Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Médiathèques : Hitchcock par-ci, Hitchcock par-là

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89 Strasbourg, abonnez-vous.

Médiathèques : Hitchcock par-ci, Hitchcock par-là

Second volet de notre série sur les perles des médiathèques de Strasbourg : une projection spéciale de Jeune et Innocent, jeudi 23 février, nous lance sur la piste « Hitchcock » : quels trésors (films, livres, disques) y-a-t-il à glaner dans les rayons des divers établissements strasbourgeois ?

Jeudi 23 février à 20h, dans le cadre de la programmation Les Eternels  du Cinéma initiée depuis deux saisons maintenant par l’UGC Ciné-Cité Strasbourg, le spécialiste du 7e Art Michel Cieutat, présente Jeune et Innocent (1937), œuvre de la période anglaise d’Alfred Hitchcock.


Jeune et Innocent sur Comme Au Cinema

Evidemment, d’un simple clic, vous pourriez très facilement voir Young and Innocent (titre original de Jeune et innocent) sur Youtube ; dans ces conditions, pourquoi vous déplacer ? Parce que les grands films, ça se voit de préférence sur grand écran. Ou au moins sur un support de qualité. Le DVD de Jeune et Innocent est disponible à la BMS et à la médiathèque Malraux, si toutefois vous étiez déjà pris jeudi soir…


Alfred Hitchcock (est-ce gravé sur sa tombe ?) était Le Maître du Suspense. Et la beauté de la chose, c’est qu’avec lui le suspense survit même à la révélation finale : on peut ainsi voir et revoir ses films en connaissant le fin mot de l’histoire et s’y laisser prendre tout de même. Heureusement car il y a de fortes chances pour que vous ayez eu vent de la conclusion de Jeune et innocent tant est spectaculaire l’ultime travelling qui mène au coupable. Mais avant tout, c’est un film très amusant :

« […] En effet, il est intéressant de constater que tout au long du film, les adultes se comportent comme des enfants et les enfants comme des adultes. »

Cette observation est tirée de l’ouvrage généreusement illustré de Paul Duncan, Alfred Hitchcock, paru en France chez Taschen (disponible dans les médiathèques Malraux, Ouest et Sud, ainsi qu’à la BMS et à Cronenbourg), ouvrage qui commence ainsi :

« Au début de sa carrière, Alfred Hitchcock rencontre régulièrement un petit groupe d’amis pour dire du mal de ce qui se passe dans l’industrie cinématographique et des gens qui y travaillent. Surnommé le « Club de la haine », ce petit cercle leur permet non seulement de laisser libre cours à leurs frustrations, mais aussi d’échanger leurs connaissances. Lors de l’une de ces réunions, ils posent à chacun la question « Pour qui faites-vous des films ? ». Alors que les autres réalisateurs répondent « les distributeurs » ou « le public », Hitchcock hésite à se prononcer, puis finit par lâcher : « La presse ». Selon lui, c’est elle qui influence le public qui, à son tour, influence les distributeurs et les exploitants. Et Hitchcock d’ajouter : « C’est nous [les réalisateurs] qui faisons le succès d’un film. Le nom d’un réalisateur doit être associé dans l’esprit du public à un produit de qualité. Les acteurs vont et viennent, mais le nom du réalisateur doit rester clairement gravé dans l’esprit du public. »

Vous vous en doutez, les divers fonds des médiathèques strasbourgeoises regorgent de documents concernant Hitchcock : on y trouve tous ses films édités en DVD (y compris ses muets et sa série TV, Alfred Hitchcock présente), ainsi qu’un nombre conséquent de livres plus ou moins sérieux sur lui.

Mais le but de cette rubrique est d’extraire quelques-uns de ces documents, en toute subjectivité, et donc le premier sur la liste est le livre de Duncan. Car il est accrocheur. Et aussi, pur caprice, pour bousculer un peu le sentiment un rien ethno-centré qu’Hitchcock est une invention de nos grands critiques français (Les Cahiers du Cinéma vs Positif). Cela-dit, d’où que l’on vienne, si l’on s’intéresse à Hitchcock, il est impossible de faire l’impasse sur l’incontournable livre d’entretien Hitchcock-Truffaut, réédité en 1993 par Gallimard (disponible à Neudorf et à la médiathèque Malraux). S’il n’y a qu’un livre à lire sur Hitchcock, c’est celui-là.


Ou alors, s’il n’y a qu’un livre à lire sur Hitchcock… Euh, stop : pourquoi se restreindre ?

A la BMS, si vous en faites la demande auprès du magasin (renseignez-vous à l’accueil), on vous sortira (et vous pourrez l’emporter) Hitchcock et l’art – Coïncidences fatales, catalogue d’une importante exposition accueillie en 2001 au Centre Pompidou, à Paris. Cette lecture transversale, que ses auteurs ont placé sous le signe de l’intuition, est particulièrement stimulante ! Comme doit être stimulant pour les oreilles le CD Rebecca : bande originale du film, du prédécesseur de Bernard Herrmann, Franz Waxman, où figure la musique de Jeune et innocent (disque édité par Disconforme, disponible à la BMS, dans le fameux magasin). Comme, enfin, doit être stimulant pour les papilles La sauce était presque parfaite : 80 recettes d’après Alfred Hitchcock, d’Anne Martinetti et François Rivière (livre édité par Les Cahiers du Cinéma, disponible à la médiathèque Sud). A noter qu’à la médiathèque Sud, on vous propose en ce moment d’emprunter un Pack Hitchcock où ont été présélectionnés huit films et livres, dont La sauce était presque parfaite : 80 recettes d’après Alfred Hitchcock.

Michel Cieutat, l’hôte de la soirée qui nous mène en terrain hitchcockien, appartient à la génération historique de la critique mentionnée plus haut, puisqu’il a participé aux grandes heures de la revue Positif. Enseignant-chercheur retraité de l’Université de Strasbourg, il a écrit plusieurs livres sur le cinéma (dont un à paraître à l’automne sur Michael Haneke), mais curieusement, il est quasi absent des médiathèques de Strasbourg où vous ne trouverez que le tome 2 des Grands thèmes du cinéma américain (éditions Cerf, disponible à la BMS, dans le magasin, toujours et encore). Voilà une occasion toute trouvée de préciser que les bibliothécaires tiennent à la disposition de chacun un classeur où l’on peut faire des suggestions d’achats.

«Jeune et innocent» d’Alfred Hitchcock, présenté par Michel Cieutat

Le jeudi 23 février à 20h au cinéma UGC (séances simple du film le 25 à 16h et le 28 à 18h).
Prochain film programmé dans le cadre des Eternels  du Cinéma : La valse des pantins, de Martin Scorsese, le 8 mars.

Pour aller plus loin

Le portail des médiathèques de la ville et de la communauté urbaine de Strasbourg Les horaires de l’UGCHitchcock et l’art – Coïncidences fatales, l’exposition commentée par l’écrivain François Rivière (video) – Michel Cieutat interroge Michael Haneke lors de sa venue à Strasbourg (vidéo)

Série « Médiathèques » : mode d’emploi.

Lieux de culture, d’information, de travail, de détente, les bibliothèques/médiathèques sont de formidables outils, accessibles à tous. On peut s’y abonner contre une somme modique, on peut aussi s’y installer gratuitement pour consulter les documents sur place. Surtout, on peut s‘en servir pour développer son imagination et sa curiosité.

Tel est notamment l’objet de cette rubrique : à partir de l’actualité culturelle, sociale ou politique, quelles passerelles pouvons nous construire avec les documents contenus dans les fonds des divers établissements strasbourgeois ? En parallèle à cet exercice ludique, nous ferons aussi régulièrement le point sur les nouveautés –car contrairement aux idées reçues, le livre, la BD, le film, le disque, dont tout le monde parle ne mettent pas des années à entrer au catalogue et une fois qu’ils y sont, il suffit de les réserver pour y avoir accès dans un délai raisonnable. Enfin, nous tenterons l’une ou l’autre fois de nous glisser dans les coulisses : visiter l’atelier de reliure, les archives, assister au brainstorming sur les documents à mettre en avant (une initiative très appréciée des gens pressés, indécis, ouverts), etc.

Bref voici pour le menu : dorénavant, rendez-vous chaque jeudi pour l’épisode de la semaine !


#culture

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles

Autres mots-clés :

Plus d'options