Madame la Directrice de l’Agence régionale de santé (ARS) du Grand Est,
Durant le mois d’octobre la couleur rose s’affichait un peu partout par solidarité avec nos mères, sœurs et filles, victimes d’un cancer du sein. Néanmoins, depuis plus de 50 ans on observe une augmentation des cancers du sein, sans aucun doute liée à des pollutions environnementales. Le lien entre l’exposition aux PFAS (polluants éternels) et l’apparition de certains cancers est de plus en plus documenté.
Les habitants de Saint-Louis et environs sont exposés depuis des décennies à une forte concentration de PFAS dans l’eau potable. [Cette pollution vient de mousses anti-incendie utilisées par l’aéroport de Bâle-Mulhouse, NDLR] La filtration au charbon actif mise progressivement en place abaissera la concentration sous la limite réglementaire de 100 nanogrammes par litre (ng/L) pour la somme des 20 PFAS recherchés. Mais de nombreux scientifiques affirment justement que les normes en vigueur sont souvent insuffisantes pour éviter que l’eau n’impacte pas la santé. Les habitants de Saint-Louis sont et resteront possiblement, contaminés à des taux élevés, comme l’a révélé le dosage des PFAS dans le sang de dix volontaires.
À quand la prise en compte des nombreuses études qui décrivent avec précision l’impact des facteurs environnementaux sur la santé publique ? À quoi servent les campagnes de sensibilisation de diagnostic précoce du cancer si les causes réelles ne sont pas prises en compte ? Les patients sont les premières victimes de ce manquement, mais aussi les familles, les aidants, le monde médical, la société….
L’ADRA demande un plan sanitaire pour Saint-Louis
Nous rappelons, que, en plus des PFAS, les riverains de l’aéroport de Bâle-Mulhouse cumulent plusieurs sources de forte pollution impactant leur santé : la pollution sonore (bruit) ou la pollution atmosphérique (gaz toxiques et particules ultrafines). Les enjeux à long terme pour la population sont majeurs ; ce « cocktail » favorise de nombreuses pathologies et diminue l’espérance de vie en bonne santé. Tout cela dans un territoire ou l’accès aux soins est rendu difficile par le manque de médecins, de spécialistes et de structures médicales de proximité.
L’association de défense des riverains de l’aéroport de Bâle-Mulhouse (Adra) demande à l’ARS Grand Est de mette en place un plan sanitaire comprenant :
• Un accès gratuit à des tests sanguins pour celles et ceux qui le désirent.
• Une étude épidémiologique pour analyser la distribution des maladies dans la population locale afin de déterminer l’influence des PFAS dans l’eau sur la santé.
• Un suivi sanitaire ciblé lorsque les seuils sont élevés ou pour les personnes fragiles.
• Une investigation sur les taux de cancers, maladies auto immunes et malformations potentielles liées aux PFAS, tout en publiant enfin le registre des cancers du Haut-Rhin.
« Une étude épidémiologique s’impose »
Ces mesures sont simplement conformes aux missions des ARS, qui sont :
• La veille et la sécurité sanitaires, ainsi que l’observation de la santé.
• La définition, le financement et l’évaluation des actions de prévention et de promotion de la santé.
• L’anticipation, la préparation et la gestion des crises sanitaires.
Si rien n’est fait pour considérer l’origine des cancers, le nombre de malades sera toujours croissant. Les causes environnementales en font partie, il est urgent d’en tenir compte. Dans ce contexte, un suivi médical et une étude épidémiologique de la population de Saint-Louis et environs s’imposent.
Bruno Wollenschneider
président de l’Adra


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