Les amateurs et les amatrices de science-fiction ont parfois l’impression que les univers dystopiques sont devenus la réalité. Lorsque Donald Trump expurge des pans entiers de l’Histoire des États-Unis, qu’il interdit des mots dans les recherches universitaires, « on se rapproche de la novlangue décrite par Georges Orwell dans 1984 », dénonce Daniel Cohen, directeur artistique du Festival européen du film fantastique de Strasbourg (FEFFS).
C’est pourquoi la 18e édition du FEFFS, prévue du vendredi 26 septembre au dimanche 5 octobre 2025, a choisi de consacrer sa rétrospective 2025 à des films qui ont prévenu, en leur temps, des dérives qui surviennent lorsque les sociétés acceptent un pouvoir autoritaire : censure des médias, interdiction de livres, offensives contre les minorités… Appelée Fascifiction, et brillamment illustrée par un policier déshumanisé guère éloigné des nôtres, cette sélection remet à l’affiche des films aussi essentiels que 1984 (réalisé en 1984) qui détaille comment un pouvoir peut contrôler jusqu’aux esprits des citoyens, La ferme des animaux (1954) qui met en évidence les affres de l’égalité parfaite, Alphaville (1965) qui place le genre humain sous le contrôle d’un ordinateur ou Fahrenheit 451 (1966) où les citoyens sont priés de ne jamais lire…
Les événements ont graduellement disparu
Le FEFFS se souvient qu’il y a encore quelques années, il pouvait organiser des zombies walks dans les rues du centre-ville et que les deux semaines du festival étaient parsemées de rendez-vous publics à l’extérieur. « Depuis le Covid (2020, NDLR), le festival s’est recentré sur les projections en salles, indique Greg Lauert, l’un des programmateurs du FEFFS. Les événements étaient devenus trop complexes à organiser, en raison des contraintes de sécurité… »
En 2025, le FEFFS prévoit tout de même un rendez-vous public hors des salles de cinéma ; une projection de La Monstrueuse Parade (Freaks, 1932), qui raconte comment une bande d’artistes de cirque se déchire par cupidité, sous un chapiteau de Graine de cirque au Port du Rhin.
122 films à voir
En dehors de ces rendez-vous, le FEFFS propose ses habituelles compétitions : 12 longs-métrages dans la sélection des films fantastiques et 10 dans la sélection des crossovers, ces films qui mêlent plusieurs genres ou qui se situent à la frontière d’un genre. Au total, le FEFFS programme 122 films, dont 74 longs-métrages, 45 nouvelles productions, 29 films de patrimoine, 48 courts-métrages dont 8 en réalité virtuelle dans tous les cinémas de Strasbourg.
Parmi ceux-ci, citons par exemple The Curse, de Kenechi Ugana, un film japonais de fantômes effrayants dans la plus pure tradition de ce genre de films, ou Que ma volonté soit faite de Julia Kowalski qui revisite le thème de la sorcière et explore « les vertiges du désir féminin » comme l’indiquent les programmateurs.
L’invité d’honneur, le réalisateur Alexandre Aja, a sélectionné pour sa carte blanche The Thing (1982), le chef d’œuvre ultra-flippant de John Carpenter ainsi qu’Onibaba : les tueuses, un film japonais de 1964, qui raconte comment une mère et sa fille survivent en dépeçant des samouraïs.


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