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Le campement de sans-abris du Heyritz évacué

Après six mois d’existence, le campement du parc du Heyritz a été évacué par la police mardi 12 août. Environ 200 personnes ont été déplacées.

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Le campement de sans-abris du Heyritz évacué
Des policiers CRS ont installé des barrières et expulsé les journalistes et les associations d’aide du camp pendant l’opération de démantèlement.

Les quelques 200 personnes sans-abri, dont une soixantaine d’enfants, ayant trouvé refuge dans des tentes, sous les arbres du parc du Heyritz, ont été délogées mardi 12 août au petit matin. Six mois après l’apparition des premières tentes dans cet espace coincé entre des jardins familiaux et un bras de l’Ill, les personnes sans-abri ont été orientées vers des bus. Elles devraient être transportées vers un gymnase où sera étudiée leur situation administrative. Dans le cas où elles n’auraient pas de titre de séjour, elles seront orientées vers un centre « d’aide au retour » situé à Bouxwiller. Et en cas de refus, elles se retrouveront à nouveau à la rue.

Le campement abrite autour de 200 personnes dont un tiers d’enfants.Photo : Lucie Dradem / Rue89 Strasbourg / cc

Un circuit administratif bien rôdé

Les policiers qui ont bouclé le périmètre dès 6h30 ont été mandatés par la préfecture du Bas-Rhin, elle-même sollicitée par la ville de Strasbourg, pour faire évacuer les lieux. Cette dernière a demandé au tribunal administratif l’autorisation de recourir à la force pour déloger les familles qui occupaient le parc sans droit ni titre. Pour ce faire, elle a notamment fait référence à la dangerosité des arbres et de la présence de l’eau, qui représenterait un risque pour les enfants. Le 25 juillet, le juge des référés a accédé à la demande de la Ville de Strasbourg.

Depuis sa formation en mars, le camp est composé de femmes, d’hommes et d’enfants originaires de pays divers, pour certains titulaires de titres de séjour, pour d’autres en attente d’une décision administrative, ou encore sans titre du tout. La Ville de Strasbourg y a installé des sanitaires et un point d’eau.

Présent ce mardi matin, Rasooli Ahmad Walid est un afghan passé par le Brésil puis la Guyane avant d’arriver à Strasbourg en 2022. « Ça fait 2 fois qu’on est sous les tentes, dit-il. La dernière fois, c’était au parc de la Montagne Verte et après le démantèlement, l’État ne nous a pas relogés. »

Président de l’association d’aide aux personnes sans logement Les Petites Roues, Sabine Carriou déplore une mécanique sans issue :

« C’est le septième démantèlement d’un campement que je suis à Strasbourg… Les personnes qui sont restées attendent un hébergement de l’État depuis six mois. Quant à celles qui n’ont pas ou plus le droit de séjourner en France, elles sont parties se cacher on ne sait où… Il sera complexe pour les travailleurs sociaux de les retrouver. »

Sabine Carriou s’étonne par ailleurs des méthodes de la police :

« On est toujours surpris. Les policiers arrivent en nombre et évacuent tous les travailleurs sociaux du camp. Ils mettent en place une sorte de barrière alors qu’il ne s’agit que de parents en détresse avec leurs enfants… Ils vivent une situation traumatisante et nous ne sommes pas autorisés à être à leurs côtés pour les soutenir. »

Un reportage complet autour de ce démantèlement est à suivre sur Rue89 Strasbourg.


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