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Les 8 savoirs indispensables sur la cathédrale de Strasbourg

En tant que Strasbourgeois, vous ne pouvez pas ignorer les fondamentaux de la Cathédrale. Alors qu’elle fête pendant quelques mois son millième anniversaire, quand même. Voici huit points essentiels qui vous permettront de briller comme guide touristique.

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Les 8 savoirs indispensables sur la cathédrale de Strasbourg

La cathédrale de Strasbourg a ouvert en septembre les festivités de son millième anniversaire. Rayon vert, cloches des Juifs, deuxième tour… Ces concepts vous échappent et votre famille vient en week-end ? Pas de panique, Rue89 Strasbourg vous a listé les huit points que tout Strasbourgeois doit connaître par cœur sur Notre-Dame.

La cathédrale gothique est l’une des plus haute au monde (Alexandre Dolique / FlickR /cc)

1- Un profil architectural unique

Millénaire en 2015, Notre-Dame de Strasbourg est la plus vieille cathédrale gothique au monde. Sa flèche culmine à 142 mètres, ce qui en a fait la plus haute de tour du monde chrétien jusqu’en 1874. Les rares clochers qui l’ont surpassée en Europe avant cette date ont tous fini par céder sous leur propre poids ou à cause des intempéries et surtout de la foudre. Aujourd’hui, la cathédrale de Rouen est la plus haute en France et quelques autres la dépassent aussi en Allemagne.

L’édifice repose sur des fondations de 1015, uniques au monde : la cathédrale est posée sur un socle de limon et d’argile renforcé par des pieux en bois enfoncés dans la nappe phréatique. Au début du XXe siècle, quand la régularisation du Rhin a fait baisser la nappe phréatique, le système a été renforcé par des coulées de béton.

2- La deuxième tour manquante

Au Moyen-Âge, la construction de l’actuelle cathédrale a pris près de trois siècles. À l’origine, elle était conçue sur le modèle de Notre-Dame de Paris, avec deux tours carrées. Plus tard le beffroi a comblé le vide entre les deux tours, puis on a construit le clocher et la flèche sur le tour nord. À la fin du XVe siècle, le projet de la seconde tour à flèche n’a jamais abouti.

Les historiens avancent diverses raisons pour cet abandon : manque de moyens financiers, style gothique passé de mode, sol pas assez stable… Au XIXe siècle des architectes allemands ont dessiné de nouveaux projets, sans suite. L’unique tour est restée l’image de la ville, visible à travers toute la plaine d’Alsace et jusqu’en Allemagne. Magie du XXIe siècle, les internautes peuvent aujourd’hui s’amuser à modéliser une deuxième tour virtuelle pour la cathédrale et percer les secrets de cette prouesse architecturale en visitant le webdocumentaire le Défi des bâtisseurs.

3- 150 ans de protestantisme

Comme de nombreuses églises catholiques de la ville, la cathédrale a été un lieu de culte protestant durant plus de 150 ans. Dès le début de la Réforme en 1517, Strasbourg a été l’une des premières villes à appeler au changement. Logiquement la cathédrale a été une place forte de cette révolution religieuse. Dès 1518, les thèses critiques de Luther ont été affichées sur ses portes. L’imprimerie a ensuite permis de largement les diffuser dans la région. La cathédrale a été utilisée par le culte protestant en 1529 et la ville a adhéré au luthéranisme en 1532. Ces bouleversements se sont suivis d’une véritable guerre entre les responsables protestants et les évêques  catholiques.

C’est Louis XIV qui a mis un terme à la domination protestante à Strasbourg, quand il s’est emparé de la ville après la guerre de Trente Ans. Le Roi a rendu la cathédrale aux catholiques en 1679, en même temps qu’une quarantaine d’églises de la cité.

4- Un bonnet phrygien sur la flèche

Lors de la Révolution française, la cathédrale a dû affronter les assauts des Jacobins. Ses protecteurs ont rusé pour la préserver. En 1793, la flèche a été mise en procès devant un tribunal révolutionnaire car sa hauteur faisait « injure à l’égalité ». Pour la sauver de la destruction, le maître serrurier Stultzer a finalement convaincu les républicains de coiffer le clocher d’un bonnet phrygien géant, qui « vanterait les vertus de la Révolution jusqu’en Allemagne ». La cathédrale a donc porté la coiffe révolutionnaire de tôle rouge vif pendant neuf ans. Les Alsaciens l’on surnommé le Kàffeewärmer – la chaufferette à café. L’objet insolite, conservé par la suite à la bibliothèque municipale, a été détruit par les bombardements allemands en 1870.

Des centaines de statues ont été détruites pendant la Révolution et la plupart des cloches fondues pour faire des canons. En 1793, la cathédrale a été transformée en temple du culte de la Raison. Elle a été rendue aux catholiques en 1801 et les grands travaux de restauration ont débuté en 1813.

5- L’horloge astronomique du XIXe siècle

L’horloge astronomique est la grande attraction de la cathédrale. Son jeu d’automates attire trois millions de curieux chaque année, d’après le Fondation de l’oeuvre Notre-Dame. Il est visible tous les jours à 12h30. L’horloge indique l’heure, les calendriers civil et religieux et des données astronomiques. Elle a précisément relevé une éclipse de lune le 28 mars 2006. Elle est installée dans un buffet du XVIe siècle, mais son mécanisme ne date que de 1842.

Il est l’œuvre du strasbourgeois Jean-Baptiste Schwilgué, génie autodidacte à la fois mathématicien, astronome et mécanicien. Aujourd’hui, un conseil scientifique et un horloger veillent sur l’horloge, qui est remontée tous les lundis.

L'horloge astronomique a relevé une éclipse de lune en mars 2006. (Alexandre Prévot/FlickR/cc)
L’horloge astronomique a relevé une éclipse de lune en mars 2006. (Photo Alexandre Prévot/FlickR/cc)

L’horloge actuelle est la troisième de l’histoire de la cathédrale. La première a fonctionné de 1354 jusqu’au début du XVIe siècle. La deuxième a été réalisée avec le buffet et les décorations actuels en 1571 et a cessé de fonctionner à la veille de la Révolution. Elle était le fruit du travail d’un peintre, de deux horlogers et de deux mathématiciens, dont le célèbre Conrad Dasypodius. Sa légende raconte qu’il aurait eu les yeux crevés pour ne pas reproduire ailleurs d’horloge identique à la pièce strasbourgeoise.

Quelques siècles plus tard, les ambitions horlogères de la cathédrale continuent : l’artiste strasbourgeois Daniel Depoutot finalise actuellement l’Horloge du millénaire. Le sculpteur devrait exposer son mécanisme de métal et d’automates de 10 mètres de haut en mars 2015, face à l’horloge astronomique.

6- L’énigme du rayon vert

Deux fois par an, la cathédrale est le théâtre d’un événement mystérieux : le rayon vert. À 11h38 lors de l’équinoxe de printemps, fin mars, et à 12h24 lors de l’équinoxe d’automne, fin septembre, le soleil traverse le pied de verre d’une représentation du patriarche Juda et projette une lumière verte sur la chaire, précisément au-dessus de la tête d’une statue du Christ.

Il a fallu attendre le nettoyage du vitrail en 1972 pour que l’ingénieur-géomètre Maurice Rosart découvre le phénomène. Le vitrail miraculeux avait pourtant été installé un siècle plus tôt. Aucune trace d’une intention des auteurs n’a jamais été trouvée et ce mystère a alimenté des interprétations ésotériques. Pour Maurice Rosart, le dessin de Juda, pointant du doigt son pied gauche découvert en regardant le soleil traduit avec évidence la volonté des auteurs d’attirer l’attention sur le rayon vert.

Conçue et réalisée au XIIIème siècle par l'architecte Maître Erwin, la rosace est le seul vitrail qui a été restauré.(Pascal Subtil/FlickR/cc)
Conçue et réalisée au XIIIème siècle par l’architecte Maître Erwin, la rosace est le seul vitrail qui a été restauré.(Pascal Subtil/FlickR/cc)

À deux exceptions près, les vitraux de la cathédrale sont d’origine, comme ceux de la cathédrale de Chartres. La majorité d’entre eux a été réalisée en série de l’époque gothique à la fin du Moyen-Âge. Ils suivent donc une logique d’ensemble, alors qu’ailleurs les vitraux sont souvent disparates, offerts individuellement. La rosace a été entièrement restaurée. Les bombardements américains de 1945 ont détruit les vitraux de l’abside, au fond du cœur. Pour les remplacer, le Conseil de l’Europe a offert en 1956 le vitrail de la Vierge.

7 – Un système de cloches unique en Europe

La cathédrale de Strasbourg recèle le plus riche ensemble de cloches de France. Son système de double sonnerie est unique en Europe. À côté des quatre cloches simples pour les heures, elle dispose de 16 cloches de volées, pour les offices, les angélus et les glas, réparties entre le beffroi à l’avant et la tour Klotz, octogonale, érigée à l’arrière de l’édifice en 1878.

Les cloches sonnent chacune un ton musical précis et sont accordées entre elles. Les quatre cloches les plus récentes ont été installées dans la tour Klotz en septembre 2014 pour l’ouverture du Millénaire de la cathédrale. Dans le beffroi, le grand bourdon, la cloche la plus impressionnante, est vieux de près de six siècles. À ses côtés, la Zehnerglock, la cloche de dix heures, annonce l’heure du couvre-feu depuis 1786.

8- Les stigmates de l’hostilité aux Juifs

Pour beaucoup de Strasbourgeois, la cloche de dix heures reste aujourd’hui « la cloche des Juifs » qui rappelle l’époque où les Juifs étaient chassés de la ville à la fin de la journée. Dans les faits, cette cloche aurait sonné la fermeture des portes jusqu’à la Révolution, puis annoncé à 22h le couvre-feu, le moment où les habitants devait éteindre leurs foyers pour prémunir la cité des incendies. Mais du Moyen-Âge à la Révolution, la plate-forme de la cathédrale a bien eu un usage strictement antisémite : les autorités locales y soufflaient la corne des juifs, pour intimer aux Israélites, bannis de Strasbourg, l’ordre de quitter la Ville à la fermeture des portes. À l’origine, l’instrument en question était un shofar, une corne du jubilé, dérobé dans une synagogue lors du pogrom de 1349.

Sur les façades de la cathédrale, deux statuaires témoignent des siècles d’anti-judaïsme de l’Eglise catholique. Ils reprennent le thème médiéval de l’Eglise triomphante et de la Synagogue aveugle. L’allégorie est visible juste au-dessus du portail principal. Représentées sous forme de femmes, L’Eglise et la Synagogue se tiennent de part et d’autre du Christ en croix. Un serpent encercle le visage de la figure juive et lui couvre les yeux. Sur le portail sud, place du Château – non visible en ce moment pour cause de travaux – deux autres église et synagogue se font face : la première est fière et majestueuse, la seconde est courbée et aveuglée par un bandeau. Cette symbolique médiévale exprime la théologie de la Substitution, en vigueur dans l’Eglise catholique jusqu’au Concile Vatican II au milieu des années 1960 et selon laquelle les chrétiens étaient le véritable peuple de Dieu et les Israélites accrochés au judaïsme après l’arrivée de Jésus étaient dans l’erreur.

Aucune explication n’accompagne pour le moment ces statuaires. Si cela devait se faire, il faudrait alors prévoir des pancartes pédagogiques pour de très nombreux autres détails de la cathédrale qui recèlent bien des secrets. Des visites guidées sont organisées toute l’année avec des guides de l’Office du tourisme de Strasbourg.

 

Aller plus loin

Sur le site de la cathédrale de Strasbourg : la rubrique Art et Histoire

Sur le site des musées de la ville de Strasbourg : la présentation du musée de l’oeuvre Notre-Dame

Sur le site du musée virtuel du protestantisme : le récit de l’installation de la Réforme à Strasbourg

Sur le site du judaïsme en Alsace-Lorraine : Les juifs et le judaïsme dans l’Art médiéval en Alsace


#cathédrale Notre Dame

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