

Des chemins de desserte (des autoroutes ?) ont été créés dans le massif forestier de Ranrupt pour rendre accessibles aux grumiers les parcelles privées (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
En Alsace, 25% des forêts appartiennent à des propriétaires privés. Alors que des grands domaines sont gérés de façon durable, des petites parcelles font actuellement l’objet d’échanges, puis d’exploitation industrielle. En divers endroits du massif vosgien, le scandale des coupes rases dresse certains forestiers et associatifs contre ceux qui considèrent « être chez eux ».
De plus en plus souvent la même histoire. Depuis 2009 et le discours de Nicolas Sarkozy à la scierie Siat-Braun à Urmatt, l’objectif pour les propriétaires forestiers privés, qui possèdent 25% des forêts vosgiennes côté alsacien, c’est de « sortir du bois » de la forêt et d’alimenter la filière industrielle. Or, cette forêt privée est découpée en une myriade de petites parcelles de quelques ares ou hectares, souvent difficiles d’accès.
« Une telle abomination est-elle autorisée ? »
Avec l’aide de fonds publics et dans le cadre d’un plan pluriannuel régional de développement forestier (PPRDF) 2012-2016, les maires de certaines communes forestières acceptent que soient percés des chemins forestiers énormes (de 6 à 10 ou 12 mètres de large) pour laisser passer les grumiers. Une circulation qui tasse les sols au passage, ce qui nuit à l’enracinement et à la solidité des arbres, mais permet aux propriétaires des parcelles de couper à tour de bras des résineux plantés dans les années 1960, arrivés « à maturité ». Des promeneurs découvrent alors l’étendue des dégâts et certains réagissent. Exemple récent près de Klingenthal, où deux habitués des sentiers du Club vosgien témoignent :
« Lors d’une promenade samedi 19 octobre dans la région de Gresswiller, nous avons emprunté le superbe sentier balisé par le Club vosgien qui mène du « Verlorene Eck » au sommet du Heidenkopf. A mi-chemin environ du sommet, nous avons rencontré des panneaux d’avertissement sur des travaux forestiers en cours et soudain, le sentier a débouché sur une « autoroute » qui venait d’être taillée en pleine nature sur le flanc du Heidenkopf. Nous avons pris quelques photos du massacre (voir ci-dessous). Ce « chemin » fait plus de six mètres de large, deux semi-remorques pourraient s’y croiser sans problème. Il contourne le Heidenkopf sur au moins 2 à 3 kilomètres selon mes estimations et j’aimerais bien savoir quelle est l’autorité qui est à l’origine de cette monstruosité. Une telle abomination est-elle autorisée ? Bien entendu, le sentier du club vosgien a été interrompu, les panneaux déplacés et les signes ont disparu. On croit rêver ! Je comprends fort bien qu’il faille un chemin carrossable aux engins forestiers, mais de telles saignées sont totalement disproportionnées. »

Sur les flancs du Heidenkopf, à proximité de Gresswiller et Klingenthal, une saignée pour faire passer les engins forestiers, là où se trouvait un sentier balisé du Club vosgien (Document remis)

A Colroy-La-Roche, la Cosylval a effectué trois coupes à blanc, laissant une rangée d’arbres fragilisée, qui pourra tomber au premier coup de vent (Document remis)
« Complètement disproportionnées », c’est aussi l’avis de certains habitants des vallées concernées. En mai 2011, la machine à défricher se met en branle à Ranrupt, dans la vallée de la Bruche. Un arrêté préfectoral valide la création d’une association syndicale autorisée (ASA) sur le territoire de la commune « ayant pour objet la création de voies de desserte forestière ».
Vincent Ott, le cumulard de la forêt privée
Un mois plus tard, l’ancien maire du village Jacques Cuny, ainsi que plusieurs propriétaires forestiers, s’interrogent par courrier sur le nombre de chemins créés, l’importance des emprises, l’information aux propriétaires impactés. Ils relèvent également la proximité entre l’ASA de Ranrupt et les responsables du CRPF (Centre régional de la propriété forestière) de Lorraine-Alsace, Pascal Ancel (ingénieur forestier) et surtout Vincent Ott. Ce dernier est vice-président du CRPF, mais également président du Syndicat des forestiers privés d’Alsace, administrateur de la Chambre d’agriculture du Bas-Rhin et… plus gros propriétaire de forêts privées à Ranrupt.
Un habitant et exploitant forestier de Ranrupt raconte :
« Entre le réaménagement du foncier agricole et forestier, qui se sont fait en même temps, les habitants de Ranrupt n’ont pas compris grand-chose. Une fois que l’ASA était constituée, que tout était en règle, on n’avait plus moyen de contester quoi que ce soit. Rien n’obligeait à l’époque à faire une étude d’impact avant de percer les chemins. En un an, ils en ont fait sur 18 kilomètres [ndlr, pour 243 000€] !
Beaucoup de gens pensent que c’est un désastre pour la biodiversité et qu’il ne s’agit pas là d’une gestion durable de la forêt, mais à ma connaissance, personne n’est allé faire de réclamation à la mairie. On a gaspillé l’argent public, des fonds européens notamment, pour des chemins pas du tout adaptés à la forêt de chez nous, mais qui n’ont « rien coûté » à la commune. Aujourd’hui, la Cosylval, coopérative des sylviculteurs d’Alsace [ndlr, dont le siège jouxte les bureaux du CRPF et du syndicat des forestiers privés à la Chambre d’agriculture] propose les coupes rases ou à blanc, véritable traumatisme pour la forêt, puis le rachat de la parcelle par des gros propriétaires… »

Sur les hauteurs de Ranrupt, des chemins mènent à des parcelles coupées rases ou « à blanc » (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

Vincent Ott a racheté de nombreuses parcelles dans le massif de Ranrupt – ici, un tas de grumes à son nom en bordure d’une parcelle. Il est également président du Centre régional de la propriété forestière de Lorraine-Alsace (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
« Sur-mécanisation, intensification et standardisation »
Ranrupt, Gresswiller, Colroy-La-Roche, Fouchy, Steige… Les communes concernées par les ravages du PPRDF sont nombreuses. Si nombreuses que la fédération d’associations de protection de l’environnement Alsace Nature s’est engagée dans une démarche contentieuse pour faire annuler ce plan pluriannuel régional. Maurice Wintz, son président, et Danièle Schaeffer, bénévole en charge de cette question pour l’association, parlent d’une seule voix :
« Ce qu’on est en train de faire, c’est calquer le modèle d’agriculture intensive des années 1960 sur nos forêts. L’objectif est d’avoir de grandes surfaces et de formater les forêts aux machines. Sur-mécanisation, intensification et standardisation. Jusqu’à présent, les forêts privées étaient peu exploitées, ce qui entretenait un maillage où la biodiversité pouvait encore s’exprimer. Avec l’arrivée des primes à l’amélioration du foncier (sic), des plans simples de gestion, etc., si on ne coupe pas, on n’a pas de subventions. Le système ne permet plus de laisser ses forêts en libre évolution. Aujourd’hui, les pouvoirs publics se sont mis d’accord pour exploiter plus. C’est un consensus difficile à briser. »
« Il faut que les camions puissent tourner là-dedans ! »
D’autant que les forestiers privés, eux, s’estiment libres chez eux. C’est en tout cas le discours que tient Vincent Ott, qui « défend les intérêts des propriétaires, face aux chasseurs et aux écolos » :
« C’est le résineux qui se vend en ce moment, avec des diamètres de 30 à 40 centimètres, pour faire des planches ou de la charpente. Malheureusement, si l’on peut dire, le résineux pousse bien en Alsace. On en a beaucoup planté au moment de la déprise agricole, il y a 40 ou 50 ans, quand les plants étaient quasi-gratuits pour les agriculteurs de montagne arrivés à l’âge de la retraite. Aujourd’hui, tout est mûr en même temps, il faut couper et sortir le bois !
Bien sûr, ce serait bien de tendre vers une forêt irrégulière, dans laquelle on « tape » arbre par arbre, mais ça va mettre du temps, environ 100 ans. Tant qu’on sera sur du micro-parcellaire, avec des plantations en timbres-poste, ce sera compliqué. C’est mon objectif à Ranrupt, créer des grandes parcelles pour pouvoir ensuite en faire vraiment quelque chose… [Quant aux chemins forestiers,] il faut bien que les engins puissent passer et que les camions puissent tourner là-dedans ! Là, les voies sont toutes neuves, mais ça va se refermer, les talus vont se ré-enherber. Ces pistes sont là pour 30 ans. »

Le milieu de la forêt privé est « petit » en Alsace, Vincent Ott en est l’un des piliers – Ici, face à une carte du parcellaire de Ranrupt, avec en orange, ses propriétés (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
« Alsace Nature n’a qu’à acheter des forêts »
Quand Vincent Ott aura réussi à constituer des « patates » de plusieurs hectares, il replantera sans doute du douglas, un autre résineux qui viendra remplacer les épicéas que l’on fait tomber aujourd’hui. La faute à la filière de transformation, qui dénigre le bois de chêne, de hêtre ou de bouleau, dit-il. Néanmoins, il se dit prêt à « laisser venir des feuillus pour mélanger les essences et provoquer une irrégularité », positive pour l’équilibre de la forêt. Mais qu’on ne lui rabatte pas les oreilles avec « ce que prône Alsace Nature, c’est à dire la non gestion ». Il s’agace :
« Avec du bouleau ou du noisetier, le proprio n’aura rien ! Or, nos forêts, c’est du foncier cher, c’est notre capital ! Alsace Nature n’a qu’à acheter des parcelles, ils feront ensuite ce qu’ils veulent dessus ! »
Pro Silva, gestion durable et proche de la nature
Plus proche des aspirations des associations de protection de la nature, la gestion des grands domaines privés selon la méthode Pro Silva que pratique notamment Evrard de Turckheim. Président de l’association Pro Silva France, il gère des domaines de plusieurs milliers d’hectares, comme les anciennes propriétés des industriels De Dietrich dans les Vosges du Nord. Il est aussi vice-président du Syndicat des forestiers privés d’Alsace, et explique :
« Pour nous qui ne sommes pas de doux rêveurs, économie et écologie, exploitation, respect de la biodiversité et accueil du public ne sont pas opposés. Nous réfléchissons au rendement financier le plus important possible sur le moyen terme pour nos domaines. Or, eurêka, la dynamique très puissante de la forêt permet ce rendement, mais pas à n’importe quel prix, celui d’un travail fin et d’une réflexion arbre par arbre. Nous devons aussi nous assurer que les systèmes soient stables pour que tout notre travail ne soit pas anéanti au premier aléa climatique [ndlr, au contraire de ce qui se passe dans les « champs d’arbres » plantés, qui se couchent massivement en cas de tempête]. Notre rôle est de permettre l’accroissement d’essences adaptées sur des petits noyaux et non pas sur de grandes surfaces. Dans la méthode Pro Silva, nous sommes sur des structures de forêts irrégulières, plus résistantes dans le temps.
Du coup, nos bois sont de valeur, avec des marges plus importantes que pour les petits résineux. Malheureusement, ces derniers ont le vent en poupe chez les transformateurs. Nos arbres partent donc souvent en containers vers d’autres pays, où on en fait des parquets ou des meubles. Il serait très important d’encourager la filière bois locale à travailler nos feuillus sur place. Les sylviculteurs alsaciens s’orienteraient alors vers du bois de qualité plutôt que de remplacer leurs épicéas par du douglas ou du pin… »
Vœu pieux ? Pas forcément, si l’on considère que l’ONF (Office national des forêts) ne pratique quasiment plus les coupes rases dans les massifs qu’il gère (75% des forêts en Alsace), et que certains pays, comme la Suisse, la Slovénie ou le land de Basse-Saxe en Allemagne, ont adopté la méthode Pro Silva sur tout leur territoire.
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : centrales biomasse, les réserves alsaciennes n’y suffiront pas
Je vous donne mes impressions concernant un document émis par l’ONF intitulé « La Gestion durable des forêts publiques ».
Ce document intéressant sur la forme, nous dit ce qui serait bon pour la forêt, pour préserver TOUTES ses fonctions et services. Comment être contre un maintien ou une amélioration de la biodiversité forestière…On ne peut qu’être pour !
Mais, ce document porte aussi à réflexion car il contient des remarques ou certitudes qui sont contredites par d’autres scientifiques ou experts en écologies forestières.
Actuellement, l’ONF fait une campagne médiatique pour expliquer que l’accroissement des volumes coupés en forêts publiques est une bonne chose pour la société et le milieu forestier…Je regrette par exemple que cet établissement dont j’ai partagé les valeurs passées, ne se défende pas plus fortement contre ces directives du « couper plus » ! C’est une insulte faite aux anciens gestionnaires qui avaient leur expérience et leur savoir au service de la forêt en élaborant des plans de gestion conforme aux réalités de terrain, des milieux associés…et indépendants de décisions politiques. Depuis très longtemps, ils ont fait des inventaires, créé des accès routiers, planté et fait en sorte que tout fonctionne de mieux en mieux, récolté et vendre les produits…Continuer à progresser sur tous les besoins et les attentes de la société, quoi de plus normal ! Mais leur dire du jour au lendemain que la forêt était sous-exploitée, mal gérée au plan écologique et économique ! Quelle prétention ! Voir la page 5 du document ONF.
Laissons les forestiers agir en dehors de ces pressions, ils savent faire leur métier avec passion et responsabilité. Mais la réalité est tout autre ! Il faut mettre des volumes supplémentaires sur le marché : plus 20 millions/an, chiffre rappelé par les Ministères de tutelle…et pourtant, les prétentions de l’IFN quant à la ressource forestière, sont revues à la baisse… Ces volumes supplémentaires sont en contradiction avec les anciens plans de gestion des forêts publiques. Il faut savoir aussi que les derniers « aménagements » forestiers tiennent compte de ces nouvelles directives politiques du « couper plus ». Quelle crédibilité attendre de ceux-ci ?
La notion élémentaire en matière de gestion d’un massif forestier est l’inventaire pied à pied des peuplements forestiers, seule méthode qui garantisse les volumes sur pied, les accroissements donc les possibilité/volume réelles d’un massif ( réf. DUCHIRON).
Pour en revenir au document de « gestion durable » de l’ONF, il est une réalité partagée par tous : celle d’une augmentation de la surface forestière française, doublement en 150 ans ! Nul ne le conteste ! mais comme je l’avais déjà écrit, cette augmentation de surface s’est traduite automatiquement par une augmentation globale et progressive des volumes prélevés : Plus 43% en forêts domaniales sur les trente dernières années ( rapport de la Cour des comptes) et plus 64% entre 1966 et 2010 selon un rapport du Président de l’ONF ( Mr Gaymard). Voir la page 9 du document ONF.
Il y a donc bien un ajustement automatique et progressif de la croissance et de la récolte ! C’était le rôle des plans de gestion passés…réactualisés tous les 15 ans environ !
Quant au déficit de la balance commerciale de la filière bois, il faudrait aussi dire que la forêt française est exportatrice de bois feuillus en grumes ( les ¾ des volumes forestiers français). La forêt française n’est pas, contrairement à ce que l’on laisse croire, déficitaire sur sa production de bois car elle exporte plus que ce qu’elle importe, par contre le déficit de la balance commerciale de la filière bois est dû aux entreprises de transformation du bois pas suffisantes pour donner de la valeur ajoutée à cette matière première. Voir page 10 du doc.ONF.
Sur la sylviculture intensive préconisée par l’ONF pour améliorer les écosystèmes, améliorer les rendements et les qualités des peuplements forestiers, elle est, pour beaucoup de scientifiques de l’ex-Cemagref ou de l’INRA ou d’experts forestiers, source de dangers à moyen terme, danger pour l’économie de la filière, pour l’écologie forestière…
Certaines notions sylvicoles ONF sont contestées : la faiblesse des volumes sur pied à l’Ha, les éclaircies trop fortes qui ne favorisent pas ni la qualité, ni la résistance aux incidents climatiques, sécheresse, tempêtes, les microclimats forestiers perturbés ( notions de lumière et d’humidité ambiante, d’évaporation du sol, insolation des sous étages…). Les diamètres d’exploitation revus à la baisse, de même les temps de passage entre deux coupes (rotation) raccourcis eux-aussi ! ( notions critiquées par les chercheurs écologues) Des recherches de l’INRA CARBOFOR publié en 2010 ( Lousteau) confirment que les cycles longs permettent un meilleur stockage du carbone que les cycles courts.
La thèse de Vallet (2005) confirme également l’intérêt des peuplements plus âgés pour le stockage du carbone.
Savez-vous que les forêts françaises ont le plus faible volume de bois sur pied à l’hectare des forêts Européennes : France 160 à 170 M3/ha (source IFN), Suisse 330 M3/ha, Allemagne et Slovénie 280 M3/ha, Luxembourg 250M3/ha, Belgique 210 M3/ha, Autriche 350 M3/ha…
Alors ? faut-il continuer à sous capitaliser ?. voir page 6 du doc. ONF.
La qualité technique du bois est liée à la densité des peuplements forestiers :
Forte densité = accroissements plus fins et réguliers, moins de décroissance, meilleur élancement, moins de branches…
Faible densité = arbres plus courts, plus coniques et plus branchus…
Depuis toujours, le forestier sait toute l’importance du milieu, l’ambiance forestière qui est le résultat d’un jeu subtil entre l’ombre et la lumière et de la lutte des espèces pour atteindre cette fameuse lumière le plus rapidement possible, pour tout simplement survivre…Une certaine densité favorise les relations complexes du système racinaire avec les champignons mycorhiziens…les peuplements espacés nuisent à cette relation de vie.
Depuis toujours, le forestier par son travail de sylviculture, permettait à la forêt, de s’améliorer génétiquement par la priorité donnée aux plus beaux spécimens…c’était un choix individuel de l’arbre, une sylviculture pied par pied, méticuleuse et combien valorisante ! Il savait doser les espèces d’ombre et de lumière…son coup de marteau était le résultat de tout un savoir, de toute une sensibilité mise au service de la forêt et non de directives commerciales !
Tout le contraire d’une gestion forestière collectiviste qui ne peut qu’être productiviste, quantitative et dangereuse pour le fonctionnement global de ces écosystèmes.
« L’objectif d’augmentation de la récolte conduit dans certaines régions à prélever au-delà de l’accroissement naturel. Or, le fait que l’accroissement naturel ne soit pas entièrement récolté permet aux formations forestières jeunes de mûrir, de restaurer la biodiversité menacée qui est dépendante des forêts vieillies, d’augmenter la résilience de l’écosystème, de stocker du carbone et d’accroitre le capital sur pied avec des produits de qualité… »
Pascal VINE, directeur général de l’ONF a dit : « depuis 20 ans, il est prélevé TOUTE la production biologique… ».
D’après Barthod (2005), certains forestiers américains s’étonnent de notre obsession sur l’écart entre récolte et accroissement biologique, leurs expériences ont montré toute la valeur de celui-ci comme un « tampon indispensable à tout système biologique en situation de durabilité ».
En clair, lorsque l’ IFN ( Inventaire Forestier national) donne comme valeur de production biologique de la forêt française, 80 millions de M3, on ne doit pas prélever cette valeur, mais rester bien en- dessous pour tenir compte des mortalités naturelles ou aléas climatiques, toutes les espèces inventoriées ne donnent pas des produits commerciaux… Pascal VINE, directeur de l’ONF a donné comme chiffre de récolte possible, 70% de la production. Je partage totalement cette appréciation de bon sens.
Voilà donc une autre réflexion, ce ne sera pas la dernière et c’est bien de réfléchir ainsi ! Guy ROCHON ( ex. agent ONF) Mars 2012 .
Pour étudier des plans de gestion concertée des massifs je suis, comme vous, favorable à la méthode Pro Silva et au regroupement des propriétaires, mais ce n’est pas en transformant la forêt en gruyère que l’on va contribuer à la stabilité de nos massifs, d’ailleurs la méthode Prosilva ne préconise pas ces coupes à blanc qui fragilisent nos forêts.
Les dessertes forestières sont bien entendu nécessaires, mais pas de cette ampleur ! D’autant que cela se fait généralement sans évaluation préalable de la ressource, bref la charrue avant les boeufs.
Quand aux personnes nommées, ou non, dans l’article, vous êtes tout simplement cité car vous êtes à l’origine de ce projet.
J’imagine que les personnes qui ont préféré garder l’anonymat ne le font pas par plaisir d’avancer masqué mais tout simplement par crainte de représailles; la mise en place de ces projets s’est faite à la façon d’un rouleau compresseur, toute critique doit être éradiquée.
Ce n’est pas de la lâcheté, mais plutôt une précaution élémentaire pour éviter certains retours de bâtons dans un secteur où la hiérarchie autoritaire a le vent en poupe.
Thierry Sieffer
Malheureusement , les visites sur le terrain permettent d'attester que les prises de vues reflètent bien la réalité.
Si l'utilité de pistes de dimensions et de densité raisonnables n'est pas contestée, j'aurai tendance, pour ma part, à mettre la disproportion et la surdensité des dessertes actuelles, en relation avec la taille et le poids de plus en plus imposants des engins que l'on projette de faire pénétrer en forêts (abatteuses, débardeurs et grumiers..) plutôt qu'avec la difficulté de transporter les tronçonneuses et les bidons d'huile sur 500 mètres...
Il est également utile, dans le contexte du Plan Pluriannuel de développement des massifs forestiers, de rappeler que 70 % du coût HT de ces "infrastructures routières" sont pris en charge par l'Etat, la Région, l'Europe et la Chambre d' Agriculture (notre TFNB),
que la restructuration foncière forestière bénéficie d'avantages fiscaux substantiels (baisse des 3/4 de l'ISF, baisse des 3/4 des droits de succession, prime à l'acquisition du foncier, réduction des frais notariaux..) assortis d'une obligation de production.
Il est, par ailleurs, difficile de ne pas voir dans ce remembrement forestier un moyen d'accroître le rendement dans le cadre d'une sur mécanisation de la récolte de bois en route vers l'intensif.
On peut, également, légitimement douter que les nouvelles aides à la plantation de résineux (épicéa, sapin, douglas et mélèze) (le FA3R) pour des superficies comprises entre 50 a et 4 ha, représentent le moyen le plus sûr d'évoluer vers une futaie irrégulière et des peuplements mélangés.
Néanmoins, il faut se garder de sous estimer l'attachement indéniable à leur forêt constaté chez de nombreux petits propriétaires privés et sylviculteurs et qui constitue le socle de leur refus d'une évolution sylvicole "durable" vers les "champs d'arbres".
Danielle Schaeffer
D'abord merci à Mme Schaeffer pour sa réponse objective et argumentée qui augmente significativement le niveau du débat.
La densité de la desserte à Ranrupt peut en effet à certains endroits paraître dense et les distances entre chemins de montagne qui sont dans l'idéal de 150 m sur la pente peuvent ponctuellement être inférieurs à cet optimum du simple fait que les parcelles forestières à Ranrupt sont très morcelées et de surcroît ont le plus souvent leur grande longueur parallèle aux courbes de niveau et non sur le sens de la pente comme ailleurs.Les projets tracés à Ranrupt tiennent compte de cette réalité et malgré cela de nombreux propriétaires n'ont pas un accès direct au chemin et doivent passer au travers de leurs voisins pour accéder à leur parcelle ce qui n'est pas sans poser de problèmes lors des exploitations.
Voir 4 plans des projets sur notre site pour visualiser la situation de Ranrupt: http://www.crpf.fr/new/telechargement.htm
A la vue de ces plans, personne je pense ne peut raisonnablement remettre en cause la prime foncière et son utilité... La prime est incitative au regroupement et consiste simplement à donner une subvention à l'acheteur voisin égale aujourd'hui à à peu près à la moitié des frais de notaire qui s'élèvent au minimum à 750 €/acte alors qu'un terrain à boiser s'achète à Ranrupt entre 20 et 25 € de l'are ce qui veut dire que les frais de notaires sont disproportionnés par rapport à la valeur des terrains forestiers morcelés et aux investissements à consentir ensuite, d'où ce coup de pouce en contrepartie d'un engagement de gestion durable. Ceci permet à des propriétaires souvent âges qui délaissent leur bien de trouver acquéreur pour leur petite parcelle.
Pour les droit de succession il y a lieu de les défendre bec et ongle pour le monde écologique comme pour nous, car sans eux au moment du décès et de l'héritage les droits seraient tellement importants que de nombreux héritiers voulant garder leur bien se verraient dans l'obligation de couper une partie de leur forêt pour payer, ce que personne ne souhaite. Les forêts ne sont taxées qu'au 1/4 de la valeur revient à ne taxer que le fonds (le sol) et éxonèrent en fait les arbres qui mettent de 60 à 200 ans à être récoltés en sachant qu'une forêt change de main tous les 30 ans en moyenne vous imaginez le poids fiscal devant être supporté sur un seul cycle de production et les risques encourus pour la forêt sans reconnaissance du long termes de notre production de bois. Cette exonération est de plus soumise à condition d'un gestion durable effective pendant 30 ans. Tout se tient pour protéger la forêt et éviter sa surexploitation.
Le FA3R n'est adapté et appliqué qu'au contexte des forêts morcelées de résineux (les fameux hagis) qui sont un cas particulier car impossible à éclaircir ou à gérer en Futaie irrégulière sans faire prendre un risque très important à leur propriétaire. A cas particulier mesure particulière.
Enfin je partage votre avis sur l'attachement des propriétaires à leur bien. Je partage votre refus de l'évolution sylvicole « durable » vers les « champs d’arbres ». Nous ne préconisons pas cette évolution non plus à une condition près cependant "c'est de pouvoir régénérer naturellement nos forêts avec toutes les essences du cortège floristique" car sans renouvellement pas de gestion durable en forêt et cela nous en sommes loin aujourd'hui au vu des densités de cerfs et chevreuils dans nos forêts. Alsace Nature a manifesté aux côtés des chasseurs à Strasbourg en 2012... Sur ce sujet préoccupant leur silence est lourd et incompréhensible pour les forestiers au vu des atteintes à la biodiversité végétale et à la gestion durable subies par la forêt en Alsace. Le Sapin des Vosges et les Chênes sont en danger car impossibles à régénérer sans clôtures onéreuses. Faut-il remplacer les champs d'arbres par des clôtures ? Nous répondons non.
En conclusion, à Ranrupt nous sommes dans un contexte particulier que l'on rencontre surtout dans la haute vallée de la Bruche. Dans le Val de Villé les forêts privées sont différentes et nous pratiquons autrement y compris en forêt morcelée. Je vous invite à venir nous voir à Neuve Eglise par exemple pour prolonger cette discussion.
Pascal ANCEL
je réagit à votre article qui me cite sous le sous titre "Vincent Ott cumulard de la forêt privée...Je suis Pascal Ancel.
Votre article est injurieux, avec des attaques personnelles, basé sur des sentiments, des émotions et hélas jamais sur des faits objectifs.
Est-ce cela le journalisme ?
En effet sur 87 personnes concernées par les chemins à Ranrupt seuls 7 se sont exprimés contre soit 7 % des propriétaires pour moins de 3 % des surfaces concernés (résultats de l'enquête publique menée en 2013 du 14 au 28 mars où chaque propriétaire a été consulté par écrit. Ca ce sont les faits !
Vous me nommez et ensuite vous parlez d'un habitant et exploitant forestier de Ranrupt qui témoigne conter les chemins. J'imagine que c'est lui qui est à l'origine de tout cela. Un peu de courage madame qui est cette personne ? On ne peut dénoncer certains et protéger et laisser dans l'ombre d'autres, Là encore c'est une drôle de façon de faire du journalisme.
Enfin je suis un adhérent de Prosilva de la première heure puisque j'ai participé à la première assemblée générale de Prosilva France au mont saint Odile en 1990.
Vous opposez Prosilva et les chemins. Sachez qu'un traitement des forêts en futaie irrégulière nécessite comme toute autre sylviculture des chemins. Pour vous en convaincre essayez Madame de porter une tronçonneusede 7 kg, un bidon d'essence, un tourne-bille, votre casse-croute un bidon d'huile de chaîne...sur 500 m sur une pente de 30 à 40 % et je pense que vous comprendrez pourquoi il vaut mieux avoir un chemin tous les 150 m en forêt...
Vous opposez Prosilva et la coupe à blanc de parcelles d'Epicéa pure et dense sur ancienne terre agricole (ce sont les forêts en question à Ranrupt). Qu'y-a-t-il comme végétation sous ces arbres plantés serrés il y a 40 ans ? Aucune ne pousse, C'est un désert écologique. Faut-il alors pleurer après une coupe à blanc de faible taille de certaines de ces parcelles ?
Et l'avenir de tout cela ? Mr Ott vous l'a expliqué: un regroupement du foncier préalable à toute gestion digne de ce nom dans une économie ancrée dans le monde réel, une nouvelle forêt moins dense, plus mélangée et plus stable aux aléas climatiques car appartenant à des sylviculteurs engagés et travaillant dans leur bois. C'est ceci qui permettra de pratiquer un traitement en futaie irrégulière à moyen termes car il y aura un intérêt économique et une surface regroupée permettant de faire des éclaircies rentables qui ont fait défaut dans les forêts d’Épicéa trop morcelées des années 1960 que vous avez photographié.
En bref les chemins sont une nécessité et les coupes à blanc des pessières sur ancienne terre agricole un choix imposé par l’extrême sensibilité des ces forêts non éclaircies au vent sauf à faire prendre un risque financier important au propriétaire en réalisant des éclaircies tardives de type jardinatoire.
La gestion des forêts (privées ou non, d'ailleurs) est me semble-t-il une question foncièrement idéologique, que l'on soit propriétaire, industriel ou engagé dans la protection de la nature. Votre vision est défendable, je n'y adhère néanmoins pas. A vous lire, je regrette par ailleurs que nous nous soyons manqués il y a quelques semaines... Enfin, le fait de ne pas citer l'un des intervenants est une façon toute journalistique - ne vous en déplaise - de protéger cette source, qui est mal à l'aise face à l'unanimisme ambiant. Vous le comprendrez aisément. Cordialement, MM
Article partisan, surenchère verbale pour créer de la polémique sur un sujet que vous ne maîtrisez manifestement pas. On peut critiquer des projets (à condition de les avoir compris) sans utiliser "à tour de bras" les mots massacre, ravage, scandale etc...
Pour utiliser votre style catastrophiste cet article est un génocide thermonucléaire de l'intelligence journalistique.
Je fais partie des nombreux petits propriétaires de forêts qui sont bien contents d'avoir de nouvelles routes ou pistes pour enfin sortir leur bois dans des conditions acceptables . Visiblement vous avez oublié de nous demander notre avis... Pas étonnant quand on lit votre article d'une honnêteté d'arracheur de dents.
Ça suffit les bobos !
:-)
C'est quand même hallucinant que les pouvoirs publics évoluent positivement dans certaines de leurs pratiques (via l'ONF, qui n'est pas parfaite mais a quand même compris certains messages, surtout après la tempête de 1999!) mais par ailleurs encouragent via ces "subventions d'amélioration du foncier" de telles pratiques...
On aurait aimé savoir dans cet article ce qu'en pensent les services de l'état ou de l'Europe qui "encouragent" ces pratiques, volontairement ou à leur corps défendant: est-ce délibéré (via certains lobbies) ou est-ce un détournement rusé par certains de fonds destinés à une autre politique (ce qui arrive parfois!)? Peut-être un complément serait-il nécessaire à ce bon article sur ce point?
impasse 2014