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L’extrême droite, « c’est l’insécurité au quotidien pour les personnes LGBT »

Samedi 22 juin, plus d’une centaine de personnes se sont rassemblées contre l’extrême-droite et ses dangers pour les minorités sexuelles sur la place Kléber à Strasbourg. Les membres de la communauté LGBT craignent des agressions plus fréquentes et la suppression de leurs droits.

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L’extrême droite, « c’est l’insécurité au quotidien pour les personnes LGBT »
Une dizaine de prises de paroles ont eu lieu pendant le rassemblement contre l’extrême droite organisé par SOS homophobie, samedi 22 juin à Strasbourg.

« Même la météo est à nos côtés contre l’extrême-droite », sourit une manifestante, drapeau bleu et rose accroché sur les épaules, qui ferme son parapluie en arrivant près de la statue de la place Kléber. Malgré le temps menaçant et humide de ce samedi 22 juin, plus d’une centaine de personnes sont rassemblées contre l’extrême droite et ses dangers pour les minorités sexuelles. Toutes et tous ont répondu à l’appel lancé par l’association SOS homophobie « pour afficher collectivement nos oppositions à l’arrivée possible de l’extrême droite au pouvoir à l’issue des prochaines élections législatives » affirme l’association dans un communiqué. 

Parmi les manifestantes et les manifestants, de nombreux membres d’associations LGBTQIA+. Marie est cofondatrice et présidente de l’association queer Juin69 :

« On a toujours dû se mobiliser et se battre pour nos droits. L’histoire nous a montré qu’ils ne sont jamais acquis. Mais avec l’extrême-droite au pouvoir, c’est l’arrivée de la transphobie et de l’homophobie décomplexée. Si le RN passe, les agressions vont se multiplier. Ça fait peur de fou, il faut absolument faire barrage. »

Le soir de la victoire de la liste menée par Jordan Bardella aux élections européennes, plusieurs militants du GUD (groupe union défense, organisation étudiante d’extrême-droite) ont insulté de « sale pédé » et agressé à Paris une personne qu’ils ont assimilé à un membre de la communauté LGBT+, comme l’a révélé Streetpress dans un article. L’un d’eux aurait déclaré aux policiers avoir hâte d’être après les élections législatives pour « casser du PD autant qu’on veut ».

Les manifestantes et manifestants ont prévu de nombreuses pancartes pour le rassemblement.Photo : Dorian Mao/Rue89 Strasbourg

Le risque d’une « LGBTphobie institutionnalisée »

Des prises de paroles de différents collectifs de défense des droits de la communauté LGBTQIA+ s’enchaînent. Le mégaphone passe de main en main, ponctué par des applaudissements fournis. Dans la foule, Camille, militant dans plusieurs associations LGBT de Strasbourg, craint l’apparition d’une « LGBTphobie institutionnalisée » avec l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir en France :

« En Pologne, après l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir en 2015, les membres de la communauté LGBTQIA+ ont été attaqué par l’État. Les zones anti-LGBT ont été mis en place, les discours de haines étaient partout, ils ont dû lutter contre la police pour revendiquer leurs droits. »

Un avis partagé par Tanguy Poiret, co-délégué de l’association SOS Homophobie Alsace, et organisateur du rassemblement du jour :

« Quand on voit le nombre de lois d’invisibilisation de la communauté LGBT dans plusieurs États des États-Unis comme en Floride ou au Texas, ou encore la perte des droits pour l’homoparentalité en Italie, tout ça, c’est le fruit de l’extrême droite. Il faut vraiment rappeler les faits comme ils sont. »

La crainte de l’invisibilisation des personnes trans

Le risque d’invisibilisation de la communauté trans avec la victoire de l’extrême droite, l’organisation solidarité trans (OST) l’a bien saisi. Charlie, membre de l’OST, ne cache pas son inquiétude, notamment concernant la loi sur l’interdiction des transitions de genre pour les mineurs, votée au Sénat fin mai :

« En cas de victoire du RN, et après ce que vient de dire Emmanuel Macron, la loi à toutes les chances d’être votée à l’Assemblée nationale. Il est en train de créer une panique morale sur le dos des personnes trans à des fins électorales, c’est lamentable. »

Le militant fait référence à l’échange du président de la République face à des citoyens le 18 juin, dans lequel il qualifie « d’ubuesque » la mesure sur « le changement de sexe en mairie » proposé par le Nouveau Front populaire.

Les candidats du Nouveau Front populaire Sandra Regol et Emmanuel Fernandes ont pris la parole et apporté leurs soutiens aux minorités sexuelles.Photo : Dorian Mao/Rue89

Raphaëlle, également membre de l’OST, rejoint la conversation après sa prise de parole devant la foule :

« Aujourd’hui, nous avons peur. Nous avons peur de perdre nos droits de remboursements des soins pour assurer notre transition, voire même qu’ils soient tout simplement supprimés. Et puis, il y a tout le côté transition au niveau administratif aussi qui est menacé, et notamment le changement de prénom à l’état civil par exemple. »

« Le plus grand danger, ce sera dans l’espace public »

Juste derrière eux, deux adolescents commencent à prendre des vidéos et des photos de la manifestation. Eve, pancarte à la main, les interpelle et leur demande de les supprimer : « Pour moi, le plus grand danger avec l’extrême droite au pouvoir, ce sera dans l’espace public, à n’importe quel moment. Ce sera l’insécurité au quotidien pour les personnes LGBT. »

Alors qu’une légère pluie recommence à tomber sur la place Kléber, l’organisateur du rassemblement s’empare du mégaphone. Il conclu le rassemblement par un message d’encouragement à poursuivre la lutte contre l’extrême-droite : « Rendez-vous dimanche à 15 heures au même endroit pour une nouvelle manifestation. Défendez nos droits, défendez nos vies. Votez le 30 juin et le 7 juillet contre l’extrême-droite, pour notre avenir à tous et à toutes ».


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