Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Amputé, le festival Momix lorgne vers Mulhouse

Kingersheim a baissé la subvention de l’association Créa, qui produit le festival Momix, dédié à la création scénique pour le jeune public depuis 32 ans. Pour survivre, le festival appelle la Ville de Mulhouse à l’aide.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89 Strasbourg, abonnez-vous.

Amputé, le festival Momix lorgne vers Mulhouse

Le Festival Momix à Kingersheim près de Mulhouse, dédié au spectacle vivant jeune public, a été amputé d’une partie de ses subventions. En juillet 2022, la mairie de Kingersheim a baissé de 100 000€ la subvention qu’elle accorde à l’association du Créa, d’un montant d’un million d’euros annuels, et prévoit d’en supprimer à nouveau 100 000€ en 2023. L’association du Créa gère le lieu socio-culturel éponyme, qui assure une partie de l’animation sociale à Kingersheim, et porte le festival dont le budget oscille autour de 600 000€.

Cette annonce a eu l’effet d’un « coup de massue » sur Philippe Schlienger, directeur du Créa et du festival qu’il a fondé en 1991 :

« C’est une baisse drastique de nos moyens de fonctionnement, sans que nous n’ayons jamais pu faire valoir notre point de vue au maire ou aux services de la Ville, qui ont semble-t-il décidé de sabrer dans l’association la plus subventionnée de Kingersheim… Pour eux, nous devrions pouvoir proposer autant avec moins mais quand j’ai appris ça, la tenue de l’édition 2023 du festival était en question. Cependant, annuler aurait été catastrophique donc on a réduit le périmètre, supprimé deux lieux et donc la venue des 18 spectacles qui y étaient programmés. »

Catastrophe pour les compagnies déprogrammées

Les compagnies en question, qui viennent de partout en France, et qui comptaient vivement sur le festival pour faire connaître leur nouveau spectacle dans cet « Avignon du spectacle jeune public » qu’est devenu Momix, n’ont guère apprécié leur déprogrammation sauvage. Paul Schirck, qui présentait un « seul en scène » de la Compagnie L’Armoise commune, détaille :

« À Momix, la plupart des spectacles sont joués trois fois, dont deux fois devant un public scolaire. Ces représentations sont suivies par des programmateurs d’autres structures en France et à l’international, ce qui permet ensuite de faire tourner les spectacles ! Pour les compagnies déprogrammées, le coût est donc très important puisqu’elles doivent trouver une autre manière de présenter leur spectacle et vont perdre des dates futures ! »

Chaque année, Momix programme plus de 50 spectacles jeunesse et finance des créations, ce qui a conféré une stature régionale au festival.

Philippe Schlienger en est bien conscient. À la retraite en avril, il s’est proposé pour organiser un relais avec le ou la future directrice du festival, afin notamment de programmer en 2024 les compagnies qui n’ont pas pu se produire en 2023. Car pour lui, il y aura bien un Momix en février 2024 :

« Le festival s’est taillé une réputation à l’échelle de la grande région voire au-delà, et quand Kingersheim a baissé notre subvention, les autres partenaires financiers (Région Grand Est, Collectivité d’Alsace, Direction des affaires culturelles…) ont rapidement mis en place des aides exceptionnelles pour éviter que le festival ne sombre. On a reçu des marques d’intérêts pour que le festival se déroule ailleurs… à Mulhouse notamment. Une mission d’étude débutera après l’édition 2023 pour évoquer les pistes envisageables. »

Des discussions en cours

Anne-Claire Goetz, adjointe à la maire de Mulhouse, confirme que « des discussions sont en cours » mais reste prudente :

« La Ville de Mulhouse avait déjà des liens avec Momix, notamment via la Filature et Les Tréteaux… Le jeune public est une priorité municipale et beaucoup de jeunes mulhousiens profitent de la programmation de Momix chaque année. Donc il y a une cohérence à ce que la Ville de Mulhouse s’engage dans le festival mais tout est encore à discuter. »

De son côté, le maire de Kingersheim, Laurent Riche (DVG), n’entend pas délaisser Momix ni le Créa, mais déplore un transfert de ressources de la collectivité vers des fournisseurs d’énergie privés au dépens de l’action publique :

« L’éducation et l’accès à la culture de la jeunesse sont au cœur de notre politique municipale depuis des dizaines d’années. Il n’est donc pas question de laisser Momix péricliter, ni que le festival parte de Kingersheim. Mais nous ne sommes qu’une ville de 13 000 habitants qui porte un festival qui a bien grandi ! En 2022, la commune a dû faire 500 000€ d’économies sur ses dépenses de fonctionnement pour compenser la hausse des coûts d’énergie, le Créa devait en prendre une part. En 2023, nous devrons atteindre un million d’euros d’économies supplémentaires… Donc oui, nous appelons à l’aide les collectivités voisines pour garder la stature régionale de Momix, parce que nous sommes pris à la gorge. »


#culture

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles

Autres mots-clés :

#festival Momix#kingersheim#Mulhouse
Plus d'options