
Pour protester contre des économies prévues dans le futur budget de la Sécurité sociale, la majorité des laboratoires de biologie bloquent les nouveaux prélèvements et ferment au public à partir de lundi 9 janvier.
Suite à un projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024 à 2026, le gouvernement demande aux laboratoires de biologie médicale un effort budgétaire d’environ 1,3 milliard d’euros. C’est trop pour l’Alliance de la biologie médicale (ABM), qui fédère l’ensemble des acteurs du secteur et donc les quelques 4 200 laboratoires français.
Après un premier mouvement de grève en décembre, l’ABM appelle ses adhérents à un arrêt total des prélèvements au public à partir de lundi 9 janvier. Dans le Bas-Rhin, le réseau Bio 67 (Ouilab) suivra le mouvement avec ses 43 laboratoires, comme l’explique son responsable de la communication, Philippe Kahn :
« Tous les laboratoires seront fermés au public, au moins pendant une semaine, voire plus si le gouvernement n’entend pas nos demandes d’ici là. On continue cependant les prélèvements cliniques et urgents, pour des bilans avant une chimiothérapie ou des tests pré-opératoires par exemple. »
Philippe Kahn précise les enjeux du mouvement :
« On défend une biologie de proximité, avec des petits laboratoires proches de gens. Si cette réforme passe, on estime que 10% des sites pourraient disparaître, avec des conséquences incalculables en raison d’absence de détection de pathologies par des personnes qui n’auront plus accès facilement à un laboratoire. »
Membres de l’ABM, les réseaux Biogroup et Laboratoires B2A, très présents en Alsace, devraient également fermer leurs accueils au public. Selon Philippe Kahn, la biologie médicale mobilise 2% des ressources de la Sécurité sociale, pour un coût par Français de 57€ par an contre 82€ par an en Allemagne.

Les laboratoires ont généré un bénéfice exceptionnel dû aux tests covid de 850 millions d’euros lors de la crise sanitaire mais rappellent leur « mobilisation exceptionnelle à la demande des autorités » pour réaliser ces tests (environ 168 millions de tests PCR et 3,15 millions de tests antigéniques sur les 332 millions de tests réalisés entre le 7 mars 2020 et le 24 octobre 2022).
L’ABM propose un effort budgétaire de 685 millions sur quatre ans (250 millions de contribution exceptionnelle en 2023 et 145 millions de réduction des dépenses en 2024, 2025 et 2026), cette proposition n’a pas été acceptée par le gouvernement pour l’instant. Si la grève se prolonge, les laboratoires prévoient un arrêt des remontées des résultats ou l’arrêt des tests PCR.
https://biogroup.fr/presentation-biogroup/
avec plus de 800 sites affiliés .
"Le modèle des groupes financiarisés de laboratoires fondant leur modèle de croissance sur les fusions acquisitions via la levée continue de dette LBO continue de prospérer. Refinancement à coup de milliards, entrée en bourse, rien ne semble pouvoir tempérer et stabiliser la course effrénée des rachats depuis les années 2000, dans une fuite en avant permise et accélérée par la levée de dette facile. D’autant que la manne des tests Covid est quasi providentielle. Alors qu’on prévoyait un tassement du niveau de valorisation des parts de laboratoire, ils n’ont jamais été si élevés au sein de ce secteur en voie de consolidation finale.
Pour celles et ceux qui prendraient le train en marche, le nombre total de sociétés exploitant des laboratoires de biologie médicale est ainsi passé de 5 000 en 2008 à environ 400 aujourd’hui. Financée par l’arrivée de fonds d’investissements (PAI, Cinven, Partners, PSP,…) constituant un environnement financier très favorable et la nécessité imposée de maitrise des dépenses de santé, cette consolidation à marche forcée se traduit par l’émergence d’importants groupes tels que Biogroup, Cerba, Inovie, Synlab, Eurofins… dont les chiffres d’affaires annuels dépassent allègrement les 200 M€ pour tutoyer le milliard, et dans lesquels les biologistes médicaux ne sont plus les actionnaires majoritaires."
Aujourd’hui, 40 % du marché est entre les mains de trois acteurs : Biogroup, Cerba et Inovie. Puis viennent Synlab, Unilabs ou Eurofins, qui sont des laboratoires généralistes dont les activités de santé humaine ne représentent qu’une partie du chiffre d’affaires.
https://viedebio.com/2022/06/27/sars-cov-2-le-cygne-noir-ou-la-puissance-de-limprevisible/
Il faut donc bien distinguer ce type de "financiarisation" galopante et les labos qui restent artisanaux et indépendants.
Ils n'ont pas le même poids et ne devraient pas supporter les mêmes efforts d'économies, légitimes, au plan collectif.