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« Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait », un suspens amoureux porté par Camélia Jordana

Dans son dixième long métrage, Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait, Emmanuel Mouret poursuit son exploration de la carte du Tendre, avec pudeur mais aussi avec un petit sourire en coin. Rencontre avec le réalisateur, qui s’amuse des inconstances de ses personnages…

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« Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait », un suspens amoureux porté par Camélia Jordana

Maxime (Niels Schneider) arrive chez son cousin qu’il n’a pas vu depuis des années, mais le cousin (Vincent Macaigne) n’est pas là et c’est avec sa compagne fraîchement enceinte (Camélia Jordana) qu’il va passer quelques jours. À travers les récits de leurs amours présents et passés, Maxime et Daphné se découvrent, interrogent le désir et leurs conceptions de l’amour. Emmanuel Mouret place le spectateur au cœur des confidences, entrecroise les histoires dans un suspens amoureux exaltant, au plus près des sentiments.

La bande annonce des « Choses que l’on dit… »(Pyramide Films)

Rue89 Strasbourg : La construction du récit est très réussie : les personnages se racontent les uns aux autres et chaque confidence entraîne un nouveau rebondissement. Quelle histoire a servi de base à cette structure ?

Emmanuel Mouret : L’histoire principale est la rencontre de Maxime et de Daphné, avec cette idée du cousin invité par le compagnon de Daphné et qui se retrouve finalement seul avec elle pendant quelques jours. En se dévoilant l’un à l’autre, ils créent leur propre histoire. Si le titre Confidences pour confidences n’avait pas été pris pour le film de Pascal Thomas, j’aurais appelé le mien ainsi. J’avais une constellation d’autres récits, qui petit à petit ont constitué une unité : à la fin tout converge. Comme dans certains films de Mankiewicz, le plaisir du spectateur est de s’accrocher pour mettre toutes les pièces en ordre.

Le film tourne autour du désir, de l’absence de désir, du retour du désir…

Je ne pars pas d’un sujet mais de situations. Mais effectivement mes personnages se retrouvent en pleine contradiction entre leurs désirs sexuels ou leurs sentiments et leur désir de rester des gens bien, de ne pas blesser l’autre, de respecter leur parole ou ce qu’ils pensaient être leur conception de l’amour.

Maxime (Niels Schnieder) se confie à Daphné (Camélia Jordana). (Doc remis)

C’est un film intellectuel sur des thèmes très charnels, comment avez-vous pensé les corps, notamment des femmes ?

Quand les corps sont dévoilés, cela éteint l’imagination, le spectateur devient voyeur. Je préfère jouer avec les attentes du spectateur. « Ne pas tout montrer » : cela pourrait être une définition du cinéma.

Pour Daphné, je voulais une femme qui ne joue pas avec ses formes mais soit dans l’intériorité. Je pensais à une actrice comme Meryl Streep. Le personnage d’Emilie Dequenne sort du commun, je me suis amusé avec sa coiffure, sa blondeur pour évoquer les héroïnes hitchcockiennes.

François (Vincent Macaigne) et Louise (Emilie Dequenne) (Doc remis).

Daphné dit dès le début : « Plus c’est intime, plus c’est intéressant ». Le film est tourné vers l’analyse des sentiments, le reste : leur métier, le contexte social… on s’en moque.

L’intimité c’est là où se joue la véritable complexité des choses, dans ce qu’on ne montre pas socialement, dans ce qu’on ne peut pas résumer.

De ce fait, est-ce que c’est compliqué pour vous de situer vos personnages dans un milieu social ou dans une temporalité ?

Oui, c’est un vrai casse-tête ! Cela me prend beaucoup de temps, car le milieu social peut caractériser très vite les personnages et je ne veux pas que cela pèse trop. L’amour a toujours à voir avec l’intime et le social, on vit en communauté, on ne peut pas s’y soustraire. Alors certes, les usages amoureux évoluent avec le temps mais les rapports difficiles entre nos sentiments et nos devoirs sociaux ont toujours existé, l’aspect dramatique perdure et c’est cela qui m’intéresse.

Variation sur le triangle amoureux (Doc remis).

La musique est très présente, vous utilisez pas mal de tubes, mais des tubes de la musique classique : comment l’abordez-vous ?

On envisage la musique au montage, cela prend beaucoup de temps car tout est intuitif, basé sur le plaisir. Elle doit rajouter au romanesque, accélérer les sentiments. J’utilise beaucoup de musique instrumentale, de classique parce que c’est une musique qu’on écoute beaucoup, souvent sans s’en rendre compte.

Camélia Jordana est parfaite, elle mêle avec finesse douceur et passion. Comment l’avez-vous rencontrée ?

Je l’ai rencontrée pendant les essais. Je ne la connaissais pas du tout, pour vous dire, je ne savais même pas qu’elle était chanteuse. Sa personnalité est très différente du personnage mais elle a compris Daphné tout de suite. J’ai eu beaucoup de chance de l’avoir.


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