
Le Forum de la démocratie se penche du 2 au 8 novembre sur l’état de l’information. Le programme public, principalement à l’Aubette, permet de se faire une idée sur les enjeux qui secouent les médias, dont la bonne santé est essentielle au fonctionnement de nos institutions démocratiques.
Chaque année quand les frimas de l’hiver se font sentir à Strasbourg, le Conseil de l’Europe s’interroge sur l’état de la démocratie. Et le thème de ce forum mondial cette année concerne l’information, l’organe circulatoire des démocraties. Et il faut bien le dire, la situation de l’information des citoyens, et des médias en particulier, est préoccupante.
L’irruption des réseaux sociaux, qui succède à la révolution d’Internet qui s’est abattue sur des médias fragilisés, a transformé le paysage informationnel de nombreux citoyens en maelström où se mêlent fausses nouvelles, informations tronquées de propagande, messages commerciaux, sites bourrés d’inexactitudes et produits quasi-automatiquement dans le seul but de récupérer des données personnelles et… au même niveau, les médias d’informations journalistiques.
Menaces contre le jugement éclairé
Il faudra peut-être plus que quelques conférences et rencontres entre experts et diplomates au Conseil de l’Europe, du 6 au 8 novembre, pour sortir de cette situation qui menace les démocraties représentatives, en donnant aux extrémistes et aux complotistes de tous bords une audience inespérée.
La démocratie la plus puissante du monde, les Etats-Unis, ont élu un clown colérique à sa tête, provoquant des ressacs sur toute la planète dont les Kurdes sont les dernières victimes. Le Royaume-Uni se découvre plus européen qu’il ne le croyait et ne sait plus comment se sortir d’une trajectoire mortifère… Partout, les dégâts sont considérables.
Le programme public, qui débute samedi 2 novembre jusqu’au vendredi 8 novembre permettra peut-être d’alerter les citoyens sur ces enjeux colossaux, s’il parvient à intéresser au-delà de ceux qui se sentent déjà concernés. Place de YouTube, fake news, enjeux de l’investigation dans l’information avec notamment les documentaires Meurtre à Malte (lundi) et L’Enquête (dimanche)… De nombreuses rencontres et ateliers sont programmés (voir ci-contre), principalement à l’Aubette place Kléber.
Rue89 Strasbourg mobilisé avec 5 enquêtes
De notre côté, nous avons choisi de participer à ce moment de mobilisation sur l’information en publiant chaque jour une enquête sur Rue89 Strasbourg. Média local indépendant, Rue89 Strasbourg est l’une des rares rédaction en capacité d’enquêter longuement et en profondeur sur des situations et des enjeux locaux. Pour progresser, nous avons besoin du soutien des lecteurs et c’est pourquoi nous avons lancé une « édition abonnés » (5€ par mois, 50€ par an).
Des dessins pour la paix
En parallèle du FDLM, Cartooning for peace (dessins pour la paix) organise une série d’événements autour du dessin de presse, avec notamment une grande fresque le 6 novembre à 17h au Conseil de l’Europe, des expositions, des ateliers et des rencontres (programme complet ici). Notre super dessinateur, Piet, sera présent mardi 5 novembre à 13h30 à l’Aubette pour un atelier sur l’impact des images.
Mais à part à permettre à quelques éditocrates et professionnels de la politique de s'auto-satisfaire dans des beaux discours et conversations mondaines lors du buffet bien fourni et payé par les contribuables , j'ai beaucoup de mal à comprendre à quoi il sert vraiment.
Vous défendez votre boutique, et on ne peut pas vous le reprocher. Vous faites un travail honorable. Mais face au rouleau compresseur des BFM, TF1, Libémonde, Ebra et consort, la mafia sait rester au pouvoir. Et à la lecture, 40 ans après, des contours de l'affaire Boulin, on ne peut que se dire que les choses sont définitivement mal engagées pour la démocratie en France, et, franchement je ne partage pas votre optimisme sur l'impact que peuvent avoir ces causeries institutionnelles.
https://www.humanite.fr/affaire-boulin-un-crime-detat-passe-sous-silence-679505
https://www.humanite.fr/laffaire-boulin-40-ans-de-secrets-679465
Parmi les intervenants j'ai noté la présence d'une directrice des politiques publiques de Facebook. Quand on connaît le rôle de Facebook dans l'élection de Donald Trump et le fait que Facebook acceptera toutes les publicités politiques y compris mensongères dans la prochaine campagne américaine, il est assez désolant de voir une telle personne parler de démocratie.
Autre intervenant à mon avis problématique : Christine Ockrent. Insubmersible éditocrate toujours prompte à voler au secours du pouvoir, elle a dû quitter la direction de France24 (où elle avait été nommée par son époux) suite à une motion de défiance votée par une majorité écrasante de salariés.
Et pour finir, dans le débat intitulé Liberté d’expression et protection des journalistes, Sibeth Ndiaye, secrétaire d'état d'un gouvernement qui a réprimé le mouvement des gilets jaunes. À ce jour, dans le cadre de ce mouvement, il y a 96 plaintes de journalistes pour violence policières.
Et combien de flics pour protéger ce forum ? La démocratie est bien gardée.gardée.
- le Forum mondial de la démocratie est un événement du Conseil de l'Europe, il est donc payé par vos impôts nationaux, ainsi que ceux des citoyens des 46 autres pays membres.
- le volet public du FMLD est lui payé par vos impôts locaux MAIS il est complètement accessible au pekin moyen comme vous dites. S'interroger une fois par an sur le sens de la démocratie et ses outils est une mission de service public largement bienvenue.
En tant que dessinateur et participant cette année, je suis un peu sur une corde raide. Ne pas en être c'est perdre une occasion de parler de mon travail et laisser d'autres le faire à ma place, d'une manière qui ne me plaît pas toujours. En être, c'est risquer de participer à un exercice de notabilisation et d'y laisser un peu de ma crédibilité. J'ose espérer qu'il y a une troisième voie qui consiste à profiter de cette tribune pour bousculer un peu tout ce petit monde à la hauteur de mes modestes moyens.
Je vous dirai comment s'est passé le débat avec Christine Ockrent ;).