13 064 électeurs sur 64 322 inscrits soit 79,38% d’abstention. Voilà les chiffres les plus marquants de l’élection législative partielle strasbourgeoise (1ère circonscription du Bas-Rhin). À cela, on peut ajouter 691 blancs et 344 nuls, soit autant d’électeurs qui n’ont pas pu exprimer de préférence entre le candidat socialiste Éric Elkouby et son rival Jean-Emmanuel Robert (« Les Républicains »).
Ainsi sont les règles de la démocratie de la Vè République et c’est donc Éric Elkouby avec 6 469 voix (53,77% des suffrages exprimés soit 10,05% des électeurs inscrits) qui représentera Strasbourg à l’Assemblée nationale dès lundi 30 mai. À noter que l’écart entre les deux hommes (909 voix) est inférieur à celui de votes non-exprimés (1 035).
Tous les résultats par bureau de vote
Ca, c’est pour les maths. Il y a ensuite le temps des réactions. Pour Éric Elkouby son élection est « un message d’espoir pour les Strasbourgeois et les Strasbourgeoises » et veut tâcher de « réenchanter la vie publique » et politique. Il ne cache pas qu’il briguera une réélection en juin 2017 lors des élections législatives générales.
La réaction d’Éric Elkouby
Une ambiance de fête régnait au restaurant du tribunal vers 22h, où les différentes composantes du PS strasbourgeois étaient réunies pour célébrer une rare victoire électorale. Ce n’est que la troisième législative partielle remportée depuis l’élection de François Hollande, sur 21 au total.
C’est un peu la norme en politique, le côté perdant voit toujours un motif d’espoir dans sa défaite. Chez « Les Républicains », on met en avant que l’écart entre les deux formations sur cette circonscription « de gauche » depuis 1997 se réduit. En 2012, Armand Jung avait remporté le second tour haut la main avec 62% des voix face à Anne Hulné (38%).
Cette fois, la différence est de 8 points, « les deux tiers de l’écart sont remontés » selon le président bas-rhinois de « Les Républicains » Laurent Furst . Mais la dynamique était différente. La gauche venait de reprendre le pouvoir après 10 ans d’opposition, portée par le succès de François Hollande, tout juste élu président de la République.
La réaction de Jean-Emmanuel Robert
Le conseiller municipal strasbourgeois battu ne s’est pas étendu sur ses ambitions futures, si ce n’est qu’il « aidera à sa manière ». Alors qu’il a participé à toutes les équipes de campagne depuis 2002, il n’est pas sûr qu’il ait de nouveau sa chance en 2017. De plus, 65% des circonscriptions « renouvelables » (sans candidat sortant) seront réservées à des femmes, car le parti de droite paye des amendes de plusieurs millions d’euros en raison de son manque de parité.
Vient ensuite le temps des analyses. Pour le politologue strasbourgeois Philippe Breton, Éric Elkouby a bénéficié de bons reports de voix et a su conquérir certains bureaux de vote, notamment dans le secteur des Contades et du lycée Kléber, d’habitude acquis à la droite, plutôt que les quartiers plus populaires de l’ouest.
L’analyse de Philippe Breton
Pour autant, son rival a su réduire l’écart entre les deux tours : de 1 615 voix au soir du premier tour, il a diminué à 909. Alors que la participation a chuté de 2% (2039 suffrages exprimés en moins), Jean-Emmanuel Robert a gagné 2887 voix (de 2 673 à 5 560), là où Éric Elkouby en a gagné 2181 (de 4 288 à 6 469). Les blocs gauche et droite étaient à peu près identiques au soir du premier tour, quelques candidats étant inclassables (le candidat tiré au sort de #MaVoix, Pacha Mobacher, le parti islamo-turc du PEJ).
Il est vrai qu’aucun parti sur la gauche du PS n’avait appelé à voter pour lui, pas même les écologistes, pourtant alliés à la municipalité strasbourgeoise. Quelques adjoints ont néanmoins eu des expressions divergentes. À droite, seule l’UDI avait appelé pudiquement appelé « à faire barrage au candidat de François Hollande ».
Un mandat à abandonner
Autre analyse, celle du maire de Strasbourg Roland Ries (PS). Il se réjouit que « la gauche résiste à Strasbourg », malgré un contexte difficile. Son adjoint Éric Elkouby ne pourra pas cumuler trois mandats. Le maire souhaite qu’il puisse rester au conseil municipal. Dans ce cas, il devrait démissionner de son mandat de conseiller départemental d’opposition (canton 2 de Strasbourg), renouvelé en mars 2015.
S’il reste adjoint, il se verrait rétrogradé au poste de conseiller municipal en mars 2017, en raison de la future loi sur le non-cumul des mandats, plus exigeante. Mais la droite prévoit d’annuler cette loi si elle regagne le pouvoir en 2017.
La réaction de Roland Ries
Il y aura donc toujours deux députés socialistes bas-rhinois à l’Assemblée nationale. Éric Elkouby y retrouvera Philippe Bies, élu pour la première fois en 2012, qui est également conseiller municipal à Strasbourg.
La réaction de Philippe Bies
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