Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Entzheim se repositionne comme un aéroport « low cost »

Face à la dégringolade d’Air France et des autres compagnies nationales, l’aéroport de Strasbourg a été contraint de se repositionner. Après avoir opéré une vaste opération de séduction auprès des compagnies low cost, le nombre de passagers en partance d’Entzheim est reparti à la hausse. Mais il reste à placer SXB dans les réflexes des Alsaciens voyageurs. Et ça, c’est loin d’être gagné.

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Volotea va rejoindre Air France/HOP! en résidence à l'aéroport de Strasbourg. (BR/Rue89 Strasbourg)

Un Bombardier CRJ1000 de BritAir à Entzheim (Photo Fabien Mu / FlickR / cc)
Un Bombardier CRJ1000 de BritAir à Entzheim (Photo Fabien Mu / FlickR / cc)

Clairement, l’aéroport de Strasbourg-Entzheim souffre d’une mauvaise réputation. Sur les réseaux sociaux, les commentaires sont éloquents :

« C’est souvent des horaires à la con au départ de Strasbourg. »

« Les destinations ne font pas rêver… »

« Il y a plus de rotations au Polygone qu’à Entzheim ! »

Probablement parce que depuis sa création en 1955, cet aéroport est resté concentré sur le trafic d’affaires, l’époque bénie des allers-retours Strasbourg-Paris par Air Inter puis Air France. De 1996 à 2006, le trafic oscillait autour des 2 millions de visiteurs par an tandis que les Strasbourgeois ont appris à utiliser pour leurs vacances l’EuroAiport à Saint-Louis, l’AirPark à Baden-Baden, ou l’aéroport de Francfort. Soit là où l’offre est prolifique ou les tarifs intéressants.

À Strasbourg, mis à part l’épisode furtif de Ryanair de novembre 2002 à septembre 2003, aucune compagnie low cost ne s’est implanté à Strasbourg avant 2011. Conséquence de l’arrivée du TGV Est en 2007, le trafic passagers d’Entzheim a chuté pour flirter dangereusement avec la barre fatidique du million d’usagers, seuil en dessous duquel l’aéroport n’est plus viable.

450 heures de vol par an chez Air France, 800 chez Volotea

Pour Carlos Muñoz, le PDG de la jeune compagnie espagnole Volotea (naissance en avril 2012), il faut réinventer le système aéronautique car selon lui :

« Payer 300€ pour une heure de vol, plus personne ne l’accepte. »

Entendez par là réduire l’écart entre salaire et productivité. Là où un pilote Air France vole 450 heures par an, celui de Carlos Muñoz est aux manettes entre 700 et 800 heures. Une réduction de la masse salariale – et du taux horaire – qui a un impact direct sur le prix des billets.

Évidemment, c’est un recul social et les témoignages d’employés de Volotea essorés et mal payés ne sont pas rares. Mais c’est un succès commercial. Depuis juin 2012, Volotea a transporté 230 000 passagers depuis Strasbourg et table sur 325 000 d’ici fin 2015.

Quatre nouvelles lignes: Marseille, Figari, Venise, Olbia

Et pour faire venir une compagnie comme Volotea, les pouvoirs publics ont dû mettre la main au porte-monnaie. Sauver l’aéroport de Strasbourg de la débâcle coûte quand même quelque 9,7 millions d’euros sur trois ans aux collectivités (Ville, CUS, Région, Conseil général) et à la CCI pour baisser la taxe d’aéroport à 5€, contre 11€ en 2011. Sans compter les travaux d’aménagement qui ont permis de relier l’aéroport à la gare SNCF en neuf minutes, un véritable atout.

Alors certes, cette opération séduction a bien fonctionné : Volotea, Vueling, Ryanair, EasyJet, SunExpress et Transavia ont débarqué entre 2012 et 2014. Certes, le nombre de destinations s’est accru avec une quinzaine de nouvelles. L’offre – surtout en été – devient alléchante avec la Corse en direct (Ajaccio, Bastia, Calvi et l’année prochaine Figari), mais aussi Porto, Londres Stansted et Gatwick, Corfou, Marrakech. Palerme aussi. Plus proches, Nantes, Bordeaux, Biarritz, et bientôt Marseille.

Mieux : Volotea a annoncé mardi établir sa troisième base en France à Strasbourg dès le printemps avec deux avions, une cinquantaine de postes et l’ouverture de quatre lignes nouvelles – Marseille, Figari, Venise et Olbia. Jusqu’ici, seule Air France/HOP ! avait élu domicile à Strasbourg avec cinq avions en rotation.

Pour autant, le directeur de l’aéroport, Thomas Dubus, joue la carte de la prudence.

« On avait pris énormément de retard, on le rattrape en marche forcée. »

Pour Londres ? Remember Strasbourg

Et la grève chez Air France, qui aura duré 10 jours, lui fait craindre pour les résultats 2014, après une progression de 8% du trafic en 2013, avec 1,2 millions de passagers. Autre problématique : se rappeler au bon souvenir des Strasbourgeois, comme l’a rappelé le président de la CUS, Robert Herrmann :

« Pour que ça fonctionne, il faut que les Strasbourgeois soient fiers de leur aéroport au lieu de regarder ailleurs. »

Du coup, on a regardé un petit peu l’offre au départ de Strasbourg, parce qu’il faut dire qu’on l’avait un peu oublié cet aéroport jusqu’à tout récemment. Rendez-vous sur www.departstrasbourg.com où l’on attrape un vol de dernière minute pour Londres Gatwick, départ ce vendredi 26 à 12h15 et retour dimanche à 14h35 (ça c’est un peu pourri) pour 131€, avec EasyJet.

Porto, on a dû oublier car le vol du retour le mardi 30 était complet. On s’est aussi laissé tenter par un petit tour à Biarritz pour profiter de l’été indien. Résultat : on nous propose un départ jeudi à 16h20 et un retour lundi à 11h05 pour 259,06€ avec Volotea. Bon, c’est pas donné, donné – on flirte dangereusement avec les 300€ pour une heure de vol critiqué un peu plus haut M. Muñoz – mais c’est du last minute, ce qui n’est pas le fort des low cost, les vols étant vite pleins. Après, si je voulais partir avec Air France, j’en avais pour 300€, avec une escale de 26h20… Ok, y’a encore du boulot !

Ouverture des réservations en novembre

Testée sur Facebook, le nouveau positionnement de l’aéroport de Strasbourg semble rencontrer un certain écho. Ainsi pour Ana, la liaison Porto-Strasbourg de Ryanair a tout bon pour la rapprocher des siens :

« Je vais davantage à Porto grâce à cette nouvelle ligne, c’est plus intéressant niveau prix, surtout hors saison, malgré le coût des bagages. »

Xavier, lui, se demande pourquoi on n’a toujours pas de vol direct pour Barcelone  – c’est vrai ça, tiens ! – ou Naples :

« Je pense surtout que le mal est fait et qu’il va falloir du temps à SXB pour rattraper Bâle ou Baden. »

Marie qui pensait spontanément « Rien ! » de l’aéroport de Strasbourg, s’est prise à consulter l’offre par curiosité :

 « Purée, y’a Figari ! Ça c’est vraiment nouveau et c’est carrément intéressant ! »

On aimerait bien aussi un direct pour Lisbonne, et davantage d’ouverture à l’Est, genre Berlin – Carlos Muñoz y travaille sérieusement, a-t-il dit mardi… Thomas Dubus, lui, nous promet d’autres destinations dans le bassin méditerranéen pour l’année prochaine. Ouverture des réservations en novembre. Racontez-nous vos expériences au départ de Strasbourg.


#aéroport Strasbourg-Entzheim

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