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Municipales : Syamak Agha Babaei et « Le Labo citoyen » veulent leur mot à dire

Près d’un an, après son lancement, le collectif de réflexion politique fondé par Syamak Agha Babaei s’ouvre au public. Si la question de la conquête du pouvoir n’est pas encore à l’ordre du jour, « Le Labo citoyen Strasbourg » a pour objectif de peser dans le débat public local et à terme pour les élections municipales. Prochain projet : une « agence de notation » citoyenne.

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Municipales : Syamak Agha Babaei et « Le Labo citoyen » veulent leur mot à dire

Environ un an après le lancement de l’idée (dont nous vous avions parlé), Syamak Agha Babaei et une vingtaine de proches ont présenté de manière publique les contours de leur think tank local, appelé « Le Labo citoyen Strasbourg ». Le vice-président de l’Eurométropole et conseiller municipal strasbourgeois, qui a quitté le Parti socialiste fin 2015, et les fondateurs ont mené des réunions privées pour définir les valeurs du collectif.

Ce mardi 19 juin, pas de prise de parole, juste un déjeuner autour d’une table place Kléber, pour retrouver quelques nouveaux soutiens et parler de la démarche aux passants, comme aux journalistes intéressés. L’utilisation de l’espace public est l’un des thèmes de prédilection du Labo citoyen.

Syamak Agha Babaei, seul élu

L’événement a eu lieu entre 12h30 et 13h30 place Kléber, car… la majorité des membres ont une activité professionnelle et ne sont pas élus. On retrouve des travailleurs sociaux, retraités, père au foyer, orthophoniste, consultant, universitaires, etc. Syamak Agha Babaei, qui exerce toujours comme médecin urgentiste à 80% du temps, nous avait confié dès juillet 2017 son intuition que le conseil municipal sera fortement renouvelé en 2020. Beaucoup de ses membres actuels ont déjà débuté la pré-campagne.

Les membres fondateurs ont entendu parler de ces réunions par le « bouche à oreille » ou ont un lien plus ou moins direct avec Syamak Agha Babaei. D’autres membres n’ont pas souhaité apparaître publiquement ce jour, car ils travaillent dans des collectivités. Il est difficile de brosser un portrait précis car il n’était pas possible de parler avec tout le monde. Mais on retrouve quelques anciens du PS, certains qui y ont toujours une carte, et d’autres personnes non-engagées. La plupart disent ne pas se reconnaître dans le fonctionnement actuel des partis politiques.

La première photo de famille parvient à réunir plus de monde que celle « Strasbourg demain », l’association lancée par Philippe Bies, un candidat potentiel à la mairie en 2020.

Les premiers membres du collectif « le Labo citoyen strasbourg » (photo JFG / Rue89 Strasbourg)

Paroles de fondateurs

Bocar Ba, éducateur a rejoint le collectif dès le début :

« Ici on refait de la politique en dépit de l’ambiance actuelle. Les gens globalement de gauche se posent la question de comment faire. Ca me parait un où l’on peut encore s’exprimer, même si on ne sait pas encore où on va. »

Sébastien, de son côté n’est là que depuis un mois :

« Aujourd’hui, la politique fonctionne sur un modèle de « cour » autour d’un élu, qui va demander son avis à une cinquantaine de personnes, toujours les mêmes et qui sont souvent des personnes favorisées. On veut sortir de ce schéma. On n’y est pas encore et on verra ce qu’il en est à la rentrée, quand il faudra agir sur le terrain. »

Réunions entre « forums » et « labo »

Plus étonnante est la mise en relation entre Syamak Agha Babaei et Sophie Parisot, orthophoniste :

« Le film Demain m’a beaucoup inspirée et j’ai écrit à beaucoup d’élus strasbourgeois, car si les politiques ne suivent pas les citoyens, cela ne sert à rien de s’engager. Syamak est le seul à m’avoir répondu. J’ai apprécié son écoute, que j’avais déjà remarqué il y a plusieurs années au conseil d’administration du Cardek (le centre socio culturel de la Krutenau) quand il pouvait venir. »

Concrètement, les réunions collectives, souvent les soirs de semaine, sont appelées des « forums ». Cinq « labo » en ont découlé en plus petit comité pour travailler des thèmes précis : Santé, Égalité homme/femme, Transitions, Culture et Éducation. Avec ce lancement public, Le Labo citoyen Strasbourg espère désormais intégrer d’autres personnes intéressées par la démarche.

À ce stade, les travaux n’ont pas débouché sur des propositions concrètes comme on pourrait trouver dans un programme. Seul un manifeste qui pose des bases assez larges « pour une ville des égales et des égaux, des communs, solidaire, verte, innovante et désirable ». Elles ancrent ce collectif plutôt à gauche, ce qui correspond aux engagements actuels et passés des personnes rencontrées.

Syamak Agha Babaei explique les raisons de l’absence de mesures à ce jour :

« Une proposition, il faut qu’elle soit chiffrée, inscrite dans le temps, qu’on étudie quels sont les leviers d’une ville. Cela demande beaucoup de ressources et on n’en est pas encore là. On fait de la slow politique. »

Pour Christophe Bapst, enseignant et consultant et membre depuis le début, une idée commence à poindre :

« Nous avons appris beaucoup de choses lors des réunions. Il y a des acteurs compétents mais pas toujours la mise en réseau. Nous sommes aujourd’hui place Kléber car il n’y a pas de lieu pour se réunir librement dans les 10 quartiers de Strasbourg. Un des modèles est le Molodoï dans la culture, mais il n’y a pas d’équivalent pour le reste. Même les centres sociaux culturels sont sous conditions. »

Pas d’association à ce stade

Le collectif est informel et n’est pas structuré sous forme d’association, mais n’exclut pas un jour de le devenir. Une structure officielle est parfois nécessaire pour louer une salle ou recueillir des dons. Mais la forme un peu rigide des associations est aussi jugée contraignante par certains qui trouvent que la formule actuelle de « réseau social non-virtuel » fonctionne bien à ce stade.

À deux ans de l’élection d’un nouveau maire, difficile de ne pas penser aux élections municipales de 2020. Il y aura-t-il une liste du Labo citoyen ? Pas sûr… « Ce n’est pas quelque chose sur lequel on a travaillé », répond prudement Syamak Agha Babaei. Plusieurs fondateurs ont indiqué apprécier ne pas être dans une démarche de « conquête du pouvoir », si ce n’est « le pouvoir citoyen ».

Le prochain projet est une « agence de notation citoyenne » pour noter l’utilité de diverses politiques publiques locales, et « pas seulement ce qui est rentable », dixit Sophie Parisot. Et donc à terme les futurs programmes. Elle ajoute que le collectif se donne « le droit d’échouer », une notion qu’avait déjà exprimée en juillet 2017 par Syamak Agha Babaei, qui s’est par le passé interrogé sur le sens de son engagement politique.

Une grande rencontre publique autour d’un pique-nique / brunch prévue le dimanche 8 juillet au parc du Heyritz à partir de 11 heures. Le thème sera la place de la nature en ville.


#élections municipales 2020

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