Après le drame du 3 juin, la magistrate demande des moyens supplémentaires pour sa juridiction… à qui beaucoup de consignes sont données, mais sans l’argent nécessaire pour les appliquer.
Dix circulaires depuis le début de l’année 2021 contre les violences conjugales, mais aucun moyen supplémentaire pour les appliquer. C’est ce paradoxe pour la « grande cause nationale » que la procureure de la République de Colmar, Catherine Sorita-Minard, souligne dans un communiqué critique, qui sort de la réserve habituelle des fonctionnaires.
Jeudi 3 juin à Colmar, un homme a défenestré sa compagne de 48 ans du haut du 8ème étage d’une tour, soit 19 mètres de haut. Le suspect interpellé, âgé de 52 ans, avait pourtant été condamné en janvier 2019 à six mois de prison avec sursis. Il avait surtout l’interdiction d’approcher sa compagne pendant trois ans. « Une interdiction jamais respectée selon ses voisins », rapporte France 3 Alsace. Ce féminicide, le 49ème de l’année 2021 selon la page « Féminicide », s’accompagne d’un débat sur le suivi et la prise en charge des auteurs de violences conjugales.
(Capture d’écran Google Street view)
De nouveaux moyens, déjà sollicités
Logiquement, la procureure défend les actions de ses services comme des stages de sensibilisation, des audiences correctionnelles dédiées et la saisie systématique d’une association d’aide aux victimes en cas de dépôt de plainte. De nouveaux outils ont été mis en place en janvier 2021. Mais l’ensemble des 20 « téléphones grave danger » (TGD) dont dispose sa juridiction sont déjà utilisés par des victimes.
Quant aux trois bracelets électroniques anti-rapprochements (BAR) reçu il y a « quelques semaines », l’un d’eux est déjà prévu pour un homme à la sortie de sa détention. Néanmoins, Catherine Sorita-Minard estime que chercher « à tout prix une responsabilité de l’autorité judiciaire sur fond de dysfonctionnements et défaillances » relève du « fantasme d’une société sans meurtre et sans violences. »
Dans sa demande de « moyens supplémentaires », la procureure relève qu’a contrario, les parquets ont été « dotés de moyens fléchés » pour agir de « matière innovante » contre la « petite délinquance ». Un volontarisme du gouvernement qu’elle aimerait bien voir s’appliquer aux violences intrafamiliales, au-delà des discours du chef de l’État.
La procureure de la République de Colmar s’inscrit dans un mouvement national des Parquets, qui ont tous protesté de la même façons quant aux moyens insuffisants mis à leur disposition.
3 bracelets anti-rapprochement. On va aller loin avec ça... Voilà l'importance qui est accordée dans notre pays à la protection des femmes victimes de violences, malgré toutes les belles paroles, les Grenelles des violences etc.
Pour info, entre votre article posté hier soir, et aujourd'hui midi, on est passés à 51 féminicides répertoriés par la page Facebook Féminicides.
Merci en tout cas Rue 89 Strasbourg d'avoir traité le sujet des féminicides, ignoré par les médias, ou relégué aux rubriques de faits divers, entre un chien écrasé et une fête de village. Un véritable fléau dont le grand public commence seulement à découvrir l'ampleur, grâce notamment au travail des associations de protection des victimes, et de la page Féminicides (également sur Instagram : @feminicidespar ).
Et oui, les "politiques" ne sont absolument pas concernés par ce genre de problème qui ne concerne que le "bas peuple" ! ;-( Ils font de la communication et jettent quelques "sous" le cas échéant...
La violence intra-familiale est un fléau national, qu'elle touche principalement les enfants , les femmes ( 220 000 par an) et quelques hommes qui devrait imposer la mise à disposition plus de moyens comme l'appelle de ses voeux la procureure de Colmar, Catherine Sorita-Minard:
"Nous avons reçu pas moins de 10 circulaires de politique pénale dans ce domaine depuis le début de l’année, toutes parfaitement légitimes dans leurs objectifs, mais qui reposent pour l’essentiel sur les parquets. Pour les mettre en œuvre, et ainsi renforcer nos actions dans ce domaine qui constitue un enjeu essentiel, il nous faut des moyens supplémentaires.
Or, l’exemple de la justice de proximité en matière pénale est particulièrement parlant : les parquets ont été dotés de moyens fléchés, qui ont été immédiatement mis à profit pour développer de manière innovante de nouvelles actions dans le domaine de la lutte contre la petite délinquance. Il faut faire la même chose en matière de lutte contre les violences conjugales, en dotant chaque parquet d’assistant spécialisé ou de juriste assistant dédié spécifiquement à cette grande cause nationale."
Les féminicides sont les arbres tragiques qui cachent la forêt de la banalisation de la violence admise par les pouvoirs publics.
La pression des associations ne doit pas se relâcher...
Il faut aussi imposer l' attribution d' un salaire digne aux femmes au foyer à hauteur de 2500 E au moins prélevé sur les gains du loto et du tiercé, par exemple.
Une campagne nationale sur les dangers de l'alcool, de sa consommation de plus en plus jeune et des conséquences que ce soit sur la santé physique et mentale car la plupart de ces meurtres (et non féminicides) sont très souvent sous l'effet de l'alcool tout comme toutes les violences liées à cette consommation ridicule de nos jours...
À mettre en perspective avec les moyens quasi illimités accordés à la répression des mouvements citoyens.
On voit où se situe la priorité de l'État français.
https://www.marianne.net/societe/prevoyant-le-gouvernement-commande-des-grenades-lacrymo-pour-4-ans
Pour info, entre votre article posté hier soir, et aujourd'hui midi, on est passés à 51 féminicides répertoriés par la page Facebook Féminicides.
Merci en tout cas Rue 89 Strasbourg d'avoir traité le sujet des féminicides, ignoré par les médias, ou relégué aux rubriques de faits divers, entre un chien écrasé et une fête de village. Un véritable fléau dont le grand public commence seulement à découvrir l'ampleur, grâce notamment au travail des associations de protection des victimes, et de la page Féminicides (également sur Instagram : @feminicidespar ).
"Nous avons reçu pas moins de 10 circulaires de politique pénale dans ce domaine depuis le début de l’année, toutes parfaitement légitimes dans leurs objectifs, mais qui reposent pour l’essentiel sur les parquets. Pour les mettre en œuvre, et ainsi renforcer nos actions dans ce domaine qui constitue un enjeu essentiel, il nous faut des moyens supplémentaires.
Or, l’exemple de la justice de proximité en matière pénale est particulièrement parlant : les parquets ont été dotés de moyens fléchés, qui ont été immédiatement mis à profit pour développer de manière innovante de nouvelles actions dans le domaine de la lutte contre la petite délinquance. Il faut faire la même chose en matière de lutte contre les violences conjugales, en dotant chaque parquet d’assistant spécialisé ou de juriste assistant dédié spécifiquement à cette grande cause nationale."
Les féminicides sont les arbres tragiques qui cachent la forêt de la banalisation de la violence admise par les pouvoirs publics.
La pression des associations ne doit pas se relâcher...
Il faut aussi imposer l' attribution d' un salaire digne aux femmes au foyer à hauteur de 2500 E au moins prélevé sur les gains du loto et du tiercé, par exemple.