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Au Maillon avec Gob Squad’s Kitchen, une performance décomplexée aux accents pop

Du 6 au 8 février, avec Gob Squad’s Kitchen (you’ve never had it so good), le collectif germano-britanique Gob Squad propulse le Maillon dans une ambiance déjantée aux tonalités sixties, et se joue des codes du théâtre pour interroger les phénomènes de la représentation, de la perception et de la contre-culture.

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Au Maillon avec Gob Squad’s Kitchen, une performance décomplexée aux accents pop

Projetés en 1965 dans une ambiance en noir et blanc, qui tranche avec les couleurs acidulées et explosives propagées par la pop culture, nous sommes assis devant trois écrans, prêts à assister à un remake live du film Kitchen, création expérimentale déjantée d’Andy Warhol.

Sur la scène, trois écrans diffusent des images en noir et blanc (Photo David Baltzer / Maillon)

La culture Pop Art : la puissance de l’image

Alors que contre-culture, starisation, féminisme, drogue et révolution sexuelle vont bouleverser les codes de l’art et de la société, Andy Warhol diffuse dans son œuvre l’effervescence des années 60, et capture l’essence même d’une époque, dans des films où les acteurs ne jouent pas, mais vivent. Si le film original ne raconte pas grand-chose, il saisit l’énergie expérimentale et hédoniste des sixties : on parle de sexe, de drogue et de fêtes sauvages.

Le réalisateur et scénariste Norman Maller ironise :

« Je pense que les films de Warhol sont des documents historiques. […] Il a capturé l’essence de chaque journée morte et ennuyeuse que l’on a jamais eue dans une ville, une époque où tout était imprégné de l’odeur des débarbouillettes humides et des vieilles canalisations. »

Une ambiance années 60 (Photo David Baltzer / Maillon)

À la tête du mouvement pop underground new‐yorkais, Warhol cite sur le mode de l’ironie une culture propre à la société de consommation, empruntant ses matériaux à la culture de masse. L’art est désormais considéré comme un moyen de sublimer la vie ordinaire, proche de l’individu, incité à poser un regard nouveau sur l’image. Simon Will, l’un des membres du collectif, proclame :

« Les temps sont en train de changer, nous sommes au commencement de tout : libération sexuelle, féministe, superstars, sexe, Rock&roll […] une formidable explosion de Pop Art ! »

Une mise en abyme dans un dialogue entre passé et futur

Le collectif Gob Squad se sert de cette œuvre expérimentale comme point de départ pour comprendre cette culture underground, et propose une réflexion sur la théâtralité, sur le jeu d’acteur et les perceptions du public.

Remake du film de Andy Warhol (Photo David Baltzer / Maillon)

Questionnant les phénomènes des re-présentation, des re-productions, les versions en direct des films de Gob Squad entrent en collision avec l’immédiat, entraînant le public dans un voyage entre passé et futur, à travers une recherche de l’authentique.

Comment être juste dans la réalisation ? Comment savoir si on se trompe ? Quelle est la légitimité de la copie par rapport à l’original ? Comment les gens dansaient-ils en 1965 ? De quoi parlaient-ils ? Le féminisme était-il déjà là ou fallait-il l’inventer ?

Utilisant le langage du cinéma, du théâtre et de la musique pop pour explorer les complexités et les absurdités de notre société, la performance orchestrée par un collectif d’artistes explosif offre une expérience immersive saisissante. Détruisant et recréant l’illusion, le spectateur se laisse glisser entre le réel et sa représentation.

Allers-retours entre la scène et les écrans, théâtre ou cinéma ? (Photo David Baltzer / Maillon)

#culture

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