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Première réunion sur le budget local, interêt minimal

Comme elle le fait depuis quatre ans, la municipalité s’est prêtée à un exercice de transparence sur son budget 2023, ce jeudi 11 janvier. Malgré une présentation dense et chiffrée, les citoyens ont préféré interpeller les élus sur leurs préoccupations quotidiennes.

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Première réunion sur le budget local, interêt minimal
Jeanne Barseghian était présente pour la première réunion publique sur le budget local.

« Vous allez voir c’est passionnant”, s’enthousiasme la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian. Le 11 janvier se tenait la première réunion publique « Budget local, parlons-en » au Palais des fêtes. L’objectif ? Vulgariser le budget 2023 et venir à la rencontre des habitants dans un exercice de transparence démocratique. Seule réunion avec la maire, les trois autres présentations prévues seront faites par le premier adjoint en charge du budget, Syamak Agha Babaei, et l’adjointe en charge de la démocratie locale, Caroline Zielenski, qui joue le rôle d’animatrice. Ce jeudi soir, ils sont là tous les trois. En plus de la dizaine d’élus installés au premier rang, une soixantaine de personnes se sont déplacées.

« Le budget quezako ? »

Après de multiples remerciements, la présentation du budget commence, diaporama à l’appui. Première partie : « Le budget, quezako ? » « Il se divise en budget de fonctionnement et budget d’investissement », clarifie Syamak Agha Babaei, face à l’audience. Le premier correspond aux dépenses pour le personnel, les charges et les subventions notamment. Il représente 449,1 millions d’euros en 2023.

Plus de soixante personnes étaient présentes au Palais des fêtes jeudi 11 janvier pour la première réunion publique sur le budget local.Photo : Mathilde Cybulski/ Rue89 Strasbourg

Le second permet de rénover et construire de nouvelles infrastructures. Ce budget est de 193 millions d’euros dont 55 millions dédiés aux remboursements des emprunts. C’est uniquement dans le cadre d’un budget d’investissement qu’une municipalité peut s’endetter. En revanche, le financement du budget de fonctionnement ne doit pas se faire avec des emprunts. Il doit être égal aux recettes, qui pour 50% d’entre elles viennent des impôts et taxes.

Les élus se sont ensuite arrêtés sur les grandes dépenses de la Ville en 2023. Avec quelques exemples :

  • 300 euros par habitant dédiés à la culture,
  • 50 euros par habitant dédiés au sport,
  • 3 900 euros par enfant pour l’éducation,
  • 160 euros par habitant dans les domaines de la solidarité, la santé et la jeunesse.

L’équipe municipale tient par ailleurs à rappeler que le budget est impacté par la conjoncture. Quatre points sont détaillés par Syamak Agha Babaei : des taux d’intérêts élevés, les violences urbaines de juillet, une nouvelle donne énergétique liée aux prix élevés de l’énergie – en baisse toutefois par rapport à 2022 – et « une transformation durable du territoire ».

Caroline Zielenski (à gauche) animait la réunion sur le budget local, accompagnée de Syamak Agha Babaei (au centre) et de Jeanne Barseghian (à droite). Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg

La solidarité et la jeunesse au « cœur » du projet municipal

« Plus de 50% des dépenses sont consacrées à la jeunesse et aux solidarités. Avec la transition écologique et le renouveau démocratique, c’est l’un des piliers de notre mandat. Nous devons avoir une réponse face à la pauvreté ».

Jeanne Barseghian

Avec cette présentation, la municipalité veut montrer son action sur le volet social. Quatre dépenses socio-éducative ont progressé en 2023. Comme celle des cantines scolaires, où les prix de l’inflation n’ont pas été répercutés sur les familles. Selon la maire, « c’est 1,4 millions d’euros de surcoût pour la municipalité. Une somme rendue aux ménages quelque part ».

Les élus ont expliqué avoir mis l’accent sur les dépenses « sociales » en 2023. Photo : Mathilde Cylbuski / Rue89 Strasbourg

Le budget des centres socio-culturels a également augmenté d’1 million d’euros. Une hausse décidée suite aux violences urbaines de juin, après la mort du jeune Nahel tué à Nanterre lors d’un contrôle policier. Pour Jeanne Barseghian, « il doit y avoir une présence des services publics dans les quartiers, avec une offre éducative sociale et culturelle ».

La municipalité a ensuite présenté de nouvelles mesures, parfois un peu vagues. Comme ce dispositif « vacances pour tous » qui doit permettre aux jeunes de partir en vacances pour la première fois. Pour bénéficier « d’une immersion dans la nature », dixit la maire de Strasbourg. Coût de cette nouvelle mesure : 180 000 euros.

Des questions sur tout, sauf le budget 

À la fin de cette présentation de 45 minutes, un échange était prévu avec les citoyens et des règles bien précises. « On respecte chacun, même dans la critique, et on ne hausse pas le ton. Je vais alterner homme et femme et donner la parole à tout le monde », stipule Carole Zielinski, debout et micro en main. Cette réunion, en présence de la maire, était l’occasion pour les habitants de faire remonter leurs préoccupations. Sur les huit personnes ayant souhaité interpeller la municipalité, seul un habitant a abordé le budget. 

« Il y a eu une suppression de la taxe d’habitation, pourtant on a toujours autant d’impôt. Comment ça se fait ?”. Syamak Agha Babaei répond :

« Parfois, les impôts augmentent. C’est le cas ici. Cette levée de la taxe d’habitation nous permet d’augmenter d’autres impôts pour financer des investissements ».

Poubelles, vieillesse, patrimoine, mobilités… Les questions s’enchaînent. Benoît, habitant de la rue Sellénick, lève rapidement la main. Il déplore le manque de moyens alloués à l’éducation populaire dans les quartiers de Strasbourg, et fait le lien avec les violences urbaines de début juillet. Jeanne Barseghian se dit « très mobilisée sur le sujet » et met en avant le « plan d’accompagnement d’urgence » mis en place pour les centre socio-culturel. « Depuis 2020, le budget dédié aux associations de jeunesse et sociales a augmenté de 20% », précise Syamak Agha Babaei dans sa posture d’adjoint au budget.

« On a autant parlé des chiens que des banlieues »

Isabelle, lunettes rondes et gros pull, prend ensuite la parole sur le bien vieillir, pas suffisamment mis en avant selon elle. Réponse de l’élue en charge de l’Orangerie et du Conseil des XV, le « quartier le plus vieillissant de Strasbourg » selon Marina Lafay :

« On met en place une réflexion sur l’installation de bancs supplémentaires et adaptés, pour faciliter les déplacements des personnes âgées. Un dispositif a aussi été mis en place pour mettre en lien des séniors isolés et des habitants ».

Isabelle est venue de la Robertsau pour assister à la présentation du budget. Photo : Mathilde Cybulski/ Rue89 Strasbourg

Particulièrement attentive, hochant la tête lors des interventions, la présidente d’une association pour les animaux demande plus de parcs à chiens. L’élue en charge des animaux, Marie-Françoise Hamard propose la mise en place de fontaines et d’éclairages supplémentaires dans ces espaces. « Notre victoire c’est l’acceptation des chiens dans le trams », s’enorgueillit l’élue. Une réponse applaudie par celle qui l’a interpellée.

Chaque question aura finalement sa réponse de la part de la municipalité. Satisfaisant ? « Non pas vraiment » selon Benoît.« La mairie n’en fait pas assez pour les jeunes. On a autant parlé des chiens que des banlieues, c’est significatif ». Pour Jean (prénom modifié), habitant de la Neustadt depuis 75 ans, « c’est joué d’avance » :

« Je suis juste venu pour voir s’il y avait du monde. Ils nous présentent le budget, mais ils ont déjà tout décidé. C’est simplement un jeu politique pour être réélu. »


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