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Samedi 14 juin, la Marche des visibilités sera « antifasciste et festive »

Avec pour thème « Faire corps contre le fascisme », la 23e édition de la Marche des visibilités prévue samedi 14 juin adopte une posture politique. Une décision prise collectivement pour la première fois.

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Samedi 14 juin, la Marche des visibilités sera « antifasciste et festive »
La 23e édition de la marche des visibilités se tiendra à Strasbourg le samedi 14 juin.

« Il fallait que la Pride renoue avec ses origines politiques », se félicite la Station LGBTI, une association d’accueil et d’écoute pour les personnes victimes de discriminations liées à leur genre. Pour sa 23e édition, la Marche des visibilités strasbourgeoise sera étiquetée « antifasciste et festive ». Le départ du cortège est prévu samedi 14 juin à partir de 13h30, place de l’Université. La Marche doit ensuite rejoindre la place d’Austerlitz en passant par le quai des Pêcheurs, avant de se diriger vers la place Kléber via la rue des Grandes-Arcades, puis de retourner place de l’Université en passant par la place de la République. 

L’édition précédente avait été marquée par une division interne entre les différents collectifs concernant la politisation ou non de ce rendez-vous annuel de la communauté LGBT. La dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 avait entrainé une partie des associations présentes à affirmer leur opposition au Rassemblement national (RN) quand l’organisateur du cortège défendait une manifestation « apolitique »

« Il y a eu une incompréhension l’année dernière. Notre organisation est bien sûr politique, mais elle est apartisane, nous ne voulions pas appeler à voter pour tel ou tel parti. Nous dénonçons le fascisme mais de manière générale », explique désormais Matthieu Wurtz, président du collectif organisateur FestiGays : 

« Il y avait un enjeu sécuritaire également, au vu du climat électoral tendu d’alors. Nous n’avons pas appelé à voter contre le RN mais les gens sont assez intelligents pour lire entre les lignes. »

Le terme « apartisan » est selon son président, inscrit dans les statuts de FestiGays. L’organisation d’une assemblée générale extraordinaire et un vote des adhérents du collectif serait donc nécessaire pour les faire évoluer. « On est en train de travailler là-dessus, les choses pourraient être amenées à évoluer », évoque-t-il

Une organisation interassociative

« Après les désaccords sur la politisation de la Marche 2024, certains collectifs se sont rapprochés de FestiGays pour voir comment éviter de reproduire des cortèges séparés », détaille Noé, membre du Front d’Action Gay (FAG) Strasbourg. « Nous avons décidé d’ouvrir le dialogue et de nous fédérer. Les décisions concernant toute la Marche sont désormais prises en commun », confirme Matthieu Wurtz.

Dès décembre 2024, ce sont une quinzaine d’associations et collectifs qui se sont réunis mensuellement pour définir un thème commun et préparer l’événement. Si Matthieu Wurtz concède qu’un mot d’ordre commun « qui devait contenter tout le monde a été difficile à trouver », il estime que la démarche collective a abouti à « un consensus plaisant ». « L’inter-association a aidé à pousser à la politisation de la marche cette année, c’était une volonté forte », précise Flora Giros, vice-présidente de la Station LBGTI Alsace, qui salue « la prise en compte de la multiplicité des points de vue qui a permis d’avoir une meilleure organisation ».

En 2025, la Marche des visibilités sera donc en un seul cortège avec comme mot d’ordre « Faire corps contre le fascisme ». Cette thématique décidée collectivement est une première dans l’histoire des Marches des visibilités à Strasbourg, dont la première édition s’est tenue en 2002. 

« Nos droits sont en danger »

Dans un contexte international où la Marche des fiertés a été interdite en Hongrie, où certaines régions de Pologne instaurent des zones anti-LGBT, où les droits des personnes LGBT sont restreints en Géorgie, face à la résurgence de l’extrême droite en Europe et dans le monde, « il est important de manifester pour le maintien de nos droits, rien n’est acquis », plaide Matthieu Wurtz.

« C’est certes une journée de célébration de nos identités mais c’est aussi un endroit où l’on doit revendiquer nos droits à l’égalité », détaille « ViviAnn Du Fermoir De Monsac », drag-queen et cofondatrice de l’association Les Tantines, qui participera pour la première fois au cortège à bord de leur propre char. 

Matthieu Wurtz de Festigays précise que la Marche des visibilités, bien que « militante », sera « festive et libératrice » :

« C’est un endroit où l’on peut être qui l’on veut… Pour certains, c’est le seul jour de l’année où c’est possible et c’est un aspect essentiel de la Marche, au-delà des revendications politiques. »

Flora Giros de La Station détaille :

« On ne souhaite pas retirer le côté festif de la marche. On en a aussi besoin. Mais c’est un message envoyé aux alliés : si vous faites la fête avec nous, il faut aussi s’engager pour défendre nos droits. » 

Pour la drag-queen ViviAnn, porter un message politique tout en faisant la fête n’est pas antinomique de toutes façons :

« Notre char, qui transportera une dizaine de drag-queens, sera décoré à partir du thème de l’Olympe, mais les pancartes seront très politiques. On est jolies mais on part aussi à la guerre. »

Discours commun et nouvelles zones

Autre conséquence de cette coordination entre collectifs et associations, l’écriture en commun d’un discours « très politique », selon les termes de Flora Giros, qui sera prononcé en amont de la Marche. Un pink block, réunissant des collectifs queer féministes et antifas « radicaux » tels que le Fags, Ascendant Butch, l’Organisation de solidarité trans (OST) ou les Footeureuxses, ouvrira ensuite le défilé. En parallèle du Village des assos place de l’Université, une « zone TransPédéGouine » sera organisée à la Manufacture des Tabacs de 18h à 22h, son équivalent « anti-raciste, anti-impérialiste, queer et féministe ».

La structuration inter-associative a en outre permis de multiplier les « zones calmes » dans le cortège et d’inclure un dispositif pour les personnes à mobilité réduite et handicapées. La journée doit se terminer par la Nuit des FestiGays, au Studio Saglio à partir de 22h. 


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