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Non, le Bastion Social n’a pas aidé Robert à trouver un logement

Le Bastion Social Strasbourg affirme avoir contribué au relogement d’une personne sans-abri prénommée Robert. Mais les associations d’aides sociales dénoncent une « fake news » et une « instrumentalisation de la précarité ».

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Non, le Bastion Social n’a pas aidé Robert à trouver un logement

« En aucune façon, le Bastion social n’a aidé Robert à trouver un logement. » Germain Mignot est en colère depuis ce matin. Le responsable de la permanence Arc-en-Ciel de Caritas Alsace a lu la dernière publication Facebook du Bastion Social Strasbourg. Le groupuscule identitaire y crie victoire : « Robert, un français à la rue depuis plus de huit mois, a enfin été relogé, en partie grâce à nos actions. » Germain Mignot n’y voit qu’une « instrumentalisation supplémentaire de la précarité ».

Le 4 avril, le Bastion Social Strasbourg affirme avoir « en partie » contribué au relogement du sans-abri Robert. (Capture d’écran)

Une injustice pour l’assistante sociale

Monique Maitte, présidente du Collectif SDF Alsace, est aussi énervée. Elle a pris connaissance du communiqué du Bastion Social sur le site très droitier Alsace-Actu. Elle dénonce une intox et une véritable injustice pour l’assistante sociale qui a accompagné Robert depuis qu’il est à la rue :

« Cet article m’a rendu furieuse. Robert est accompagné par le Centre Communale d’Action Sociale (CCAS). Je connais ce sans-abri parce qu’il est suivi par une très bonne assistante sociale. La pauvre, cet article, c’est vraiment moche pour elle. »

À la ville de Strasbourg, une source proche du dossier dénonce aussi la publication du Bastion Social Strasbourg :

« Ça n’a strictement rien à voir avec le Bastion social. Ils n’ont interféré en rien dans son dossier. Le relogement de Robert fait partie du projet de la Ville de Strasbourg qui a ouvert 100 places supplémentaires pour les sans-abris. À aucun moment de la chaîne le Bastion social n’est intervenu. Dans votre milieu, on appelle ça des fake news. »

Robert, très rapidement signalé par l’assistante sociale

Deux associations de solidarité, dont Accueil sans frontières et Caritas Alsace, ont participé au projet. Monique Maitte connait bien la procédure d’hébergement des sans-abris. Elle explique :

« Pour enclencher une procédure d’hébergement, il faut signaler le sans-abri au Service intégré de l’accueil et de l’orientation (SIAO). C’est l’assistante sociale de Robert qui a fait ce signalement. Dans la foulée des 100 places annoncées, elle l’a fait très rapidement. »

Contacté par Rue89 Strasbourg, le vice-président du Bastion Social Strasbourg décrit l’aide apportée à Robert dans la procédure d’hébergement :

« Nous avons été reçus par les services de la mairie il y a quelques semaines [le 27 janvier, ndlr]. […] On a déposé le dossier de demande d’hébergement. Tout a été fait. Même les policiers municipaux étaient présents. Il faut croire que c’est suite à notre action que Robert a été logé puisque le dossier a avancé depuis notre action. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est seulement notre action qui a permis cela mais il semblerait que ça y aie contribué. »

Publication Facebook du Bastion Social suite à une action « LOGEMENT : PRIORITÉ AUX FRANÇAIS! » à la mairie de Strasbourg. (Capture d’écran)

Le Bastion social n’a pas pu signaler le cas de Robert

Au sein de Caritas Alsace, Germain Mignot s’occupe aussi des actions d’hébergement au niveau de l’Eurométropole de Strasbourg. Il a travaillé sur les 100 places ouvertes par la  mairie de Strasbourg. Le responsable associatif a entendu parler de l’action du Bastion Social le 27 janvier. Il insiste sur la vacuité de cette entreprise du groupe d’extrême-droite :

« Ce n’est pas le genre d’action qui fait bouger les lignes en termes de prise en charge. Et je n’ai pas entendu parler de dossier déposé. Dans cette procédure, les sans-abris sont sélectionnés sur la base de signalements qui ont été fait par des associations professionnelles, ou les équipes de rue de la ville. Le Bastion Social ne rentre pas dans le cercle des groupes qui peuvent faire un signalement. »


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