Une centaine d’élèves scolarisés à Strasbourg seraient sans-abris, selon le collectif local « Pas d’enfant à la rue ». Une estimation a minima, étant donné que toutes les familles ne préviennent pas les enseignants de leur situation et que les militantes et militants sont essentiellement en lien avec les écoles maternelles et primaires. « Les enfants qui sont au parc Eugène Imbs ne sont pas tous scolarisés », souligne Yaël, une des porte-paroles du collectif, qui estime donc que le nombre de mineurs à la rue approche les 200.
Dans ce parc de la Montagne Verte, une cinquantaine de tentes abritent des familles et des personnes isolées. C’est la première fois à Strasbourg qu’un camp si grand existe et que les pouvoir publics ne proposent pas de solution alors que les températures sont passées sous les 0 degré en janvier 2025.
Au moins 25 écoles concernées
Depuis le 25 octobre, date du début du recensement lancé par le collectif, 25 écoles maternelles et élémentaires sont concernées par des élèves qui viennent en cours après avoir dormi dehors. « Nous pensons qu’il y a au moins autant de collèges et de lycées, étant donné que ces enfants ont des frères et des soeurs », précise Yaël.
Parmi les établissements identifiés, il y a l’école Camille Clauss, le Conseil des XV, la Canardière, Langevin, Schluthfeld ou encore Martin Schongauer. La lettre du collectif strasbourgeois au recteur de l’académie de Strasbourg Olivier Klein souligne l’aggravation récente du phénomène :
« Le sans-abrisme infantile s’est développé de manière exponentielle au cours de la décennie écoulée,
et a littéralement explosé depuis la fin de l’état d’urgence sanitaire. Ainsi, chaque jour, les salles de
classes accueillent en leur sein des enfants qui ont passé la nuit dehors et dont les besoins
fondamentaux en termes de santé et de sécurité ne sont pas satisfaits. Cette situation dramatique est
totalement incompatible avec le suivi d’une scolarité normale. »
« Les enseignants se retrouvent totalement démunis et seuls »
Composé de personnes au contact de ces enfants, le collectif invite le recteur de l’académie de Strasbourg à réfléchir pour trouver une solution d’urgence. Il cite également un rapport du Samu social de Paris et de l’Unicef de 2022 qui décrit les effets du sans-abrisme des plus jeunes, et le rapproche des expériences vécues à Strasbourg :
« Les enseignants se retrouvent totalement démunis et seuls, en première ligne face à des situations
de misère absolue qui les dépassent et qui engendrent une terrible souffrance au travail. Si celle-ci
est prise en considération par les organisations syndicales et les fédérations de parents d’élèves, elle
n’est pas reconnue par l’administration qui fait comme si ce phénomène n’avait aucun effet sur la
réussite des élèves ou sur la santé des personnels. »
Le collectif conclut en proposant une « audience » durant laquelle les participantes et participants pourraient identifier les moyens qu’a l’Éducation Nationale de « faire face » à la « problématique du sans-abrisme infantile ».
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