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La solution coopérative, rempart contre l’économie financiarisée

Pierre Liret a étudié quinze sociétés coopératives alsaciennes à la loupe et pour lui, c’est clair, le modèle a de l’avenir et peut servir de rempart contre la rapacité de la finance et ce, même lorsque les coopératives tombent, comme Coop Alsace ou Copvial par exemple. Il en débattra lundi à la librairie Kléber avec Catherine Trautmann.

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La solution coopérative, rempart contre l’économie financiarisée

La disparition de Coop Alsace l’an dernier, après plus d’un siècle d’existence, et celle de Copvial il y a quelques semaines ne doivent pas être interprétées comme des signes de faiblesse du modèle coopératif pour les sociétés, selon Pierre Liret, responsable de la formation de la Confédération générale des Scop.

Il vient de publier « La Solution Coopérative » (éd. Les Petits Matins), un livre imposant dans lequel il a étudié le parcours de quinze société coopératives alsaciennes. On y retrouve donc Coop Alsace, mais aussi le Crédit Mutuel, Alsace Lait, la Fonderie de la Bruche, le groupement de pharmaciens Giphar, la coopérative d’indépendants Artenréel…

Oublis des principes coopératifs et c’est la chute

Selon Pierre Liret, l’échec de Coop Alsace est plutôt à mettre au crédit d’une personnalisation du pouvoir :

« Il y avait bien sûr des problèmes structurels et de conjoncture à Coop Alsace. Mais la société avait aussi oublié ses fondements coopératifs, les contre-pouvoirs n’ont pas alerté avec suffisamment de force la direction sur de sérieux problèmes, des alertes qui auraient pu lui permettre de se repositionner à temps. On observe ainsi qu’en Suisse, Migros et Coop Suisse sont des mastodontes de la distribution en bonne santé et que ces sociétés ont su garder des relations sociales apaisées grâce à leur statut coopératif. »

Pierre Liret au congrès des entreprises coopératives à Marseille (doc remis)
Pierre Liret au congrès des entreprises coopératives à Marseille (doc remis)

À Copvial, les éleveurs alsaciens ont perdu leur abattoir, faute d’avoir su faire évoluer leur positionnement. Mais pour Pierre Liret, là encore, ce n’est pas lié au modèle coopératif :

« C’est vrai que les coopérateurs ont d’autres métiers mais prenons Alsace Lait par exemple. En 1985, une grave crise est apparue qui a mis en péril l’existence de la société. Mais les agriculteurs ont su se mobiliser, rénover la direction de leur société et redresser les comptes. Et aujourd’hui, Alsace Lait appartient toujours aux producteurs de lait alsaciens… »

Au final, selon Pierre Liret, la gouvernance des coopératives est gage de stabilité et d’ancrage local. Comme l’objectif n’est pas la croissance infinie, les coopérative disposent d’une forme de sagesse qui leur permet d’avancer à pas lents. Mais ces gouvernances ne doivent pas pour autant s’endormir ou ronronner dans leurs prés carrés. Et c’est là toute la difficulté.


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