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[Reportée] Discussion sur la place de la violence dans les luttes féministes avec l’autrice Irene au Molodoï
Autrice de l’essai La Terreur féministe, qui revient sur la question de la violence et de la radicalité féministe, Irene – prononcer Iréné – sera l’invitée de l’Action antifasciste Strasbourg au Molodoï. La conférence, initialement prévue lundi 20 mars, est reportée.
« Le féminisme n’a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours », assure la journaliste, écrivaine et militante Benoite Groult. Ces mots font aujourd’hui figure de totem pour nombre de féministes et gravent dans les esprits l’idée d’une lutte profondément pacifiste. Dans La Terreur féministe, petit éloge du féministe extrémiste, l’autrice Irene interroge ce présupposé :
« Le féminisme n’a-t-il vraiment jamais tué personne ? […] faut-il brandir cette non-violence supposée comme une valeur suprême ? Devons nous perdre du temps à montrer patte blanche et tenter de convaincre le monde de notre gentillesse et de notre inoffensivité ? »
Désireuses « d’organiser un événement dans le cadre du 8 mars », les membres de l’Action antifasciste Strasbourg (Afa) ont choisi de l’inviter pour une rencontre-discussion au sujet de son essai au Molodoï. La date initiale du lundi 20 mars ayant été annulée, cet article sera actualisé dès que le nouveau rendez-vous sera fixé.
Dans La Terreur féministe, l’anarcho-féministe sort de l’oubli des femmes « ayant pris les mesures les plus radicales pour survivre au système patriarcal ». Elle y convoque notamment l’histoire de sa grand-mère, victime de violences conjugales, mais aussi celle d’Ana Orantes, sexagénaire espagnole brûlée vive par son ex-mari après avoir osé témoigner des violences qu’il lui avait fait subir, de Maria Del Carmen Garcia, ayant immolé par le feu le violeur de sa fille ou de Noura Hussein, jeune soudanaise ayant poignardé l’homme auquel elle avait été mariée de force et qui l’avait violée. Des « faits-divers » ayant marqué l’actualité des pays où ils se sont produits, et l’opinion. Entraînant, parfois, des changements de législation.
« Nous nous posons régulièrement la question de notre rapport à la violence »
Au fil des pages, Irene interroge la violence comme outil de lutte politique. Et conclut à la nécessité de l’intégrer à la palette des moyens d’actions militants. « À travers son travail, ses livres – l’autrice a également écrit Hilaria, sur l’histoire de son aïeule basque espagnole et socialiste, NDLR – elle traite de thèmes qui nous parlent énormément en tant qu’organisation antifasciste », expose Louise, membre du collectif antifasciste :
« L’Afa est une organisation mixte au sein de laquelle il y a des femmes, et nous nous posons régulièrement la question de notre rapport à la violence. »
« Dans les représentations que l’on en a aujourd’hui, la violence, c’est mal. Mais c’est aussi viril, cela touche à la masculinité, poursuit Louise. Il y a cette idée que c’est un truc avec lequel les mecs sont à l’aise, contrairement aux femmes. Alors que pas du tout. Plein de femmes s’en sont saisie dans l’Histoire et s’en saisissent encore aujourd’hui. Ce n’est pas juste une thématique de mecs. »
Au travers des échanges, la rencontre vise aussi à interroger l’utilisation de la violence dans un cadre militant. « L’idée, ce n’est pas de prôner son usage à tout prix. Mais de pouvoir ouvrir la parole autour de cette question. De comprendre pourquoi certains et certaines y ont recours. On le voit lorsqu’il y a une manifestation, un blocage, des dégradations. Les gens ont du mal à se questionner sur pourquoi des personnes vont utiliser ce moyen d’action là et pas un autre. C’est intéressant que l’on puisse en discuter collectivement. »
"Le travail masculin de guérison relationnelle, qui consiste à renouer des liens, à construire l' intimité et à faire communauté, est une tâche impossible si l'on est seul.
Dans un monde où les garçons et les hommes s'égarent quotidiennement, nous devons mettre en place des guides, des panneaux de signalisation, de nouveaux chemins.
Une culture de la guérison qui donne aux hommes les moyens de changer est en train de naître.
On ne peut pas guérir dans l'isolement.
Les hommes qui aiment et les hommes qui ASPIRENT à aimer le savent.
Nous devons ( nous les femmes) nous tenir à leurs côtés, le coeur et les bras ouverts.
Nous devons être prêt-es à les prendre dans nos bras, à leur offrir un amour qui puisse abriter leurs esprits blessés le temps qu'ils trouvent le chemin du retour , le temps qu'ils exercent leur volonté de changer"
La Volonté de Changer. Les hommes, la masculinité et l'amour.
Bell Hooks, 2004 ( 2021 pour la version française). p 226"
Elle vient de mourir le 15 décembre 2021...
Un signalement si vous permettez pour contribuer à ce débat crucial.
J'étais comme à l'habitude à la manif du 7 mars contre la réforme des retraites en djellaba , keffieh palestinien et Judenhut et scandais des slogans au mégaphone dont :
"Les femmes dans la rue
Les hommes à la cuisine
Egalité des salaires "
mais à un moment , malencontreusement, j'ai inversé la logique ( làs d'être confiné à la cuisine en tant que " cisgenre" )
et j'ai dû dire une seule fois " les femmes à la cuisine" ( ce qui n'est pas une fatalité)
et là ont surgi 1, 2, 3- 4 militants possiblement LGBTIQ qui m'ont arraché le mégaphone , m'ont fait part brutalement de leur réprobation et m'ont piqué le mégaphone pour disparaître dans la foule sans autre forme de procès.
Si chaque lapsus doit se "payer" , nous sommes mal barrés collectivement...
Je voulais vous signaler cet évènement car je me suis senti tout d'un coup vieux
mais surtout l'objet d'un jugement hâtif et d'un procès sans défenseur et à l'emporte-pièce qui traduit aussi la radicalité ( aveugle) de certains militants qui n'incarnent pas nécessairement , à ce moment-là, le modèle de solidarité dans les combats sociaux.
Je peux comprendre ( et soutenir) la colère et l'impératif d'un engagement mais les coups peuvent alors se donner à l'aveugle.
D'autant plus que ces militants se sont clairement trompés d'ennemis pour le coup....sauf à stigmatiser et à essentialiser "les vieux" et les cisgenres?
Que fait-on des " dommages collatéraux" ? et de leurs victimes ?
Merci de m'avoir lu.
En adelphité
Je suis vraiment désolée de ce qui vous est arrivé.
Ce genre d'agression sans discernement, de la part de manifestants n'est pas acceptable et mérite d'être relevé.
Ils ne vous connaissaient visiblement pas ... grand bien leur ferait de se renseigner sur vous et toutes vos actions militantes en faveur des plus précaires !
La violence, tant physique que morale, est, de fait, la pratique de cette minorité qui se désigne d'elle-même sous l'étiquette "LGBTIQ".
Heureux que, dans votre malheur, vous en ayiez vécu l'expérience. D'autres la vivent à d'autres occasions, ne serait-ce que par les exclusions de fait lors des réunions qui se prétendent "à mixité choisie", oxymore qui cache très mal la violence de fait de l'exclusion de la moitié de l'humanité (excusez du peu) à des réunions prétendues "mixtes".