

Matthieu Lefftz, professeur agrégé d’EPS, mènera une liste anti-ZAC en mars à Fegersheim – Ici, devant le centre administratif à Strasbourg (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
A Fegersheim, dans le sud de l’agglomération, la création d’une zone d’activités de 50 à 100 hectares par la communauté urbaine de Strasbourg d’ici 2018 a fait irruption dans la campagne des élections municipales. La liste menée par Matthieu Lefftz est en partie composée d’opposants à ce projet de ZAC, dont l’annulation sera le thème central du programme. Interview.
Professeur agrégé d’éducation physique et sportive (EPS) à l’ENA, l’Université de Strasbourg et la Doctrine chrétienne (école privée à Strasbourg), Matthieu Lefftz, 48 ans, se lance dans la campagne des élections municipales à Fegersheim, commune de 5 300 habitants située dans la seconde couronne au sud de l’agglomération. Ce challenger de l’équipe sortante, élue en 2008 autour du maire René Lacogne, qui ne devrait pas briguer de 3ème mandat, figurait déjà sur la liste « Oser agir », menée par le conseiller municipal d’opposition Bernard Richter, mais n’avait pas été élu. Cette fois tête de liste, c’est contre le projet de zone d’aménagement concertée (ZAC) initié par la CUS que ce quadragénaire compte axer sa campagne.
Rue89 Strasbourg : vous êtes contre le projet de ZAC. Pourquoi ?
Matthieu Lefftz : « En tant que membre de l’association pour la sauvegarde du patrimoine de Fegersheim-Ohnheim, j’ai participé à la manifestation contre la ZAC au printemps 2013 et à la réunion publique avec Jacques Bigot [président de la CUS] en septembre. Je suis en ferme opposition contre ce projet de zone logistique sur 50 et bientôt 100 hectares, tel que présenté par le Scoters [schéma de cohérence territoriale de la région de Strasbourg] et par la CUS. Je pense qu’à travers cette manipulation, la communauté urbaine veut décharger Strasbourg de ses activités polluantes et peu créatrices d’emplois, gardant pour la ville centre ou pour Illkirch-Graffenstaden les pôles d’excellence, tout en sachant que les équivalents actuels de la taxe professionnelle reviendront de toute façon à l’agglomération. Strasbourg pourra ainsi construire du logement aux abords du Port-du-Rhin, tandis que nous n’aurons à Fegersheim plus aucune disponibilité foncière.
Utiliser des friches industrielles à Erstein (hors CUS), Eschau ou même Fegersheim, serait recevable, avec l’arrivée, validée au cas par cas, d’activités commerciales ou artisanales pour dynamiser notre zone, mais en aucun cas en prenant sur les terres agricoles ! De plus, la RD 1083 est déjà surchargée et la création d’une zone logistique [entraînant du trafic poids lourds notamment] occasionnerait encore plus de problèmes de circulation et de pollution à Fegersheim. »
R89S : si vous étiez élu maire, avec une seule voix au conseil de CUS sur 90, quelles seraient vos marges de manœuvre pour faire annuler le projet de ZAC ?
Matthieu Lefftz : « Comme on l’a vu avec le GCO, ce n’est pas parce qu’un projet est bien engagé qu’on ne peut pas faire marche arrière. Jusqu’à un stade avancé, on peut revenir sur les choses. La population de Fegersheim, comme celle de Lipsheim, a montré qu’elle était massivement contre ce projet. Si je suis élu, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour éviter de perdre le moindre hectare de terre agricole.
En mars, les pièces du puzzle vont bouger dans la CUS. Dans cette optique, j’appelle tous les maires élus ou réélus en mars, et d’abord ceux de la deuxième couronne sud, à Lipsheim, Geispolsheim, Eschau ou Plobsheim, à essayer de travailler ensemble pour avoir plus de poids. J’appelle aussi tous les maires des petites communes du nord et de l’ouest, Reischstett, Eckbolsheim, Mundolsheim, etc. à dire non à la CUS et surtout au PLU [plan local d’urbanisme] communautaire, qui empêchera à l’avenir aux petites communes de s’opposer à un permis de construire par exemple. Les villages n’ont pas les mêmes besoins en urbanisme qu’à Strasbourg. J’ai d’ores et déjà pris des contacts avec certains acteurs dans les communes limitrophes de Fegersheim pour connaître leur point de vue. [Dans cette logique encore], l’annonce par le PS d’un président de la CUS strasbourgeois pour remplacer Jacques Bigot n’est pas un bon signal envoyé aux petites communes, déjà excédées par leur perte d’autonomie. »
R89S : ainsi, vous serez le candidat anti-ZAC ?
Matthieu Lefftz : « L’opposition à la ZAC est le point de départ de notre liste [de 29 colistiers]. Mais nous sommes engagés sur d’autres thématiques, comme la réforme des rythmes scolaires, les infrastructures culturelles et sportives ou la gestion des deniers publics. Bien sûr, le projet fondateur du groupe reste la ZAC. Six de mes colistiers sont membres de l’association de sauvegarde du patrimoine, parmi lesquels Bernard Schaal, Philippe Antoine ou Jean-Michel Marx. D’autres sont ingénieurs ou parents d’élèves, mais tous s’entendent sur des valeurs et une charte que nous avons signé en nous engageant.
En revanche, nous n’avons qu’une agricultrice sur notre liste, alors que d’autres agriculteurs contre la ZAC pourraient monter une troisième liste [ndlr, en plus de celle de l’équipe Lacogne sans Lacogne et de celle de Matthieu Lefftz]. Nous avons été approchés par certains pour une fusion, mais Denis Rieffel et Thierry Schaal ne souhaitaient pas partir avec Bernard Richter, à qui je suis fidèle et qui figurera sur ma liste. De plus, des dissidents de l’équipe de René Lacogne qui ont voté la création de la ZAC pourraient rejoindre ces agriculteurs. Or, intégrer [ceux qui tournent leur veste] est inconcevable pour moi !
De l’opposition à la ZAC, combat pour lequel nous avons une réelle légitimité, découle par ailleurs la préservation de l’espace de vie de nos concitoyens, dont beaucoup se sont installés à Fegersheim ces 15 dernières années. Nous avons connu un sur-accroissement de la population, avec des taux d’augmentation de 1,6% en moyenne annuelle sur 10 ans, contre 0,3% à Strasbourg ou 0,1% à Lipsheim ou Eschau. Cette croissance démographique est une raison supplémentaire de ne pas accepter la ZAC. Nous avons peu de terrains constructibles et la zone d’activités, si elle se fait, obèrera encore plus nos capacités d’urbanisation. Néanmoins, nous ne voulons pas juste être « la liste anti-ZAC »… »
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : ZAC de Fegersheim, Jacques Bigot va devoir jouer serré (septembre 2013)
Sur Rue89 Strasbourg : coup de frein à l’étalement urbain, 534 hectares agricoles sanctuarisés dans la CUS (juin 2013)
Sur Rue89 Strasbourg : à Fegersheim, la CUS sacrifiera 50 hectares de terres agricoles (mai 2013)
Ensuite conservons donc ces bonnes terres agricoles qui sont arrosées régulièrement de pesticides, d'engrais, et sont dans de la belle agriculture intensive... Mais il est sûr qu'un champ gâche moins la vue qu'un hangar... Quelle hypocrisie !
Malgrés les déversements de pesticides dans ces champs, il est à espérer que ces espaces agricoles soient reconvertible à la longue en agriculture bien plus respectueuse. Par-contre, une fois bétonné, c'est foutu pour de bon. Il faut utiliser tous les espaces déjà bétonnés, les dépolluer afin de ne pas perdre davantage de terres, agricoles ou non.
Qui peux sérieusement penser que le problème de la désindustrialisation de notre pays serait liée à un problème de pénuries de l'offre de foncier ? Si c'était le cas, pourquoi les zones d'activité ont t-elles autant de mal à se remplir? Pourquoi la zone d'activité d'Erstein (située à 10 km) est t-elle toujours à moitié vide (plus de 25 ha de disponibles)Si les besoins insatisfaits étaient tels, est-ce que cela serait le cas ?
Faut-il être un nantis pour se poser la question de la cohérence entre entre le développement des friches industrielles qui constituent des vrais vérues et le sacrifice de 100 ha de terre agricoles parmi les meilleures du département.. Qu'est ce qui sera plus important dans 20 ans, avoir de nouvelles friches commerciales (car le projet prévoit aussi l'extension d'une zone commerciale alors qu' aujourd'hui déjà on calcule qu'il y aura à très court terme 10 % de surface de vente en trop compte-tenu du développement du E commerce) ou disposer de bonnes terres à proximité des bassins de consommation pour approvisionner par exemple en légume frais ce marché. Pourquoi le citoyen n'aurait-il pas le droit de se poser ces questions et ne serait-il pas en droit d'avoir une autre attitude que celle du mépris de la part du politique et du technicien qui savent, mais qui n'apportent même pas un début de réponse aux questions les plus simples.
Enfin, une dernière remarque N'est-il pas un peu facile de traiter d'égoïstes des gens qui subissent le passage de 42 000 véhicules / jour dont 7000 camions (en transit pour éviter les péages allemands) et a qui on promet d'en rajouter encore d'avantages .
Non il faut saluer cette initiative de citoyens qui s'investissent dans la politique, pour à leur petit nouveau promouvoir un autre modèle de développement.
. En effet la manipulation de la CUS évoquée par Monsieur Lefftz est telle que la ressentent les habitants de Fegersheim . Nous sommes étouffés par les nuisances et je n'imagine même pas le rajout d'une ZAC sans avoir de voies d'accès autres que Lipsheim et la sortie Grand frais . Nous avons bien compris que lors de la réunion houleuse de septembre 2013 , que ces deux accès en étaient la seule possibilité.
Curieusement les anciens du village propriétaire de terrains se sont systématiquement vus refuser l'accord de la commune pour permettre la possibilité de construire pour leurs enfants . La commune friande du jeu du chat et la souris se défausse d'un accord , renvoyant à la CUS qui renvoie à la commune .
En revanche imposer la confiscation des terres agricole ne pose aucun refus Commune et CUS sont d'accord , malgré la révolte des agriculteurs qui j'espère fort d'une autre équipe municipale pourront continuer à faire vivre leurs familles en cultivant les terres convoitées par la CUS .
Nous n'avons pas l'impression que le maire actuel s'est battu bec et ongles pour s'opposer au projet , c'est d'ailleurs le ressenti d'une grande partie des gens habitant à proximité de cette zone polluée par le trafic considérable qui empoisonne les riverains au quotidien ,
En mars dans les urnes avec mon soutien et celui de beaucoup d'autres !
Stop au bétonnage.
"Ils sont bien mieux pauvre et au chomage, mais pas Chez moi non plus"
Ce mec resume tout ce qu'il y a de pire dans la politique, ils ne vivent pas dans le meme monde que la majorité des Français.
Quel raccourci !
Mais vous avez raison, bétonnons à tout va, saccageons le peu qui reste, et tout le monde s'en portera mieux (??)
Quand je lis des commentaires tels que le votre (thomas), les bras m'en tombent.
Je précise que je ne suis nullement habitant de cette commune, ni même de la CUS.
Je suis juste affligé par cette consommation d'espace effrénée, soutenue par de pseudos-arguments économiques, qui ne sont au final qu'un miroir aux alouettes.
Avant les communes "poussaient" sur les ronds points . Maintenant la mode est passée aux ZAC ?
As d'attractivité du territoire. Peut on la mettre sur le port? Oui, ellr y est deja d'ailleurs. La logistique peut elle y croitre? A l'évidence non du moins pas à hauteur des besoins. Le débat est do c :sur quelles terres implanter cette activite indispensable au tissu économique? Au sud, il n'y a pas de site existant et ce site enclavé entre voie ferrée rd 1083 et rocade sud est a l'évidence le meilleur. La raison est du côté de la CUS. La passion par nature pas toujours raisonnée s' en mêle, touillez avec des ambitions électorales et vous avez un brouet peu ragoûtant où le candidat donne à l'électeur ce qu'il veut entendre au lieu de porter un regard lucide sur l'avenir.
Heureusement que je vote pas à Fegersheim, j'aimerai pas hériter d'un élu comme ça, privilégiant le nombril de ses concitoyens aux besoins