
Samedi 9 avril, des heurts éclatent entre policiers et des manifestants place Kléber à Strasbourg, après la dispersion d’un cortège contre la loi travail. Les affrontements sont directs et violents. La situation est tendue. Puis des militaires de Sentinelle interviennent.
À force de mettre des militaires dans les rues, leur implication dans une opération de maintien de l’ordre devait arriver. Et c’est ce qui s’est passé samedi 9 avril, place Kléber à Strasbourg. Vers midi, la dispersion d’une énième manifestation contre la loi de réforme du code du travail venait d’être prononcée par les syndicats. Dans le camion sono de la CGT, garé près de la Fnac, on remballe les banderoles.
Mais de l’autre côté de la place Kléber, une vingtaine de manifestants, dont certains portent des sigles d’Alternative Libertaire, font encore face à des policiers extrêmement remontés. Ces derniers tentent d’appréhender certaines personnes issues du cortège. Dans la confusion, une manifestante met la main sur un émetteur-récepteur radio de police et le jette à terre. Deux policiers se jettent sur elle pour l’appréhender, elle court et trouve refuge… dans le camion sono de la CGT.
Tension extrême autour du camion sono de la CGT
Jacky Wagner, secrétaire départemental de la CGT, était à ce moment là sur le camion et se souvient :
« Ça a été extrêmement violent. Les policiers sont arrivés au niveau du camion et ont commencé à donner des coups de matraque dans tous les sens et à arroser de gaz irritant. On leur a hurlé d’arrêter, d’une part parce que la jeune femme recevait de nombreux coups et qu’on craignait qu’ils ne brisent notre matériel de sonorisation ».
Dans une vidéo remise par son auteur à Rue89 Strasbourg, on peut mesurer la tension qui régnait place Kléber, jusqu’à ce que deux policiers se retrouvent encerclés par des manifestants, au niveau du camion de la CGT.
À 2mn13, deux policiers tentent d’appréhender une jeune fille et se retrouvent encerclés dans le camion CGT. (Vidéo remise par son auteur)
D’autres policiers finissent par les rejoindre. Ils parviennent à extraire et à appréhender la jeune fille. Mais la pression des manifestants reste vive autour du camion. C’est alors qu’un policier s’écarte et se lance à la poursuite de l’un d’entre eux. Il trébuche et reçoit deux coups de pieds de la part de manifestants alors qu’il est à terre (à 46 secondes de la vidéo ci-dessous).
À ce moment là, surgissent deux patrouilles de militaires de l’opération Sentinelle, en provenance de la place de l’Homme-de-Fer. Comprenant que les policiers sont en difficulté, ils s’interposent et appellent les manifestants à se disperser (1mn05). Cette vidéo a été initialement publiée par la Feuille de Chou, puis reprise par de nombreuses organisations et très partagée sur les réseaux sociaux.
Des militaires rejoignent les policiers dans une opération de maintien de l’ordre. (Vidéo remise par son auteur)
Jacky Wagner, toujours sur son camion, a craint que la situation ne dégénère :
« Tout le monde était extrêmement tendu. Et j’ai vu arriver ces militaires avec leurs armes de guerre, se faire invectiver par les gens. J’ai vraiment eu peur que l’un d’entre eux ne perde son sang froid ».
Nathalie est la jeune femme qui tentait d’appeler au calme juchée sur ses rollers, avant de se faire renverser :
« Les policiers n’écoutaient plus rien. On a tous été surpris par leur violence. Heureusement, je ne me suis pas fait mal quand je suis tombée, après que le policier m’ait poussée ».
Deuxième vidéo des échauffourées (YouTube)
Mais selon d’autres témoins de la scène, le calme affiché par les militaires a plutôt contribué à faire redescendre la tension. Le lieutenant-colonel Patrick Simo, officier de communication de la zone de défense Est, revient sur l’incident :
« Nos unités sont tombés par surprise sur des échauffourées en cours. Le chef de patrouille, voyant un policier à terre, a eu la bonne réaction en ne permettant pas que des éléments violents s’en prennent à lui. Les militaires ont raccompagné le policier auprès de ses collègues. Puis ils sont repartis. Toute la scène a duré moins de 4 minutes. »
Questions sur l’emploi des militaires
Sauf que les militaires de Sentinelle ne sont pas censés participer à des opérations de maintien de l’ordre. Questionné sur ce sujet par des députés, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a répondu :
« Il faut affirmer une doctrine et se montrer vigilant quant aux tâches que l’on peut ou non confier aux forces armées. L’armée doit se cantonner aux opérations militaires. Il ne faut pas accepter la moindre faille par rapport à ce principe, sous peine de voir la conception même de nos forces armées mise en cause ».
Pour le lieutenant-colonel Simo, il n’y a rien à craindre lorsque des militaires se retrouvent entre policiers et manifestants :
« Vous savez, les militaires sont formés à l’interposition. Et ils savent garder leur calme y compris lorsque, par exemple, ils gardent un pont en Afrique et qu’une foule armée de machettes s’avance vers eux. Après, il aurait été bien qu’on soit informé que la manifestation n’était pas terminée place Kléber, ça nous aurait évité d’être impliqués. On va améliorer nos communications avec les forces de l’ordre ».
De son côté, Jacky Wagner regrette que la manifestation se soit conclue ainsi :
« Ça se tend de plus et en plus et on ne comprend pas pourquoi. On a fait des dizaines et des dizaines de manifestations sans le moindre incident et là, depuis quelques temps, on a l’impression que tout est fait pour que ça dégénère. Par exemple, on prend l’excuse de l’état d’urgence pour réaliser des contrôles d’identité en pleine manifestation… Et de l’autre côté, il en a qui veulent en découdre à tout prix avec le pouvoir ».
En mars déjà, des militaires de Sentinelle avaient permis d’appréhender une personne soupçonnée de vol à la gare de Strasbourg. Mais alors que les soldats attendaient la police, le suspect a fait une chute de 8 mètres et a été transporté à l’hôpital dans un état critique. La police nationale n’a pas souhaité s’exprimer sur les incidents du 9 avril.
https://www.slate.fr/story/117469/bon-usage-casseurs-violence-police
De plus, il dit plus loin que "la police c'est la loi"! N'en déplaise à l'armée ou autre, ce sont les représentants du peuple qui font les lois et non la police.
Jamais entendu parlé de la différence entre législatif, exécutif et judiciaire ?
La séparation des pouvoirs. Vous savez cette vieille mais fondamentale idée élaborée par Locke et Montesquieu pour éviter l'arbitraire !
merci la feuille de chou,merci les particuliers,et meme si c est tardivement,merci rue89 Stbg
Quel manque de déontologie !!!!
Quand on met 3 semaines à "boucler d'autres dossiers", on pourrait alors éviter de bâcler cet article en 12 minutes ! On pourrait se renseigner, vérifier ce qui a déjà été publier, voir même aller à la recherche des personnes concernées... Mais non, il fallait absolument que ça sorte aujourd'hui, jour de manif !
Ce paragraphe est vraiment problématique, Pierre, car les choses ne se sont pas passées comme cela, en tout cas ce n'est pas comme cela que je les ais vus et vécus. Et sans avoir les bonnes informations sur l’enchaînement des événements au départ on ne pas comprendre ce qui suit dans l'article.
En tout il y a eu 4 arrestations qui sont établies.
Au départ, il y a une arrestation au niveau de Brioche dorée au coin de la Place Kléber. Avant ça il n'y avait pas de tension particulière et c'est cette arrestation-ci qui a créé la première montée de tension entre les manifestants et la police au niveau de brioche dorée ; le SO de la CGT était aux premières loges.
Bien évidemment les manifestants ont réagit à cette arrestation qui s'est faite dans ce contexte collectif qu'est une manifestation, on ne pas avoir le mot solidarité à la bouche et rester impassible lors d'une arrestation pendant ou la fin d'une manifestation.
Cette confrontation qui est restée verbale entre police et manifestants ne va pas plus loin.
Ensuite, plusieurs minutes plus tard, la police cherche, cette fois sur la place Kléber a arrêter une seconde personne au milieu des manifestants qui y discutent encore.
Cette fois l'arrestation ne se passe pas aussi facilement que la première : des manifestants tentent de la gêner ou l'empêcher, c'est dans ce contexte qu'ensuite la police cherche à arrêter les deux autres personnes, y compris la personne qui un temps trouve refuge dans le camion de la CGT.
Voilà l’enchaînement des événements. Le point de départ des événements, ce sont les arrestations et pas comme le laisse à penser le paragraphe cité de l'article, une confrontation entre une vingtaine de personnes et la police.
Le fait d'écrire un article sur un événement auquel on a pas été présent est évidemment plus difficile pour un journaliste.
Mais je préfère moins d'articles mais qui ne donne pas d'information tronquée.
Cette première interpellation, près de la brioche dorée, sur le coup de midi, ou peut-être un peu avant midi, permettrait de mieux comprendre la suite des événements, si on tenait son explication.
Des infiltrés qui sont là pour agiter la foule (sans brassards), puis guider leurs camarades policiers (avec brassards) pour embarquer quelques chefs de file.
C'est surtout à ça que servent les vidéos.
Autre choix étrange, le fait d'oublier le début des évènements... c'est à dire les arrestations arbitraires par la police de personnes qui étaient en train de discuter tranquillement APRES la manif !!! Pas un mot ni une allusion...
Encore très étrange le fait de mentionner les couleurs d'une seule organisation (Alternative libertaire) parmi les gens qui protestent, alors qu'il y en a au moins 3 visibles !!!
Tout aussi étrange, le fait de ne donner la parole qu'à ces personnes qui relaient le traditionnel discours sur les méchants "jeunes" qui "cherchent" ou "veulent en découdre"... alors que d'autres personnes/organisations présentes et reconnaissables (Alternative libertaire, Solidaires, Etudiant-e-s en lutte...) n'ont pas eu l'honneur de pouvoir s'exprimer devant ce "journaliste" qui... n'était PAS PRESENT SUR LES LIEUX !
D'où la question... quel est l'objectif de Pierre France avec cet article tardif ?
Je comprends mieux la multiplication des convocations de police à laquelle on assiste ces jours derniers...
Malheureusement une preuve d'amateurisme de beaucoup de manifestants...
L'ordre venait de l'Elysée, selon certaines sources.
Après, je le dis et le maintien: SENTINELLE c'est une opération destinée à rassurer la ménagère de moins de 50 ans . Et cette opération se fait au détriment de l’entraînement et du repos de nos soldats.
Discutez avec un de ces hommes et vous verrais combien ils sont frustrés de patrouiller dans le vide, surarmé, alors qu'ils préféraient être auprès de leur femmes et leurs enfants.
Par contre pour la frustration... Ils ont signé, personne ne les a obligé !
Les Famas sont en principe plombés, et ne peut pas les mettre en oeuvre qui veut. Mais tout cela dépend du degré d'alerte et les chargeurs sont engagés.
Il suffit qu'un de ces soldats se trouve isolé et une rafale de 5.56 vous fait un sacré dégât.
Mais au-delà du danger physique il y a le principe.
Toute armée qui intervient contre sa propre Nation entre dans un processus totalitaire.
Il est donc proprement inadmissible de voir des militaires intervenir dans le cadre d'une manifestation !
Particulièrement grave le chef de patrouille que l'on voit intervenir en tenant de manière nonchalante son Famas G2 FELIN désanglé de son gilet donc susceptible de se le faire arracher. Le sélecteur de tir semble en mode sûreté, mais sa position si près de la détente sur cette arme peut amener même un civil non averti à passer en mode coup par coup ou rafale simplement en glissant son doigt entre la détente et le sélecteur.
En tous les cas une intervention qui doit être sanctionnée par la hiérarchie militaire parce qu'absolument contre les règles d'engagement en cours !
Il y a une différence entre protéger quelqu'un qui se trouve au sol et s'immiscer dans un affrontement où il n 'y a pas lieu d'être.
D'ailleurs, le CRS au sol c'est bien vite relevé et a bousculé violemment une jeune fille sur patins à roulette. Je n'ai donc pas vraiment vu le motif d'intervention ( personne au sol) chez les militaires.
Et encore heureux qu'aucun coup de feu ne soit parti.
Il n'en reste pas moins que pour une majorité de civils la seule présence d'armes à feu a déjà quelque chose de traumatisant et on est dans un rapport de violence d'un tout autre ordre surtout venant d'une armée française dont la vocation est la défense de la Patrie et non la répression du peuple.
Je doute que les manifestants qui étaient à Kléber ce jour-là soient vraiment pro-police et pro état d'urgence, mais y sont plutôt sceptiques surtout lorsque l'on voit les dérives que cela entraîne (rappelez-vous les assignations à résidence massives en décembre 2015 des militants écologistes…).
C'est le gouvernement qui a trahi ses promesses et le P.S. ses principes.