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Le Kitsch à l’heure des Balkans avec le trio de chants bulgares Ispolin

Rendre hommage à la polyphonie bulgare. C’est le pari audacieux que s’est fixé Ispolin, un trio vocal de musiciennes strasbourgeoises. Jeudi 13 février au Kitsch’n Bar, elles interpréteront a cappella le répertoire populaire et traditionnel de ce pays d’Europe de l’Est.

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Le Kitsch à l’heure des Balkans avec le trio de chants bulgares Ispolin

En Bulgarie, du massif du Rila aux rives de la mer Noire, les chants polyphoniques résonnent avec puissance et harmonie dans tous les villages du pays. Depuis des décennies, voire des siècles, des chœurs de femmes perpétuent cette tradition populaire et chantent l’amour, le travail dans les champs, la danse, la vie. Une tradition orale qui se transmet de génération en générations… Ou bien plus prosaïquement, par l’intermédiaire d’un disque du Mystère des Voix bulgares, comme le raconte Camille Mandleur, à l’origine du trio Ispolin :

« Quand j’étais plus jeune, j’aimais traîner dans le rayon musiques du monde des médiathèques. Puis un jour je suis tombée sur ce CD, j’ai écouté, je ne comprenais rien, mais j’ai trouvé ça tellement beau que je me suis dit : je veux faire ça ! »

Envahie par cette musique folklorique, l’Alsacienne autodidacte de 33 ans part se former à l’étranger (d’abord en Crète lors d’un séminaire, puis à Plovdiv et Sofia), avant de proposer à ses copines de la fanfare du Duna Orkestar, la création d’un contre-projet. C’est la naissance en 2018 d’Ispolin, groupe strasbourgeois au nom de géant légendaire de la mythologie bulgare.

Ispolin – Ergen Deda (Vidéo YouTube)

Réarranger pour s’approprier la culture bulgare

Camille Mandleur, Clara Weil et Diane Bucciali commencent donc à apprendre le Bulgare, du moins de façon phonétique. Sans le parler, elles commencent à le chanter. « Les textes sont écrits dans une sorte de patois, ils ne sont pas forcément utilisés dans la langue moderne », précise Diane.

Afin de maîtriser les subtilités du chant polyphonique, les trois artistes strasbourgeoises décident de programmer un nouveau voyage de neuf jours en Bulgarie. Ce séjour, elles le passent en compagnie de deux chanteuses du Mystère des Voix bulgares pour perfectionner leur technique vocale, l’une des plus exigeantes d’Europe de l’Est selon Clara :

« On chante différemment en Hongrie ou en Roumanie par exemple. Il y a vraiment une spécificité bulgare, et ça passe par des heures et des heures d’entraînement. Le plus difficile finalement, c’était de trouver notre propre identité musicale. Nous ne sommes pas nées en Bulgarie, donc il a fallu réarranger certains morceaux pour s’approprier la musique. »

Diane Bucciali, Clara Weil et Camille Mandleur font partie du trio Ispolin (Photo Gauthier Mesnil Blanc / Document remis)

Une interview de la télé nationale

Après plusieurs mois de répétitions, le travail de justesse de timbre d’Ispolin commence à payer. En mai 2019, le trio était programmé en ouverture du Pelpass Festival. Puis, en septembre, les Strasbourgeoises se font fait interviewer par la télévision nationale bulgare. Une marque de reconnaissance pour le trio qui craignait un problème de légitimité, même si Camille l’admet volontiers : « On ne fera jamais aussi bien que les Bulgares ».

En attendant, un jour peut-être, d’égaler la notoriété du Mystère des Voix bulgares, véritables reines qui ont notamment conquis les rockeurs britanniques Kate Bush, George Harrison et David Bowie, Ispolin compte bien transporter le public du Kitsch, 1 700 km à l’Est de Strasbourg. En tout cas, les coiffes fleuries, les broderies et le répertoire d’environ 20 chansons sont déjà là.


#Bulgarie

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