Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Les liens tendus entre argent et santé disséqués au forum bioéthique

Quels sont les liens entre l’argent et la santé, et comment ces liens affectent-ils notre capacité à nous soigner et à faire progresser la recherche médicale ? Le Forum européen de bioéthique posera la question qui fâche et toutes ses déclinaisons du lundi 2 au samedi 7 février à Strasbourg. Destinées à augmenter la conscience du grand public sur les question de santé, 32 rencontres avec des acteurs de premier plan de la santé en France sont prévues autour de la place Kléber.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89 Strasbourg, abonnez-vous.

Beaucoup de monde à l'Aubette en janvier 2014 pour le Forum de bioéthique (Photo FEBS)

Beaucoup de monde à l'Aubette en janvier 2014 pour le Forum de bioéthique (Photo FEBS)
Beaucoup de monde à l’Aubette en janvier 2014 pour le Forum de bioéthique (Photo FEBS)

Pour le Pr Israël Nisand, « profits et santé sont opposés par le sommet ». Comme ça, c’est clair pour le vice-président du Forum européen de bioéthique (et chef du pôle obstétrique aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg). Et de fait, il y a quelque chose de pourri au royaume de la santé et c’est souvent lié au marché des médicaments, des appareils de diagnostic ou des programmes de recherche supposés plus rentables que d’autres. Pour autant, il n’y a pas de progrès de la médecine sans recherche des profits. Alors que faire ?

Le thème 2015 du Forum  européen de bioéthique de Strasbourg (FEBS), qui se déroulera autour de la place Kléber du 2 au 7 février, est vaste mais central. Prenons la question des nouveaux composants industriels par exemple. L’industrie n’a pas à prouver leur inocuité, des millions de nouveaux composés sont mis sur le marché chaque année, l’Europe n’en teste que quelques milliers… par manque de moyens.

Ou le scandale du Médiator, ce médicament pour diabétiques provoquant des hypertensions et dont le fabricant, les laboratoires Servier, ont caché la nocivité à l’autorité de pharmacovigilance ? Ce sujet sera au menu de l’un des premier débats, « Accidents et scandales sanitaires » avec Anne-Laure Barret, journaliste et auteur d’Omerta dans les labos pharmaceutiques, mardi à la librairie Kléber.

Pour Israël Nisand, il est urgent que le grand public s’empare de ces questions, pour actionner les leviers démocratiques :

« L’affaire du Médiator pose la question sur comment fonctionne notre pays ? La question de confiance. Tous les médicaments ont des effets nocifs. Alors qui décide, qui parle ? Qui certifie ? Le but du FEBS est d’élever le niveau de conscience du public, ce n’est pas un mouvement de patients, ni une conférence de consensus ni un colloque d’économie de la santé. On fait venir des intervenants aux opinions contradictoires, pour que les gens s’approprient les débats en cours dans le monde médical, qui sont des questions de société. »

Succès public, modèle économique fragile

Ces questions essentielles attirent chaque année plus de visiteurs. En 2010, le FEBS a estimé avoir accueilli 6 500 visiteurs dans les conférences dans les salles de l’Aubette et à la librairie Kléber. L’an dernier, l’édition sur le cerveau a mobilisé plus de 20 000 personnes ! Un succès qui n’a pas manqué de poser quelques problèmes de sécurité auxquels le FEBS va tenter de répondre cette année, notamment en diffusant les conférences sur des écrans dans les autres salles de l’Aubette et même en direct sur Rue89 Strasbourg.

Pour autant, le financement public du FEBS est en baisse, la Ville et la CUS ont diminué leur subvention de 10 000€ chacune pour un total de 180 000€. Un choix qui étonne Israël Nisand et qui sera probablement relevé alors que l’argent sera au cœur des débats :

« On a un budget de 230 000€ pour monter ces 58 rendez-vous gratuits pour le public et inviter 130 intervenants… Autant préciser tout de suite que nous sommes dans une configuration “low-cost” un peu pesante. On tire sur la corde grâce au soutien de plusieurs partenaires qui travaillent quasi-gratuitement. On souhaite rester gratuits et il est crucial de ne pas être financé par des partenaires privés, comme les laboratoires, pour pouvoir traiter des questions d’éthique en toute indépendance. J’ai été élu (liste PS), je sais qu’il faut faire des choix. Je remarque simplement que d’autres manifestations ont nettement moins de succès public et sont pourtant mieux financées. »

Près de 60 rencontres

Au menu de cette quatrième édition du FEBS, citons la médecine prédictive, les urgences, les class actions, les addictions, le sida, etc. Nouveauté de cette année, le Forum a réservé un horaire quotidien, de 16h à 18h, pour traiter d’une « question d’actu », un sujet qui s’est bruyamment invité dans le débat public récemment. Parmi ces débats, le business du médicament, les scandales sanitaires, les soins palliatifs et l’euthanasie, une « médecine à deux vitesses« , un enfant à tout prix, etc.

À noter également, des rendez-vous culturels autour du Forum dont une conférence-théâtre Une Mort Moderne, mardi à l’Aubette, une lecture du Malade Imaginaire samedi et du théâtre d’improvisation samedi avec Marko Mayerl.

[affiche_event id=78920]

(Rue89 Strasbourg est partenaire du FEBS)

Aller plus loin

Sur Rue89 Strasbourg : suivre en direct le Forum européen de bioéthique

Sur Rue89 Strasbourg : Médecine prédictive : rêve ou cauchemar ? (tribune)

Sur ForumEuropéenBioéthique.eu : le programme complet (et le document à télécharger, PDF)

Sur YouTube : la chaîne du forum, avec l’ensemble des conférences enregistrées


#Forum européen de bioéthique

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles

Autres mots-clés :

Plus d'options