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Au Forum de la démocratie, l’expansion du populisme inquiète et interroge

Des régimes qui se tendent, des dirigeants élus qui surfent sur le nationalisme et qui verrouillent les contre-pouvoirs et les médias… C’est en Europe que ça se passe et pour le Conseil de l’Europe, il est temps d’essayer de comprendre le populisme, ce cancer des démocraties. Plusieurs conférences, rencontres, projections et expositions sont ouvertes au public du 3 au 10 novembre.

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Comment naissent les dictatures ? Par la peur (Photo Jean-Louis Mazières / FlickR / cc)

Qu’arrive-t-il aux démocraties ? Brexit au Royaume-Uni, Donald Trump aux États-Unis, le Front national au second tour de l’élection présidentielle en France, irruption de l’AfD en Allemagne, le FPÖ dans le gouvernement autrichien, sans parler des gouvernements nationalistes en Pologne, Hongrie, Russie, Turquie… Et en mars 2017, c’est l’extrême-droite, en tête des sondages, qui pourrait emporter les élections législatives hollandaises…

Pour le Conseil de l’Europe, dont l’une des missions est de promouvoir la démocratie, cette résurgence d’un populisme en période de paix et de prospérité a de quoi inquiéter. C’est pourquoi l’institution internationale, qui fédère 47 états membres, principalement européens, a choisi de questionner le populisme pour sa sixième édition du Forum mondial de la démocratie, du 8 au 10 novembre.

Peu de populistes invités à s’exprimer malheureusement, les membres du Conseil de l’Europe débattront surtout entre experts, sur des sujets comme la vérification dans les médias, la démocratie participative, comment répondre aux réactions populistes anti-migrants, comment renforcer le poids du vote, etc. Le Forum est théoriquement gratuit et ouvert à tous mais sur inscription préalable et elles sont closes depuis le 25 octobre.

Une « agora » participative et citoyenne à l’Aubette

Fort heureusement, la Ville de Strasbourg adjoint au programme officiel une partie « off » : des événements gratuits, en ville et ouverts à tous, sur le même thème du populisme en démocratie (télécharger le programme complet sur JDS.fr). Un premier débat, vendredi 3 novembre à 18 h à la Cité de la Musique et de la Danse, essaiera de répondre à la question « Faut-il tout jeter dans le populisme ? » avec Nicolas Baverez, avocat, chroniqueur et auteur de La France qui tombe, et Raffaele Simone, linguiste et professeur à l’Université de Rome, auteur de Si la démocratie fait faillite.

Nouveauté cette année, l’Aubette a été transformée en « agora » pour réfléchir du 3 au 10 novembre, en continu, sur la démocratie et les menaces qui pèsent sur elles, avec une exposition installée par Reporters sans frontières sur qu’est-ce que l’oppression et l’intimidation de la part d’un État, des débats, des rencontres et des ateliers comme l’écriture collective d’une chanson, des improvisations, du slam ou encore des atelier d’illustration.

  • Spectacle d’improvisation : samedi 4 novembre à 20h, proposé par le Théâtre de l’Oignon
  • Un spectacle de slam : dimanche 5 novembre à 20h30, proposé par l’association Oaz’art.

Mais au fait d’où vient le populisme ?

Parmi les événements programmés au Off, notons le débat entre Emmanuel Todd et Bernard Guetta, lundi 6 novembre à 17h30, à l’Opéra du Rhin (entrée libre), sur la question du populisme et des élites. Pour Bernard Guetta, Vladimir Poutine est non seulement précurseur mais aussi maître à penser du populisme. En face de lui, Emmanuel Todd affirme que « le populisme, c’est un peuple qui n’a plus d’élites. »

Autre « grand rendez-vous » du forum Off, la table ronde mardi 7 novembre à 18h à la librairie Kléber : « Un an de Trump, la régression démocratique », avec Lisa Simone , comédienne et chanteuse américaine, Bérangère Cagnat, chef du service Amérique du Nord à Courrier International, Ezra Suleiman , professeur de science politique à l’université de Princeton, Jérémie Gallon, directeur général de l’American Chamber of Commerce, Alexandra de Hoop Scheffer , directrice du bureau de Paris du centre de recherche German Marshall Fund.

Le lendemain, 17h au même endroit, « De quoi est fait notre nouveau monde ? », un entretien avec Marcel Gauchet. Dans le troisième tome de L’avènement de la démocratieÀ l’épreuve des totalitarismes, paru en mars, l’historien et philosophe a décrypté la dynamique qui anime les trois expériences de totalitarisme, de 1914 à 1974, le bolchévisme, le fascisme et le nazisme.

Comment naissent les dictatures ? Par la peur (Photo Jean-Louis Mazières / FlickR / cc)
Comment naissent les dictatures ? Par la peur (Photo Jean-Louis Mazières / FlickR / cc)

Le populisme en guest star

Plusieurs projections sont prévues au programme du Off, dont celle de Iz-La Trace, de Hakan Gürer. Ce film présente la répression dans une prison militaire de Turquie après le coup d’État du 12 septembre 1980, vendredi 3 novembre à 20h15 à l’Odyssée. La projection sera suivie d’un débat.

Can Dündar lors de la remise du prix RSF pour la liberté de la presse le 17 novembre 2015 à Strasbourg. (Photo : Wikipédia / cc)

Le lendemain, même au même endroit, encore la Turquie avec le documentaire sur le journaliste Can Dündar, Adieu à la Turquie. Exilé après avoir été emprisonné, puis victime de tentatives d’assassinat, Can Dündar avait mis au jour les liens entre le pouvoir turc islamo-conservateur et Daesh en Syrie, notamment contre les Kurdes. Il montre dans ce documentaire comment la répression s’est intensifiée en Turquie depuis la prise de contrôle de Recep Tayyip Erdogan et ses effets sur la diaspora turque. Un documentaire simple mais très dérangeant.

Notons également, une soirée entièrement consacrée aux séries TV, intitulée « Le populisme en Guest Star », vendredi 10 novembre à 18h à l’UGC Ciné-Cité. Dominique Moïsi, politologue et géopoliticien, auteur de La géopolitique des séries ou le triomphe de la peur, François Jost, professeur à Sorbonne Nouvelle Paris III et auteur de nombreux essais sur les séries et la télévision, Marianne Chaillan, professeure au lycée Saint-Joseph de la Madeleine à Marseille, auteure de Game of Thrones, une métaphysique des Meurtres, Eric Benzekri, co-créateur de la série Baron Noir, évoqueront comment le populisme existe dans les séries télé.


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