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Éric Schultz va ouvrir une librairie dédiée aux romans policiers

Adjoint au maire de Strasbourg, Éric Schultz va ouvrir une librairie en septembre à Strasbourg. « La Tâche Noire » sera spécialisée dans les romans noirs, « qui sont des vecteurs puissants de critique sociale » selon l’élu écologiste, qui entend bien poursuivre la politique, au sens large, avec cette nouvelle activité.

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Éric Schultz lit au moins un polar chaque semaine, des "vecteurs de critique sociale très puissants" (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)

Plus connu comme adjoint au maire de Strasbourg, en charge de l’état civil, Éric Schultz va ouvrir en septembre une librairie au centre de Strasbourg. Le lieu est encore tenu secret, puisque trouver sa localisation fera l’objet d’une… enquête participative durant l’été. Car cette librairie, appelée « La Tâche Noire, » sera dédiée aux romans policiers. Éric Schultz détaille son projet :

« Contrairement à la littérature jeunesse, aux bandes-dessinées, aux mangas, il n’existait pas à Strasbourg de lieu dédié à la littérature noire. C’est un projet qui me trotte dans la tête depuis deux ans, suite à un séjour en Bretagne où j’ai vu ces nombreuses cafés-librairies qui sont autant de lieux de rencontres et d’échanges. Ça m’a fait réfléchir et puis je cherchais aussi une activité professionnelle à côté de mon mandat. Passionné de romans policiers, j’ai étudié la faisabilité, effectué quelques formations, trouvé un local et voilà. »

Le logo de la future librairie (doc remis)

Le local permettra d’accueillir 8 à 12 personnes au sein d’un espace convivial, il sera possible d’y prendre un café (noir) ou du thé (noir). La décoration, encore en cours de définition, pourrait évoquer une scène de crime et elle arborera une citation de Jean-François Vilar : « le roman noir, parce que c’est la crise, se joue dans un état d’urgence. Il parle du monde, maintenant. Et le monde va vite. Tant pis si nous sommes fatigués. »

De la politique… par d’autres moyens

Engagé au sein du groupe « La Coopérative » au conseil municipal, Éric Schultz n’entend pas mettre fin à la politique, bien au contraire :

« Je fais de la politique depuis 1984, j’ai eu des engagements associatifs, puis des mandats… Avec cette librairie, c’est une continuation logique puisque les romans policiers sont des vecteurs de critique sociale extrêmement puissants. Nous accueillerons beaucoup d’auteurs dans la librairie, les sujets de nos échanges seront évidemment politiques, au sens large. Prenons par exemple le livre de José Bové, “Hold-up à Bruxelles”, construit comme un polar et qui raconte comment les lobbies manœuvrent au sein de l’Union européenne. Quand Didier Daeninckx a écrit “Meurtres pour mémoire” en 1983, personne ne parlait du 17 octobre 1961… Il faut lire Rachid Santaki pour une immersion sans équivalent dans l’univers de la banlieue… Quant à la Coopérative, je reste membre actif de ce groupe, ce sont mes valeurs, mais il est impossible de savoir comment ça va se passer en 2020. »

Éric Schultz lit au moins un polar chaque semaine, des "vecteurs de critique sociale très puissants" (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)
Éric Schultz lit au moins un polar chaque semaine, des « vecteurs de critique sociale très puissants » (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)

S’il reste attentif aux initiatives écologiques, coopératives, son engagement au sein du conseil municipal risque de se réduire un peu, comme le reconnaît l’élu :

« J’irai évidemment au bout de mon mandat et des délégations que m’ont confié le maire en 2014. Mais en 2020, cela fera 12 ans que je suis élu… J’ai toujours pensé que la politique ne devait pas être un métier, les élus doivent pouvoir être issus de la société civile et y retourner, avoir une activité privée à côté de leur mandat, sinon ils sont hors-sol, ils se mettent à courir les mandats sans être en mesure de comprendre correctement les aspirations des citoyens. La librairie sera fermée le lundi, jour des réunions d’adjoints et des conseils municipaux, et ouvrira à 10h, ce qui me permettra de caler mes réunions avant. »

Un pari économique, mais posé et réfléchi

Dès l’ouverture, Éric Schultz prévoit d’embaucher un libraire à mi-temps. Bien que le secteur économique de l’édition et de la librairie soit complexe, très impacté par les distributeurs en ligne comme Amazon, le futur libraire est confiant :

« On a un plan de développement précis et validé par des professionnels, qui connaissent bien le secteur des librairies. Le prix unique du livre protège les libraires indépendants mais c’est évident que quelqu’un qui va chercher le dernier Fred Vargas le trouvera plus vite et plus facilement sur Amazon. Notre force sera une programmation et des propositions issues d’un comité de lecteurs avisés. Au final, les livres que nous allons vendre reposeront sur des connaissances et des ressentis qu’aucun algorithme ne sera jamais en mesure de remplacer. »

Éric Schultz confie posséder entre 800 et 1 000 polars chez lui, et s’astreint à lire « au moins un polar par semaine, plus des blogs d’actualités noires et de généraux sur l’édition. » Peut-être un peu plus depuis quelques temps…


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