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Au Leclerc de Geispolsheim, pas de prime Covid pour les CDD du confinement

Les salariés de l’hypermarché Leclerc de Geispolsheim ont reçu une prime allant jusque 1 400 euros pour leur travail pendant la crise sanitaire. Mais les contrats courts, souvent des étudiants, n’ont pas eu le droit à cette récompense : ils n’étaient plus salariés au moment du versement de la prime…

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Le supermarché E.Leclerc du centre commercial Rivétoile.

« Il n’y a même pas de dialogue avec les plus jeunes. Pour eux, t’es de la merde. Si t’es pas content, il y en a d’autres pour prendre ta place. » Célia (le prénom a été modifié) est remontée contre la direction de l’hypermarché Leclerc de Geispolsheim. L’étudiante a travaillé deux mois dans l’entreprise, entre le 30 mars et le 30 mai. Lorsqu’une prime Covid est évoquée dans l’établissement, elle espère aussi être récompensée pour les risques pris pendant la pandémie du coronavirus. Fin juin, elle comprend qu’elle devra se contenter de son salaire de 1 021 euros net pour un contrat de 30 heures hebdomadaires.

Le supermarché E.Leclerc du centre commercial Rivétoile.
Au Leclerc de Geispolsheim, la prime Covid est élevée… mais réservée aux employés salariés au moment du versement de la prime. Les employés en CDD pendant le confinement sont donc exclus. (Photo d’illustration)

Le CDD se termine avant la prime

Le 25 juin, la direction de l’hypermarché Leclerc de Geispolsheim a transmis une note d’information à l’ensemble de ses collaborateurs. Elle indique que « la prime sera proportionnelle à la présence effective du 16 mars au 10 mai 2020 ». Les salariés à temps plein, sans aucune absence, recevront 1 400 euros pour « celles et ceux qui étaient en contact permanent et régulier avec la clientèle. » La prime baisse à 1 200 euros pour un temps-plein en contact occasionnel ou sans contact avec la clientèle. » Mais encore faut-il « faire partie de l’entreprise au moment du versement de la prime », le 26 juin… Ce n’est plus le cas de Célia ni de dizaines d’autres jeunes, recrutés dans l’urgence pour faire face à la hausse de la demande pendant le confinement.

Avant le coronavirus, Simon (le prénom a été modifié) travaillait dans des restaurants. Avec la crise sanitaire, le jeune homme s’est rabattu sur la grande distribution. Il se souvient de ce boulot en première ligne, entre les insultes des clients, les bagarres, le non-respect des gestes barrières… Pourtant, Simon n’a jamais pensé recevoir ce complément de salaire : « La prime, c’est au bon vouloir du patron. Le chiffre d’affaires aurait été très amputé s’il avait fallu verser la prime à tous les CDD… »

Les plus précaires exclus de la prime

Délégué du personnel CFTC, Philippe Domineau se dit satisfait de cet accord entre la direction et les partenaires sociaux. « L’employeur avait tout le loisir de décider du montant et des modalités de calcul de la prime », rappelle le représentant du personnel. Concernant les employés dont le CDD s’est terminé avant la date du 26 juin, Philippe Domineau préfère « se féliciter d’une prime pour les CDI qui est bien au-delà des 1 000 euros (annoncés dans d’autres grandes surfaces, NDLR). »

Les employés fraîchement recrutés pendant le confinement ont pourtant permis de faire tourner le magasin. Entre les arrêts maladie des employés, celles et ceux qui devaient garder leurs enfants et la hausse du panier moyen des clients, près de 70 nouvelles recrues ont été embauchées pendant cette période. Ils ont constitué « un cinquième de la masse salariale en avril », estime Philippe Domineau. « Ce sont des gens qui avaient besoin d’argent parce que leur entreprise a fermé. Ils venaient de restaurants, d’agences de voyage… »

Selon le délégué du personnel CFTC, une « dizaine de CDD » à peine ont été prolongés et ont ainsi bénéficié de la prime. Pour Célia, il est clair que la direction « a fait exprès de verser la prime fin juin plutôt que fin mai… » Sollicitée, la direction du Leclerc de Geispolsheim a estimé que nos questions « relèvent d’un cadre confidentiel » et n’a pas donné suite à notre demande.


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