« C’est vraiment un nouvel élan pour Mimir, les gens reviennent, le lieu leur donne envie de s’investir », se réjouit une membre de l’association strasbourgeoise engagée dans l’aide aux personnes en situation de précarité alors que l’assemblée générale du 12 novembre s’achève dans le tout nouveau local de l’association : la Mimine. C’est ainsi que les membres ont rebaptisé La Mine, cette ancienne annexe de la Haute école des arts du Rhin (HEAR) dans laquelle les étudiants et les étudiantes avaient l’habitude de se retrouver. Le local vient d’être mis à leur disposition jusqu’au printemps 2026. Situé au 2 rue de l’Académie à la Krutenau, cet espace de taille modeste va néanmoins permettre à l’association d’organiser une multitude d’événements.

Un local ardemment attendu, depuis qu’un incendie avait dévoré l’ancienne bâtisse à colombages de la rue Prechter en février 2023, occupée par le collectif depuis plus de dix ans. Du jour au lendemain, Mimir se retrouvait sans toit, avec pour seule demeure une cour vide, un abri ayant échappé aux flammes et un arbre menaçant de s’effondrer.
Avant cela, l’association Mimir accueillait des soirées étudiantes, des cours d’alsacien, des répétitions de fanfare, des restaurants éphémères, des concerts improvisés… Mimir, c’est surtout un lieu de refuge pour les personnes en situation de précarité comme la bagagerie par exemple : 90 casiers pour laisser ses affaires en lieu sûr quand on n’a pas de toit. Ce service a perduré après l’incendie ainsi que d’autres activités comme un vide-dressing, une collecte pour les enfants à la rue…
« Mais c’était vraiment compliqué l’hiver, pondère David, un membre de l’association qui vient de s’assoir sur une chaise, dos à une frise chronologique qui liste les actions sur autant de post-it :
« Niveau hygiène aussi. Plus rien n’était aux normes, on n’avait plus d’eau, plus d’électricité, toutes les soirées se faisaient sur batteries… Ce qui a considérablement réduit le nombre d’activités possibles. »
Éduc pop, scène slam et barakawa
Dès 2023, Mimir avait demandé à la Ville de Strasbourg la mise à disposition d’un autre local. L’association avait visité une première fois La Mine en octobre 2024, mais les délais se sont éternisés jusqu’à décourager les membres de l’association.
Alors, deux semaines après avoir reçu les clés de la Mimine, l’association bouillonne de projets. À gauche de la frise chronologique, un tableau blanc affiche l’agenda des mois à venir. Et il est déjà bien rempli. Une soirée de soutien à la lutte contre l’enfouissement de déchets nucléaires à Bure, des ateliers d’éducation populaire, d’écriture, une scène slam…

Il y aura aussi le retour du « barakawa », complète Rémy, « un bar sans alcool à prix libre et conscient, le jeudi de 18h à 22h, pour réunir les gens autour d’une boisson chaude, qu’on puisse écouter un podcast, lire un bouquin ou juste chiller. » Les premiers barakawas auront lieu les 20 et 27 novembre. Les autres événements seront annoncés au fur et à mesure sur le site internet de la Maison Mimir et sur ses réseaux sociaux.
Un lieu à disposition des autres
Le reste de l’agenda se remplira au gré des envies et des propositions de chacun. « Le but est de mettre ce lieu à disposition des autres », explique David :
« N’importe quel collectif, association ou individu peut venir demander à l’utiliser pendant les « assemblées générales projets » qui auront lieu tous les deuxièmes mardis du mois. »
Mais d’abord, un gros travail d’aménagement reste à accomplir. « Mettre du chauffage, rendre ça joli et accueillant, installer une zone chill, une bibliothèque, peut-être une console vidéo, de quoi cuisiner, se sentir à l’aise, que ce soit le plus chaleureux et accueillant possible pour tout le monde », énumère une Mimirienne enthousiaste. Un atelier participatif de décoration doit s’ajouter au programme.
Après mars 2026, la Ville de Strasbourg devrait récupérer les locaux pour y installer le centre d’hébergement d’urgence de la rue Fritz-Kiener à l’horizon 2028. L’association Mimir n’a encore aucune solution pour continuer ses activités d’hiver après cette date. Un projet de construction d’un nouveau bâtiment sur le terrain de la rue Prechter est toutefois à l’étude.


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