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Les CRS délogent une 4è fois les « étudiants en lutte », à l’Institut de physique

Suite à une nouvelle assemblée générale qui s’est tenue dans un amphithéâtre de l’Institut de physique de l’Université de Strasbourg, les étudiants mobilisés contre le projet de réforme de l’enseignement supérieur et notamment la loi ORE, ont voté l’occupation du bâtiment pour la nuit. À 18h, les forces de l’ordre ont délogé les occupants, comme d’habitude.

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Les CRS délogent une 4è fois les « étudiants en lutte », à l’Institut de physique

Mise à jour : Vers 18h, les CRS ont pour la quatrième fois d’affilée délogé les occupants le soir-même du vote de l’occupation. Il n’y a pas eu de confrontation.

C’est en petite foulée que les « étudiants en lutte » se sont déplacés sur le campus ce jeudi 3 mai, en milieu de matinée, à la recherche d’un lieu pour y tenir leur assemblée générale. Face aux agents de sécurité moins nombreux, les étudiants ont remporté la course, désignant l’Institut de physique, voisin du Palais universitaire comme point d’arrivée. Ils étaient partis du Patio, à 900 mètres de là. Alors que les étudiants investissaient les lieux, un véhicule de police s’est stationné en face de l’entrée.

À la fin de l’AG deux heures plus tard, l’occupation « de jour et de nuit » du bâtiment a été votée à une large majorité par les 150 étudiants présents environ. L’accès est laissé libre aux étudiants qui souhaitent se joindre à l’action. Sur le campus de l’Esplanade, le Patio a quant à lui été fermé pour la journée suite à une décision de la direction.

Jusqu’ici, les trois occupations nocturnes n’ont pas pu avoir lieu, car les forces de l’ordre avaient été mobilisées par le président Michel Deneken, à l’heure de fermeture officielle des bâtiments, soit 20h. Les occupants ont quant à eux toujours quitté les lieux dans un relatif calme, sans affrontement, ni dégradations.

Les étudiants et étudiantes opposés à la loi ORE et la sélection qu’elle induit occupent l’Institut de Physique (photo CA / Rue89 Strasbourg)

Des heurts entre étudiants et agents de sécurité

Plus tôt ce matin, une trentaine d’étudiants avaient formé une chaîne humaine afin de bloquer l’entrée de l’Institut Le Bel sur le campus de l’Esplanade, où devait se tenir un examen de sociologie. Aux alentours de 8 heures, le personnel de sécurité aurait alors tenté de briser cette chaîne.

Timothée, doctorant en philosophie a participé à l’action :

« Ils ont chargé et se sont mis à pousser les gens. Moi, je me suis fait attrapé à la ceinture abdominale et soulevé. »

Certaines étudiantes, elles, ont fait part « d’attouchements » lors des heurts, notamment aux cuisses.

Valentin (le prénom à sa demande a été modifié), l’un des participants de l’AG dénonce des directives :

« Il y a des consignes claires, qui sont de débloquer par n’importe quel moyen et certains font du zèle. Au delà d’assurer la sécurité des étudiants, ils ne sont pas censés faire le travail de gendarmes ou de CRS. On trouve cela scandaleux ».

Des examens reportés

L’accès à l’Institut Le Bel a depuis été rétabli et les examens qui devaient y avoir lieu dans la matinée ont été reportés. Ceux de l’après-midi ont pu s’y tenir. Plusieurs autres examens ont été ou seront reportés aujourd’hui, notamment à l’Institut de Physique, puisqu’il est occupé. Des examens ont été déplacés au Palais universitaire.

À l’Atrium, un enseignant en cinéma a proposé à ses étudiants un vote concernant le maintient d’un examen de la faculté des Arts du Spectacle. L’initiative a conduit au report du partiel, permettant aux étudiants qui souhaitent se mobiliser de rejoindre l’assemblée générale.

Au Patio, des étudiants de sociologie ont aussi organisé un boycott de la présentation des cartes étudiantes exigées à l’entrée. Ils ont reçu le soutien de trois professeurs dans leur face-à-face avec la sécurité et des vice-présidents présents. Ces professeurs ont rappelé que les cartes étudiantes ne peuvent être exigées ou que seuls les professeurs peuvent effectuer l’appel. Après une tentative de déménagement de l’examen du côté de l’Escarpe, le même problème des contrôles s’est représenté, si bien que le professeur qui souhaitait que l’examen se tienne sans vérification des cartes à l’entrée, a fini par devoir reporter son examen.

« Ce ne sont pas les étudiants qui ont empêché la tenue des examens à Strasbourg ce jeudi mais la présidence », estime l’intersyndicale des personnel dans un communiqué, qui revient sur ces événements :

« Des étudiants se sont présentés pour passer leur examen dans un autre bâtiment, et alors qu’ils avaient légalement le droit de composer, l’accès à ce bâtiment leur a été refusé. »

Ces six organisations disent « se réserve[r] la possibilité d’un recours au tribunal administratif contre l’utilisation abusive de vigiles privés, par l’université de Strasbourg, pour entraver l’accès de certains étudiants aux salles d’examen ». Ambiance…

Michel Deneken :  « faire tout ce qui est en notre pouvoir »

Le président de l’Université de Strasbourg Michel Deneken a de son côté réagi dans un mail adressé aux personnels aux actions de ce qu’il qualifie d’ »ultra minorité qui entend faire régner sa propre loi » :

« L’ensemble des services concerné reste mobilisé pour faire tout ce qui est en notre pouvoir pour permettre la tenue des examens dans les meilleures conditions et pour relocaliser au fur et à mesure les examens qui ont été empêchés, à venir, au jour le jour, que ce soit à l’université ou ailleurs. »

Son texte laisse donc entendre que les forces de l’ordre devraient revenir sur le campus ce soir. Selon Michel Deneken, « plus de 90% » des examens se déroulent normalement.

Il regrette par ailleurs que les étudiants n’aient jamais donné suite à son invitation à rencontrer une « délégation » de représentants. Ces derniers voulaient au contraire que le président vienne dans l’une de leurs assemblées générales, ce qu’il n’a jamais fait, préférant y envoyer certains vice-présidents.

Pour contrer les blocages à répétition, l’Université va aussi délocaliser certains examens en dehors du campus historique et de l’Esplanade (par exemple à Illkirch-Graffenstaden), voire dans des locaux qui ne lui appartiennent pas et éventuellement « sous protection policière ».


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