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Instants de grâce avec Orchestra Baobab mardi à l’Espace Django

Par une heureuse coïncidence, Orchestra Baobab sera en concert mardi 18 octobre à l’Espace Django de Strasbourg. C’est une occasion unique d’onduler face à ce groupe africain mythique, tout droit sorti de l’époque bénie du Dakar des possibles.

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Instants de grâce avec Orchestra Baobab mardi à l’Espace Django

Fondé en 1970 pour ambiancer la scène du Club Baobab, où se retrouvait la haute société dakaroise dans un Sénégal qui goûtait depuis peu à son indépendance, l’Orchestra Baobab a bâti sa réputation sur l’excellence de ses musiciens, issus pour une bonne part du Star Band de Dakar, déjà culte à l’époque, et l’originalité de leurs sonorités afro-cubaines. Né à une époque d’affirmation identitaire, Orchestra Baobab chante le plus souvent en wolof, la langue majoritaire au Sénégal, et fait appel à des percussions traditionnelles, incluses parmi les guitares électriques, le saxophone ou la clarinette.

Ce mélange révolutionnaire de pop internationale, de rythmes afro-cubains et de tradition griotique va faire d’Orchestra Baobab un groupe unique dans l’histoire de la musique de l’Afrique de l’ouest. Ses morceaux, dont certains sont des « instants de grâce » selon l’écrivain Sylvain Prudhomme, des odes à la révolution tranquille, ont traversé l’époque comme des météorites.

Utrus Horas, pur instant de grâce (vidéo World Circuit Records)

Concurrence entre étoiles à Dakar

Car cette autre étoile de Dakar n’aura duré qu’une grosse douzaine d’années. En 1983, l’ensemble se sépare, dépassé par la vague du mbalax, un genre musical très festif sénégalais, popularisé notamment par Youssou N’Dour. Il faudra les mécanismes de redécouverte des trésors musicaux africains pour que leurs morceaux soient réédités, au début des années 2000. Ces enregistrements aux accents de jazz et de blues, extrêmement précis, étaient encore suffisamment puissants pour permettre la reformation du groupe, qui est reparti en tournée en 2002.

Jin Ma Jin Ma (Vidéo World Circuit Records)

Bien entendu, plusieurs membres originaux ont disparu et notamment Issa Cissoko, le compositeur principal et saxophoniste en mars 2019 à l’âge de 72 ans, Balla Sidibé, l’un des chanteurs à la voix si souple, en juillet 2020 à l’âge de 78 ans, et surtout Barthélémy Attisso, le légendaire guitariste autodidacte en août 2021 à l’âge de 76 ans. L’orchestre a cependant réussi à passer le flambeau : l’actuel vocaliste principal, Zacharia Koité, 31 ans, est le neveu de Thierno Koité, le chef d’orchestre de 72 ans dont 50 passés au Baobab.

Alignement de planètes

Voir débarquer à l’Espace Django cette troupe mythique, formée d’anciens et de nouveaux musiciens mais tous porteurs et héritiers d’une tradition dorée, a quelque chose de surréaliste. L’Orchestra Baobab, avec sa dizaine de musiciens sur scène à la renommée internationale, ne peut habituellement pas se produire devant moins de 2 000 spectateurs. Comment peuvent-ils dès lors se retrouver mardi devant les 400 Strasbourgeois au maximum que peut abriter la salle du Neuhof ? Le co-directeur de l’Espace Django, Benoît Van Kote, parle d’un « alignement de planètes » :

« On avait réussi à programmer Orchestra Baobab en mars 2022 parce que je travaille beaucoup avec le responsable de leur tournée en France, et qu’ils passaient par Strasbourg entre deux dates pas trop loin. Ça entrait dans les plans de la tournée, ils ont accepté de faire un effort sur ma proposition budgétaire, qui était au maximum de ce que Django pouvait proposer… Puis en raison de problèmes administratifs liés au Covid, la date a été annulée et là j’ai vraiment cru qu’ils ne reviendraient plus jamais. Mais à ma grande surprise, ils m’ont reproposé une date aux mêmes conditions. »

La formation actuelle Photo : Youri Lenquette / doc remis

La relève opère puisqu’un nouvel album est sorti en 2017, Tribute to Ndiouga Dieng. Il est plus classiquement africain que les albums de leur période initiale, moins cubain, mais le groupe a gardé les mélanges sonores et toniques qui ont fait leurs succès.


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