chaufferie à vapeur, qui occupe une salle de la taille d’un terrain de tennis, à côté de la cour-parking.
Mobilisé sur le sujet, le collectif « La Victoire pour tous » craint qu’avec une sous-traitance, les plus modestes ne puissent accéder aux Bains romains. L’entrée est actuellement au prix de 15 euros. Tous les jeudis à 18h30 qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, le collectif organise à un apéro sur les marches pour garder les Bains dans le domaine public.
En attendant de nouvelles bisbilles autour du dossier, Rue89 Strasbourg vous propose de voir de quoi on parle
- Le grand bain, ancienne piscine pour hommes
- Une des nombreuses douches publiques inutilisée
- Le grand bain, vu de haut.
- Un élégant crachoir, classé.
- La piscine sert notamment au programme sport sur ordonnance
- Les cabines en bois pour se changer et accéder directement à la piscine.
- Un vestiaire avant les bains chauds.
- Les vestiaires des bains chauds, où l’on se baigne nu.
- Un bain romain à 37°, qu’il faut vider tous les soirs.
- Les douches fraîches à 21°, après le bain chaud. Pas très économe en eau.
- L’espace de bains chauds/froids, d’origine.
- Un bain romain à 41°
- Un bain à 41°
- Le sauna, de l’air très chaud et très sec
- Une pièce à 75° (pfiou !)
- Le petit bain, ancienne piscine pour femmes
- L’ancienne buanderie sert de salle pour le personnel
- Le linge prêté au sauna, hammam par mesure d’hygiène et pour les SDF aux douches
- Un bureau dans l’ancienne buanderie
- Une baignoire publique encore en activité. Le dessous est d’origine, le dessus rénové.
- Historiquement, les bains proposaient des massages à la sortie de la baignade, mais les fonctionnaires ne sont en fait pas autorisés à de telles manipulations
- Un bain à haute température. (photo JFG / Rue89 Strasbourg)
- Le hammam, de l’air chaud et humide.
- D’autres locaux inutilisés
- D’anciens locaux servent de réserve de matériel
- Une autre baignoire désaffectée qui sert à entreposer du matériel
- La tuyauterie est d’origine
- La salle des machines fonctionne encore.
- L’extérieur de la chaufferie est classée au patrimoine supplémentaire des monuments historiques
- Heureusement, la tuyauterie n’est pas classée
- Une cour derrière la piscine où des agents de la Ville de Strasbourg peuvent se garer
- La tuyauterie
- Les anciens bains de boue
- Des activités de rééducation sportive louée dans les étages et sans contact avec l’eau
- Une salle loué à des kinés.
- Une autre salle de douche fermée.
- La façade des bains municipaux, classée au patrimoine historique
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : Bains municipaux, Olivier Bitz chargé de déminer le dossier
Sur Rue89 Strasbourg : tous nos articles sur les Bains municipaux
Et pourquoi ces entreprises ne doivent-elles pas être nommées ? Qu'ont-elles à cacher ? Bonjour la transparence ! Des publications "anonymisées"... On croit rêver !
Y-a-t-il eu des travaux ou plus probablement des études ? Dans ce cas les entreprises, la collectivité et la SPL n'ont rien à cacher.
Si c'est le cas, elles risquent de perdre les recours contre les attributions à venir.
Y-a-t-il des travaux prévus ? Dans ce cas la procédure des marchés publics indique précisément à quel moment doivent être rendues publiques les décisions d'attribution qu'elles soient le fait de la collectivité ou de la SPL.
En tout état de cause, je suggère à nos élus de faire vérifier les assurances pour éviter une situation comparable à celle du PAPS-PCPI.
Leur(s) résultat(s) par contre appartien(nen)t au commanditaire (la Ville) qui est libre de les rendre ou pas pour tout ou partie public(s).
Vu cet échange, il serait utile de compléter l'écriture du paragraphe :
"Malgré des demandes répétées, ces travaux n’ont pas été publiés, car selon le Ville, certaines entreprises ne doivent pas être nommées à ce stade. L’adjoint en charge du dossier, Olivier Bitz assure qu’il travaille à ce que ces témoignages soient anonymisés pour publier cette étude."
A défaut de réponse, peut être que l'une ou l'autre association engagée pour le respect des lois et de la transparence des décisions publiques se saisirait de cette situation et questionnerait l'élu ?
Pour autant le lieu et ses fonctions constituent un atout indéniable pour l'Eurométropole, la Ville et le quartier.
M. Bitz propose un débat public à l'automne. Il sera utile que les modèles économiques envisagés pour réhabiliter puis exploiter ces lieux soient présentés.
L'entrée actuelle au prix de 15 € ne permet pas l'accès pour tous et notre collectivité sait établir les tarifications en tenant compte des quotients familiaux pour établir le niveau d'effort de chacun au regard de son revenu. Dans le cas de figure présent, il conviendra de s'assurer de l'encadrement de l'exploitant dans a prise de bénéfice par des règles similaires.
Pourquoi il n’y a que les Bains qui « coûtent cher » et menacent les poches du contribuable ?
Le million d’euros déjà dépensé en « études » – et voila que l’on veut en remettre une couche – ne pèsent peut-être pas pour le contribuable ??
Pourquoi accepte-t-on si facilement de dire que, pour les Bains, et bien, il faut faire appel au privé ???
Des 3 équipements auxquels vous faîtes référence (seul le Palais des congrès peut être considéré comme centres de profit. Cependant comme les deux autres équipements il ne peut pas être bénéficiaire. Par ailleurs, je comprends vue son importance stratégique en termes de tourisme d'affaire que la collectivité souhaite le garder directement dans son giron.
A contrario, les bains semblent pouvoir devenir un centre de profit bénéficiaire.
La crise des finances publiques oblige de tenir compte de cette situation. Dans le cas des bains, elle permet d'envisager substituer à la dépense publique, aux frais du contribuable, la remise en état par un opérateur privé moyennant sa rémunération dans le cadre d'une exploitation concédée.
Plutôt que de ferrailler sur les modalités de prise en charge de l'investissement en partant de l'a-priori que tout ce qui vient du privé est mauvais, je préfère proposer la définition d'un modèle économique d'exploitation qui permette au plus grand nombre d'accéder aux lieux et à l'entreprise d'atteindre ses objectifs.
C'est aujourd'hui de mon point de vue le meilleur sens à donner à l'utilité publique. J'attends du rendez-vous d'automne qu'il permette ce travail.