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Olivier, lycéen de 17 ans, aspirant appliqué de l’armée Le Pen

Veste ajustée, pantalon sobre et sacoche, poignée de main énergique, carrure sportive. Olivier a de l’aisance. Les traits de son visage révèlent pourtant sa jeunesse. Le lycéen d’à peine 17 ans a adhéré au Front National en 2011.

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Olivier_Garrecht

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Olivier est toujours à la recherche de nouveaux adhérents au Front National. (Photo L.D)

Maintenant que Marine Le Pen est en mesure de déposer sa candidature officielle,  Olivier, lycéen à la mèche blonde réajustée régulièrement d’un petit mouvement de tête, va pouvoir tenir les manettes de la section jeunesse du Front National 67. En Alsace, ils seraient 250 jeunes frontistes et Olivier est l’un d’entre eux depuis un an. 2012 sera sa première campagne électorale et pourtant il s’apprête à prendre en charge ce réseau de jeunes. « Quand je me suis rapproché du Front National, le responsable a expliqué, j’ai accroché. C’est aussi simple que ça quand on sait ce qu’on veut », affirme le militant.

Olivier a 17 ans. Aux dernières élections présidentielles, il entrait à peine au collège. L’onde de choc du 21 avril 2002 n’a que très vaguement atteint ses premières années d’école. Pourtant selon lui, « il n’y a pas d’âge pour s’intéresser à la politique ». Depuis un an et demi, cet élève du lycée agricole d’Obernai épluche les propositions des partis et se fait sa propre idée. « A 15 ans et demi, j’étais arrivé à un stade où j’avais envie de comprendre et de décider ce qui était bien pour moi ».

Ce qui inquiète le militant de 17 ans : « la retraite »

Dans une famille peu politisée, qui a voté Nicolas Sarkozy en 2007, comment en vient-on à adhérer au Front National ?  « En cinq ans, il n’a rien fait, nous en jugeons aujourd’hui par nous mêmes » commente Olivier sans dissimuler un petit sourire narquois. Il dit s’être tourné vers le Front National car Marine Le Pen représenterait « la seule candidate à proposer des solutions concrètes pour les jeunes ». Et qu’est ce qui préoccupe un jeune frontiste de 17 ans, à 39 jours du premier tour de la présidentielle ? La retraite ! « Je n’ai pas envie de travailler jusqu’à 67 ans. Ensuite, le pouvoir d’achat est quelque chose qui est très concret pour moi. Je suis en alternance, je gagne 600€ et réussis à en épargner 200 par mois. Les étudiants qui vivent avec le revenu de leurs parents font sûrement moins attention à la valeur des choses, car ils ne gagnent pas leur propre vie », se justifie Olivier.

Pourtant, l’élève paysagiste prépare son bac pro pour « avoir un vrai métier entre les mains » et envisage, par la suite, de devenir étudiant en fac de géographie. Pas sûr qu’il aura oublié la valeur des choses à ce moment-là…  Le jeune militant continue de débiter point par point, comme ses arguments d’adhésion, les éléments qui font les thèmes de campagne de sa candidate. « Immigration, insécurité, « UMPS » », il en maîtrise déjà les codes de langage. Les reproches ou moqueries concernant son engagement au Front National lui « passent au dessus ».

Déjà critique vis à vis « des médias »

Il déplore pourtant « les préjugés et les stéréotypes sur [son] parti ». Il a même une dent aiguisée contre les médias, qui en « feraient trop contre Marine ». Des médias, qu’il a visiblement pris plaisir à débouter à l’issue du meeting de Marine Le Pen, à Strasbourg en février dernier. Invité dans sa loge pendant quelques minutes, il explique avec fierté être passé devant les journalistes, avant de pouvoir leur indiquer que « Marine partait déjà ».

Selon lui, hormis un accrochage avec une des ses professeurs, son entourage réagirait bien à son engagement. Il croit aussi savoir que ces « stéréotypes » freinent certains jeunes à s’engager aux côtés du FN. « Une de mes connaissances fait arriver son courrier du parti chez un ami, par peur de la réaction de ses parents », explique-t-il avec détachement. Et que pense sa propre famille du militantisme frontiste du petit dernier de six frères et sœurs ? « Ma mère a 50 ans, elle vit sa vie et ne s’intéresse pas à la politique ». Cette mère, qui rappelle souvent que son fils était très gentil à l’école et un vrai petit monstre à la maison. Mais pour Olivier « une mère aimera toujours son fils, quoi qu’il arrive ». Une famille qui, sans vraiment le suivre, ne lui met donc pas de bâtons dans les roues.

Ne pas parler politique au rugby

Sa « deuxième famille », celle du rugby depuis qu’il a 10 ans, est elle aussi au courant de son engagement. Ne pas mélanger terrain politique et terrain sportif, c’est la position d’Olivier. «Quand je suis au rugby, je ne parle pas de politique, pour ne pas créer de tension ». Des tensions évitées aussi stratégiquement quand il s’agit de tracter ou d’afficher. « Nous savons très bien qu’en allant tracter dans une cité, nous ne serons pas les bienvenus », reconnaît le sportif.

S’il prend son engagement à cœur, il n’envisage pas de faire carrière dans la politique, et la politique n’occupe pas la majorité de son temps. « Je consacre 50% de mon temps à mes études, 30% au rugby et les 20% restants à la politique », calcule Olivier. Quoique les terrains de sport gelés du début de l’année aient quelque peu profité au militantisme. Qui semble s’immiscer à plus de 20% dans sa vie, à entendre la mélodie de son téléphone portable, la Marseillaise.

A lire également dans notre série de portraits « Première campagne » :


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