Le projet Hantologie pour les débutant⸱es mené par Boris Eldagsen est proposé via une double présentation. Une première partie à La Chambre, galerie dédiée à la photographie, du 22 novembre au 25 janvier 2026 et une seconde à l’espace de recherche-création La Cryogénie, du 22 novembre au 19 décembre 2025. Avec l’intention de partager cette réflexion à l’ensemble du campus universitaire, l’œuvre s’étend jusque sur la façade de l’Atrium – centre de culture numérique de l’Université de Strasbourg situé au centre du campus de l’Esplanade – sous la forme d’une installation monumentale créée spécifiquement pour cet événement.

À la fois artiste et philosophe, Boris Eldagsen côtoie le médium photographique par le biais de programmes d’intelligence artificielle générative dont il se sert comme des outils de conception artistique. En 2022, il découvre Dall-E, une application qui permet de produire des images à partir d’une commande écrite (appelée un prompt).
Quelque chose manque et vous le savez
Au début du parcours d’exposition à La Chambre, l’artiste présente un mélange d’images polaroïd, d’images analogiques en noir et blanc et d’images d’archives produites avec l’intelligence artificielle : Quelque chose manque et vous le savez. Il nomme sa technique promptographie, en rappel de la commande envoyée aux algorithmes.

Sa série Trauma Porn lui a été inspirée par son père : celui-ci, alors âgé seulement de seize ans, a grandi avec la Seconde guerre mondiale. Ce n’est qu’à la fin de sa vie qu’il commence à retrouver les souvenirs et les traumatismes vécus. L’artiste propose de s’emparer de cette mémoire en tant que personne ordinaire qui n’a pas subi ces événements. Cette thématique, récurrente dans son travail, reste difficile à aborder en Europe. Pour Boris Eldagsen, le défi majeur de notre société contemporaine réside dans le retour du fascisme. Dans une critique de la situation socio-politique actuelle, l’artiste utilise des images de référence datant des années 1930 et 1940 en les modifiant par de nouvelles techniques à l’aide de Dall-E ou Chat-GPT.


La sensation demandée n’est pas disponible
Dans la continuité de la thématique mise en avant par l’Université de Strasbourg sur l’intelligence artificielle, la deuxième partie de l’exposition à La Cryogénie, accueille en avant-première l’installation La sensation demandée n’est pas disponible (2025). Marouflée à même les murs intérieurs et extérieurs de l’espace, la fresque de Boris Eldagsen est parsemée de zen koans – anecdotes ou proverbes contenus dans des fortunes cookies – plantés par des épingles à de nombreux endroits sur le panorama immersif.
L’œuvre invite les visiteurs à venir lire les petits morceaux de papier, tous rédigés avec une intelligence artificielle. Les deux langues retenues par l’artiste, le français (en bleu) et l’anglais (en rouge), offrent la possibilité de choisir le mode de lecture. Trois vidéos projetées sur des téléviseurs, présentent des interviews fictives de trois personnalités : Vincent Van Gogh, Charles Bukowski et un stéréotype de punk.
Pour l’artiste, l’action de photographier permet de faire l’expérience du monde, d’aller à sa rencontre. À l’inverse, avec les intelligences artificielles, il n’y a plus d’expérience sensible. Boris Eldagsen ne propose pas une interprétation de son travail, c’est au public de l’engager. Il incite à une réflexion personnelle et à faire le lien entre ce que l’on regarde et nos émotions, notre vécu.



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