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Fronde contre les nouveaux assistants à la sécurité dans les collèges

Les syndicats d’enseignants SUD Education et Snes s’opposent à l’installation d’assistants de prévention et de sécurité dans les collèges. Ce nouveau poste est proposé par le ministère de l’Éducation nationale à une sélection de collèges en zone d’éducation prioritaire. Quinze postes sont prévus en Alsace, mais quatre collèges ont déjà refusé cette embauche, après un vote négatif de leur conseil d’administration. D’autres pourraient suivre.

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Fronde contre les nouveaux assistants à la sécurité dans les collèges

Le collège Hans Arp à Strasbourg-Elsau fait partie de la liste des quinze collèges sélectionnés pour recevoir un assistant de prévention et de sécurité (Photo Archi-Strasbourg / CC)

La fiche de poste vient d’être publiée sur les panneaux de Pôle Emploi et sur le site de l’académie de Strasbourg (pdf). Le ministère de l’Éducation nationale recherche, en Alsace, quinze « Assistants de prévention et de sécurité », chargés de participer à « l’amélioration du climat scolaire » en renforçant les actions de « prévention et de sécurité au sein des établissements ». Mais la liste des collèges bénéficiaires de ces créations de postes évolue sur le site de l’académie, car déjà quatre conseils d’administrations d’établissements ont voté contre ces embauches : les collèges François-Truffaut et Solignac à Strasbourg, celui de Bourtzwiller et le collège Kennedy à Mulhouse.

C’est le syndicat d’enseignants SUD Éducation qui a lancé cette campagne contre l’embauche des Assistants de prévention et de sécurité (APS), comme l’explique Nicolas Tatessian, enseignant d’histoire-géographie au collège François-Truffaut de Strasbourg-Hautepierre et porte-parole du syndicat en Alsace :

« Sans aucune concertation, le ministère envoie des gens sans formation assurer un travail de conseiller principal d’éducation (CPE), qui s’obtient après un concours, avec en plus un volet sécurité dont on n’a pas besoin. Il faut arrêter avec les discours sécuritaires : on parle de collèges. Je suis enseignant depuis huit ans à François-Truffaut et je n’ai jamais ressenti de sentiment d’insécurité provoqué par les enfants… »

Des vigiles dans les collèges ?

Le mot « sécurité » dans l’intitulé du poste a fait tiquer. Certains craignent que le ministère de l’Éducation nationale n’ait voulu introduire dans les collèges des vigiles ou des gros bras, comme Jean-Louis Hamm, responsable régional du Snes, le principal syndicat d’enseignants :

« Au comité technique ministériel, le Snes avait déjà voté contre l’installation de ces APS. Assez logiquement, on appelle nos représentants dans les conseils d’administration à voter contre ces embauches. On a besoin de CPE, de surveillants, d’assistants d’éducation, d’infirmières oui mais pas de vigiles déconnectés des réalités pédagogiques et dont les contrats de travail, en plus, sont très précaires. »

Les fiches de postes des APS mentionnent des CDD d’un an, renouvelables, avec des salaires mensuels de 1440,58€ bruts. Mais elles s’adressent à des personnes titulaires d’un Bac+2 au minimum et les chefs d’établissements, qui ont débuté les entretiens depuis deux semaines, reçoivent fréquemment des offres de personnes très diplômées, Bac+5 par exemple. Ils reçoivent également de nombreux CV d’agents de sécurité.

Refuser la création d’un poste, une position inhabituelle pour les syndicats d’enseignants… Mais pour Nicolas Tatessian, il s’agit aussi d’une question de principe :

« L’Éducation nationale ne doit pas participer à la précarisation de la société. Ces contrats d’une durée de 39 à 45 mois, renouvelables ou pas à la discrétion du chef d’établissement, sont à dénoncer. On refuse d’entrer dans cette espèce de chantage de l’académie, qui nous dit « c’est ça ou rien »… On nous balade pendant des mois en nous disant qu’il n’y a pas d’argent et là, tout d’un coup, on en trouve et même assez pour les former à l’extérieur pendant huit semaines alors que les plans de formation des enseignants sont vides. »

Selon le rectorat de l’académie, la formation des APS se déroulera en partie en ligne, en partie sur place et en partie auprès de partenaires, tels que les commissariats de quartier, la protection judiciaire de la jeunesse, etc. La formation en Alsace est encadrée par un CPE, enseignant à l’IUFM.

Incompréhension des chefs d’établissement

Du côté des chefs d’établissements, c’est l’incompréhension qui domine. Jacques Schweitzer, principal du collège Solignac à Strasbourg-Neuhof, n’est toujours pas revenu du vote négatif de son conseil d’administration la semaine dernière :

« J’ai du mal à comprendre… Cet assistant, on en avait besoin, j’avais repéré des profils très intéressants, tous dans l’éducatif et non issus du domaine sécuritaire. Tous les établissements scolaires sont vulnérables face à un événement impromptu qui dégénère… Pouvoir compter sur une personne, qui peut réagir vite et avec les bonnes pratiques aurait été précieux. »

Isabelle Mimtz, principale du collège de Bourtzwiller près de Mulhouse, est plus catégorique :

« On a dû faire face à des concepts syndicaux obsolètes. Bien sûr que ces contrats ne sont pas idéaux, mais les personnes auraient pu se créer une expérience avec le temps. Mais le ministère a voulu aller trop vite. Avec une circulaire fin août, un bulletin officiel début septembre et la liste des collèges concernés il y a deux semaines seulement, on n’a pas eu le temps d’expliquer. »

Lorsqu’un collège refuse un APS, le poste est proposé à un autre selon le rectorat qui précise qu’un tiers des conseils d’administrations de collèges alsaciens ne s’est pas encore prononcé.


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