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Fessenheim à l’arrêt, l’électricité continue d’arriver

Entre l’arrêt programmé d’un réacteur et un incident qui demande de stopper l’autre, l’Alsace vit sans l’énergie de sa centrale nucléaire de Fessenheim. Ses opposants aimeraient alors que la centrale ne redémarre plus jamais.

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Fessenheim à l’arrêt, l’électricité continue d’arriver

La centrale nucléaire de Fessenheim (Photo Wikimedia Commons / CC)
La centrale nucléaire de Fessenheim (Photo Wikimedia Commons / CC)

La centrale nucléaire de Fessenheim, dans le Haut-Rhin, ne produit plus d’électricité. L’arrêt dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 du réacteur numéro 2 était prévu et durera plusieurs semaines. Hasard du calendrier, samedi 28 février, « un défaut d’étanchéité [a été] constaté sur une tuyauterie », d’après EDF. Le diagnostic a nécessité l’arrêt du réacteur numéro 1. De fait, la plus vieille centrale de France (mise en service en 1977) est à l’arrêt.

L’anomalie se situe avant le condenseur, dans la salle des machines, soit en dehors de la zone nucléaire. EDF se veut rassurant dans ses communiqués et indique qu’il n’y a « aucune conséquence sur la sûreté des installations, l’environnement et la sécurité du personnel. » Contactée par Rue89 Strasbourg, l’entreprise a ajouté lundi 2 mars que le réacteur repartira « dans quelques jours », sans être plus précis. « C’est un aléa d’exploitation et une situation qui se produit sur d’autres sites, sur lesquels il y a moins d’attention médiatique », ajoute la même source. Cet épisode a été répertorié par l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (INES) au niveau 0 sur 7, le 3 mars.

Le réseau électrique fonctionne parfaitement

Sur le réseau électrique, aucune perturbation n’est à signaler lors de ces trois premiers jours. Et pas plus de coupure de courant à prévoir dans la semaine comme le confirme une source à Réseau de transport d’électricité (RTE), la filiale d’EDF qui s’occupe de l’acheminement de l’électricité :

« À court terme, il est facile de compenser l’activité de la centrale. L’électricité d’autres sites nucléaire ou par les centrales hydrauliques est redirigée vers l’Alsace. L’électricité fonctionne en réseau, c’est un maillage complexe où toutes les régions d’Europe sont interconnectées. »

Fessenheim fermé, promesse tenue !

Côté opposants, on estime que cette situation montre que l’on peut vivre sans l’énergie produite à Fessenheim. L’adjoint au maire de Strasbourg Éric Schultz (EELV) l’a par exemple pointé sur son compte Facebook.

réa Schultz

Un élu EELV parisien s’en amuse sur Twitter.

En avril 2014, les deux réacteurs avaient aussi été simultanément à l’arrêt le temps d’un week-end, suite à un incident technique. André Hartz, porte-parole du collectif Stop Fessenheim, estime que l’Alsace n’a plus besoin de cette centrale :

« La preuve est une nouvelle fois faite que l’on peut se passer de Fessenheim. Il n’y a aucun problème d’alimentation sur le réseau électrique, car la France produit plus d’électricité qu’elle n’en consomme. D’autre part, il est inquiétant que les incidents se répètent. EDF minimise, car l’entreprise ne veut pas entendre parler d’une fermeture. Après trois jours, il n’y a toujours pas d’information sur le site de l’Autorité de sûreté nucléaire. »

Le collectif appelle désormais Ségolène Royal à recevoir les associations d’opposants. La ministre de l’Écologie est toujours restée évasive sur le sujet. De son côté, EDF rappelle que malgré les critiques, la centrale a produit en 2014 3% de la production d’énergie nucléaire française soit (2,55% de l’énergie totale), ce qui constitue « une bonne année ».

Une prise de conscience espérée

Pour la secrétaire régionale d’Europe Écologie – les Verts, Patricia Guéguen, la situation doit servir de prise de conscience :

« Il est dommage d’avoir besoin de ce genre d’événement pour mettre les choses en perspective. La question de la sûreté est primordiale. La centrale coûte de plus en plus cher et les investissements ne diminuent pourtant pas le nombre d’incidents, qui sont trois fois plus nombreux qu’ailleurs. François Hollande a pris des engagements, mais on attend toujours les actes. Dans le projet contrat de Plan entre l’État et la Région (CPER) 2015-2020, le démantèlement de Fessenheim ne figure plus, même si l’on dit que cela est encore modifiable par la suite. L’Alsace pourrait être un territoire d’expérimentation et d’initiation sur la transition énergétique. Cela créerait plus d’emploi que de s’accrocher à la centrale vieillissante. »

Dans le reste de la classe politique, locale ou nationale, peu ou pas de réaction sur le sujet. En janvier 2015, la ministre de l’Écologie allemande Barbara Hendricks avait demandé au gouvernement « un calendrier » de la fermeture de la centrale, en espérant qu’elle intervienne « à une échéance aussi rapide que possible ».

Hollande pour la fermeture avant 2017

La dirigeante social-démocrate avait fait de part de son inquiétude pour la sûreté du lieu, notamment pour les citoyens allemands qui n’habitent qu’à quelques kilomètres. La frontière est à 1,5 kilomètre et la ville de Fribourg à 20 kilomètres. Motif d’espoir pour les partisans de la fermeture, en marge d’une conférence de presse lundi 2 mars, François Hollande a affirmé son intention de fermer la centrale avant la fin de son quinquennat. Il a ajouté que l’incident ne changeait rien à la situation.

Ce mardi 3 mars, les sénateurs examinent doivent voter sur la loi d’orientation énergétique. Dans le texte adopté en première lecture par les députés, il est prévu le repli du nucléaire dans la production d’électricité, à hauteur de 50% d’ici 2025 contre 85% aujourd’hui.


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