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Avec La La Land, Damien Chazelle accomplit la promesse du 7ème art

Son précédent succès, Whiplash, chronique d’une rivalité masochiste, ne laissait rien présager de la tendresse de son auteur. On ne pouvait même soupçonner son intense cinéphilie, son amour de la comédie musicale et son goût pour la mélancolie. Pourtant, deux ans plus tard, Damien Chazelle vient bouleverser le cinéma avec le somptueux La La Land.

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Avec La La Land, Damien Chazelle accomplit la promesse du 7ème art

Il y a peu, Martin Scorsese s’épanchait dans les médias en révélant que le cinéma, tel qu’il l’avait connu, était bien mort. Venant d’un immense défenseur du 7ème art, garant acharné de bon nombre d’œuvres oubliées, le constat paraissait alarmiste, voir désespérant.  Fort heureusement, un jeune cinéaste américain nommé Damien Chazelle est, dans l’intervalle, venu réconcilier passéistes et utopistes.

L’acteur dans un rôle mémorable (Copyright SND)

I feel good

La La Land est une comédie musicale narrant la rencontre d’une actrice en herbe et d’un jazzman maudit dans un Los Angeles de carte postale. De l’amour du jazz dans sa forme la plus classique au culte du musical des années 50, des décors carton-pâte des rues de studio aux chorégraphies où l’on tournoie dans des robes colorées, le réalisateur prône une nostalgie forcenée.

Le culte du « c’était mieux avant » peut se révéler fondamentalement irritant et stérile. Nombres de cinéastes ont tenté de nous servir des ersatz des standards de l’âge d’or hollywoodien. En ont résulté souvent des purs exercices de style et des propositions incomplètes.

En un sens, La La Land serait, dès le premier instant, le feel good movie par excellence. La scène d’ouverture impressionne, la musique séduit, les comédiens sont désarmants de charisme. Chazelle donne précisément à voir tout ce que le cinéphile attend. Le film est drôle, habilement référentiel, parfaitement rythmé. On le savait doué, et le réalisateur confirme aisément les espoirs fondés en son talent. L’œuvre n’offrirait que cela, elle serait déjà une appréciable réussite. Mais aucun film majeur ne saurait se satisfaire du vernis de la virtuosité.

Le duo sous un ciel superbe (Copyright SND)

Le talent réside dans la simplicité

Scorsese, toujours lui, avait tenté en 1977 de marier la comédie musicale classique au déchirement excessif de deux amants dans New York, New York. Ses personnages n’étaient pas des stéréotypes. Ils habitaient le décor, ils étaient de chair et de sang.

La La Land poursuit un même but. Le film opère un insidieux glissement, de la frivolité vers la substance, de la comédie au drame, sans se départir de son identité. Chazelle rassemble ses thèmes musicaux, se fait grave pour aborder une relation qui se délite, pour entrevoir les concessions inhérentes à toute existence, pour ouvrir une porte sur les sacrifices d’un artiste et les regrets qui s’en suivent.

Boy meets girl. Et tout part de là, les joies comme les déceptions. C’est simple comme quelques notes jouées sur un piano. C’est simple comme un ultime regard, un champ-contrechamp de l’un à l’autre, un fondu au noir. Et parce que la véritable grandeur tient à la simplicité du geste, La La Land a déjà une place parmi les monuments du 7ème art.


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