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Mares à sec et plantations ratées pour compenser les forêts rasées du GCO

Sept ans après la destruction de forêts centenaires pour construire le Grand contournement ouest de Strasbourg, plusieurs mesures compensatoires sont dysfonctionnelles. D’après l’association Alsace nature, 80% d’entre elles consistent en de petits aménagements sur des zones déjà sauvages.

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Mares à sec et plantations ratées pour compenser les forêts rasées du GCO
Près des piliers du viaduc du GCO, des arbres tentent de pousser.

Septembre 2018. Au terme d’une longue mobilisation, les gendarmes mobiles évacuent la ZAD du moulin, créée pour empêcher la construction de l’autoroute du Grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg. Pendant les jours qui suivent, la première étape des travaux choque les écologistes. Des chênes centenaires sont immédiatement abattus à Kolbsheim et Vendenheim.

Quelques mois plus tard, 278 hectares de zones humides, de prairies, de champs et de vieilles forêts sont bétonnés. Tout au long de cette période, Vinci, la célèbre multinationale en charge des travaux, fait valoir ses 1 315 hectares de mesures compensatoires dans la presse et au tribunal.

Une vieille forêt a été abattue ici, à côté de Kolbsheim.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg

Transplantation échouée d’une fleur rare

Sur cette surface, le groupe explique dans une réponse écrite à Rue89 Strasbourg, que 1 000 hectares consistent en des pratiques agricoles favorables au Grand hamster d’Alsace. Une large majorité des mesures compensatoires concerne donc des champs. Vinci paye simplement des dédommagements aux exploitants pour qu’ils cultivent du blé ou de la luzerne plutôt que du maïs, et qu’ils laissent des bandes sauvages entre des parcelles. Il reste 315 hectares pour arriver à 1 315, soit 113 hectares de milieux forestiers, 130 hectares de zones humides, et 72 hectares de prairies, de mares et de haies.

Sept ans après, en mai 2025, nous nous sommes rendus sur 10 des 41 sites de mesures compensatoires. Et les visites montrent que le gain réel pour la nature est bien en dessous de ce que la communication laisse penser. L’une des défaites emblématiques de Vinci est son incapacité à faire pousser la « gagée velue ». Cette fleur sur la liste rouge des espèces menacées en France vivait sur une prairie détruite par le chantier du GCO à Kolbsheim.

Aucune gagée velue n’a réussi à pousser après la transplantation, remarque Christine Gries.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg

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Thibault Vetter suit les collectifs militants et les associations qui se mobilisent partout dans la région face aux projets écocides, comme de nouvelles zones d’activités sur des terres cultivables. Un travail de l’ombre, qui nécessite beaucoup de contacts et le décorticage de nombreuses alertes.

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