
L’Université de Strasbourg (UdS), fusionnée en 2009 et forte de près de 44 000 inscrits, est attractive, ses effectifs étant à la hausse avec près d’un millier d’étudiants supplémentaires en janvier 2013. A l’heure où les bacheliers doivent faire leurs choix pour la rentrée 2014, tout n’est pas rose : manque de moyens dans certaines filières, échecs aux examens ou abandon en première année font partie des problèmes auxquels doit faire face l’UdS.
Si l’Université de Strasbourg propose des dizaines de DUT (diplôme universitaire de technologie) ou LMD (micence, master, doctorat), elle est surtout reconnue pour son pôle de recherche. Les budgets annuels pour la recherche tournent autour de 40 millions d’euros. Saluée par l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES), cette particularité a valu à l’UdS de nombreux prix, dont deux Nobel.
Excellence : math, bio et musique
Mais on ne parle là que de rares filières, labellisées « filières d’excellence » par l’Etat. On en dénombre trois : le parcours « mathématiques et physique approfondies », « l’interprétation musicale » en partenariat avec le Conservatoire de Strasbourg, et la filière de licence en biologie moléculaire et cellulaire. En partenariat avec l’Université des Saarlandes, cette licence s’inscrit dans le cadre d’une coopération franco-allemande. Créée en 2009 avec le soutien de l’Université franco-allemande, elle connaît un certain succès – 300 demandes en 2012. Pourtant, elle n’offre que 10 places en raison du « numerus clausus » à l’entrée de l’université allemande.
Attention, ces filières d’excellence n’ont pas toujours un nombre limité de places mais exigent un bon niveau dans la discipline concernée. Ces formations sont exigeantes, note-t-on à l’Université, et donnent plus de travail à l’étudiant qu’une filière classique. Elles ne s’adressent en fait qu’à une minorité des étudiants de l’UdS et sont fortement concurrencées par les classes préparatoires.
Encombrement en droit ou en médecine
Certaines filières universitaires, non sélectives, sont elles encombrées, surtout en première année. Ainsi, au 15 janvier 2013, la faculté de droit, de sciences politiques et de gestion concentre plus de 5 000 étudiants, dont 1 000 nouveaux bacheliers. Mais la filière droit a un taux d’échec élevé : 1 500 étudiants lâchent en première année, 750 en deuxième année.
Pour les filières santé, la « première année d’études de santé » (PACES) compte environ 1 870 étudiants début 2013, alors qu’il n’y a que 235 places en deuxième année de médecine. La première conséquence est bien sûr le manque de places. Les amphithéâtres doivent être démultipliés et les professeurs assurent, dans certains cas, leurs cours par vidéoconférence sur plusieurs amphis à la fois. Un étudiant de première année en médecine a intérêt à se lever très tôt et être devant les portes bien avant le début du cours pour espérer avoir une bonne place assise…
Socio ou psycho, fort taux d’échec
Ces engorgements ont bien sûr des conséquences négatives, notamment sur la qualité du travail ou l’encadrement des étudiants. Si certains montrent un réelle motivation, d’autres sont là sous la pression de leur entourage ou parce qu’ils ne savent pas vraiment vers où s’orienter. D’ailleurs, ils sont un quart à abandonner en cours ou à l’issue de la première année, pas forcément en cas d’échec, mais par manque de motivation ou d’encadrement, ou suite à une prise de conscience de l’erreur d’aiguillage.
Les sciences sociales (sociologie, psychologie…) sont parmi les filières avec le plus grand taux d’échec en première année de licence. Pas de sélection à l’entrée, tout titulaire d’un baccalauréat peut s’y inscrire. Pourtant, c’est une filière exigeante. Il faut notamment savoir manipuler les statistiques.
Un désintérêt pour les sciences expérimentales
Aux antipodes, certains filières de l’UdS comme les sciences expérimentales connaissent un relatif désintérêt. Par exemple, la faculté de physique et d’ingéniérie a vu ses inscriptions baisser, avec 19 néobacheliers au 15 janvier 2013 contre 37 un an auparavant. Objectif de l’université : changer la « réputation » de ce type de filières et faire en sorte que les jeunes retrouvent le goût des sciences expérimentales en menant des actions dans les collèges et lycées.
Interdisciplinarité, réorientation et information
Pistes de travail pour l’UdS : l’interdisciplinarité et la lutte contre l’échec. D’autant que l’université ne veut « négliger » aucune filière. Différents dispositifs, tels que les filières « contingentées », les tutorats et les passerelles, sont à l’étude ou mis en place. Et ce malgré un manque de moyens logistiques et financiers, argue la présidence. Celle-ci explore différentes pistes : l’enseignement numérique pour contrer le manque de place dans certains amphithéâtres, une meilleure information en amont (élèves, parents, enseignants du secondaire…) ou une « remédiation », comme la formation « Tremplin réussite » qui permet de réorienter les étudiants et les remettre « à niveau ».
Alain Beretz, président de l’Université de Strasbourg, souligne l’importance de l’implication de l’étudiant et l’élaboration d’un projet professionnel :
« Il n’y a pas de filière à fuir. Les problèmes liés à la sociologie ne viennent pas de la discipline, qui est excellente. Il faut que les étudiants qui s’y inscrivent le fassent en connaissance de cause, qu’ils aient un projet. Les étudiants doivent apprendre à moins subir, ils sont trop consommateurs, pas assez acteurs. Ils ne doivent pas attendre. Et l’université doit travailler là-dessus. »
En d’autres termes, les étudiants doivent pouvoir faire face au manque d’encadrement – et travailler seuls leur projet professionnel – faute de mieux pour l’instant. Malgré la conjoncture économique morose, l’insertion des étudiants de l’UDS sur le marché du travail se passe néanmoins plutôt bien, constate-t-on à l’étude des enquêtes de l’Oresipe (Observatoire régional de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle des étudiants), dans la région, qui reste dynamique, mais aussi outre-Rhin.
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1) La physique n'est pas une science "experimentale". En fait, c'est une sicence dure surtout qu'a l'UdS il y a beaucoup de cours theoriques en physique.
2) La situation financiere "morose" de l'UdS est a mon avis due a une tres mauvaise gestion de la part de l'universite. En effet, comment expliquer que le president et ses vice-presidents se soient accordes l'annee derniere 20.000E de prime chacun (en fait le president a eu 40.000E) sachant que les maitres de conference n'etaient pas certains de recevoir leur paie!!!! Comment expliquer de telles primes alors que des coupes budgetaires se font au detriment de cours essentiels. L'universite a pris une approche administrative tres stupide: si le nombre d'etudiants par cours n'est pas suffisant, le cours est supprime et l'on se retrouve du coup a garder les options qui ne servent a rien mais qui sont tres attractives pour les etudiants (certaines sont impossibles a rater) et a supprimer celles qui sont plus essentielles a la formation mais evidemment plutot boudees par les etudiants car plus difficiles a reussir.
Il y a 1000 étudiants par an en 1ère année de droit, et parmi eux 1500 abandonnent ?
Effectivement, c'est très encombré.
Les jeunes ne reçoivent aucune information sur la réalité de ces filières et de leur débouché. Pas étonnant que les taux d'échecs soient aussi mirobolants! Les jeunes ne savent absolument pas où et surtout pourquoi ils mettent les pieds à la fac.
Pour avoir étudié dans des contrées nordiques, je peux témoigner du décalage de maturité totale entre les jeunes qui entrent à la fac. Il est de coutume de ne pas commencer tout de suite ses études après la fin du cycle secondaire: on les encourage plutôt à passer du temps à l'étranger ou à se consacrer à un service civil. De fait, lorsqu'ils franchissent les portes de la fac, ils ont vécu et ont une idée de ce dont ils ont envie pour la suite. En France, au contraire, il y a une folle pression à commencer ses études tout de suite, sous peine de prendre "du retard". Un étudiant de plus de 25 ans est perçu comme le cancre assis au fond de la classe près du radiateur, qui a probablement fait plusieurs premières années sans jamais se lancer dans rien. En Allemagne, l'âge moyen de fin des études supérieur est...30 ans! La raison? Une entrée plus tardive, mais plus réfléchie et la possibilité d'interrompre ses études pour travailler ou se consacrer à un projet. Les étudiants sont plus aboutis, ils savent ce qu'ils font là...
C'est à se demander à quoi servent les conseillers d'orientation qui semblent faire un calcul simple: bon élève, tu iras à la fac ou en grande école. Mauvais élève, tu feras un métier manuel. Un bon élève risque d'être en échec à la fac par manque d'encadrement et de ne jamais réussir à intégrer le monde du travail. Il faut que les jeunes mûrissent avant d'aller à la fac et absolument sortir de ces schémas là!
:(
:)
Ils ne sont vraiment plus que 19 (plus quelques redoublants je suppose) ? Quand j'ai fait ma première année de physique en 2006 (à strasbourg), nous étions presque 120... Il a fallu attendre que je sois en master pour que nous soyons si peu nombreux. Quid de la chimie, où je sais aussi qu'il y a peu de nouveaux étudiants ?
Sur le fond la réforme Fioraso va tout changer : les conseils d’Académie composé à 45% d’étudiants et de doctorants vont fixer les modalités d’examens (-> tout le monde aura un diplôme qui ne vaudra rien), on ne s’orientera qu’après la licence (donc on réduit le chômage des jeunes en rajoutant 3 ans de lycée avec des soirées étudiantes en plus)…
A ce que j'ai pu entendre, c'est plutôt l'inverse : encore moins de représentants étudiants (qui sont déjà pas très nombreux) et plus de personnalités "extérieurs".
"on ne s’orientera qu’après la licence (donc on réduit le chômage des jeunes en rajoutant 3 ans de lycée avec des soirées étudiantes en plus)…"
Tu pensais quoi d'une réforme où l'AFGES est d'accord et où leur appendice national (la FAGE) se déclarent heureux que la ministre ait suivit leurs "idées" ? Ces pourritures se reposent uniquement sur la culture fêtarde/alcoolique de merde qu'ils rependent.
D'ailleurs ils gardent la Gallia ou pas ?