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Délicate expérimentation de 200 « places violettes » pour l’accès au centre-ville aux automobilistes

Lundi 14 août, 225 places « violettes » à 1€ l’heure, ont été ajoutées à l’offre de stationnement en voirie de Strasbourg. Très chères à partir d’une heure et demie, elles doivent permettre l’accès au centre-ville aux automobilistes grâce à une meilleure rotation.

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Délicate expérimentation de 200 « places violettes » pour l’accès au centre-ville aux automobilistes

Un euro pour se garer pendant une heure sur une place violette, c’est l’offre tarifaire simple que la Ville de Strasbourg cherche à populariser pour le stationnement en voirie dans l’hyper centre-ville depuis lundi 14 août (voir ci-dessous). Au delà, ça devient très cher puisque le quart d’heure supplémentaire coûte également un euro et qu’à partir d’1h30, c’est un dépassement de la durée maximale, facturé 35€.

Durée du stationnementPrix
Jusqu’à 30 minutes0,5€
De 30 mn à 1 heure1€
De 1h à 1h302€
Au delà de 1h30 – forfait dépassement35€

225 places violettes ont été créées pour cette première phase, avant que leur impact sur la fluidité du stationnement en ville soit évalué, après le Marché de Noël. Une consultation est en place jusqu’à cette date, sur le site participatif de la Ville de Strasbourg.

L’objectif de ces places est de permettre un accès aux commerces du centre-ville, en assurant leur rotation grâce à des tarifs très élevés au-delà d’une heure et demie d’occupation. Les places violettes ne sont pas non plus accessibles aux usagers abonnés au tarif résident.

Au-delà d’1h30, c’est 35€ Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc

Une mise en place délicate

Si les places sont déjà visibles, leur tarification ne débutera qu’au 1er septembre après une « phase de pédagogie » assure la Ville de Strasbourg. Pédagogie qui s’avère plus que nécessaire car le dispositif n’est pour l’instant pas clair pour tout le monde, selon nos observations.

Marie-Laurence Forrer, gérante d’une boutique de bijoux située rue du Temple-Neuf, « n’a rien compris à ce truc de la Ville ». Installée juste devant un des panneaux explicatifs, elle a pu récolter l’avis des gens depuis l’installation des places violettes, malgré elle :

« Je les entends depuis ce matin, c’est très drôle. Les gens viennent devant le panneau et sont abasourdis face aux prix affichés. Personne ne comprend, c’est une histoire de fou, ce truc. La rue est remplie d’habitude mais là, personne ne vient se garer car les gens ont peur de se prendre une amende. Personne n’arrive à payer non plus, rien ne marche. »

« Ils vont tuer le centre-ville »

Lundi, les commerçants rencontrés sont unanimes pour critiquer la mesure, pourtant instaurée pour eux, suite à une précédente augmentation des tarifs de stationnement. « On dirait que l’objectif est de complètement dégoûter les gens de venir en ville », s’offusque Marie-Laurence Forrer.

Les cavistes de Vino Strada, situé également rue du Temple-Neuf, ne sont pas non plus convaincus par les places violettes comme le détaille une des employées :

« Il faut moins de voitures en ville mais pas au détriment des petits commerces indépendants. Le prix du stationnement est exorbitant dans le centre-ville et on observe une baisse de la fréquentation pour la clientèle venant hors de Strasbourg. Les gens n’ont pas envie de chercher une place pendant des heures, pour ensuite la payer très cher. Ça risque d’être pire maintenant. »

Une habitante strasbourgeoise qui vient de se garer sur une de ces fameuses places déplore :

« Selon moi, tous les commerces vont fermer. Les gens n’iront plus au restaurant non plus maintenant. Personne ne va au restaurant pour une heure. 35€ de plus sur la note, c’est impossible… »

Marie-Laurence Forrer estime que la solution aurait été de mettre en place une première heure à prix réduit, voire gratuite, puis de garder les prix habituels au-delà. « On avait demandé de faire en sorte qu’il y ait une rotation mais, cette zone violette, ce n’est pas du tout ce qu’on voulait », affirme-t-elle, excédée.

Un sentiment que partagent les employées de Vino Strada. Également restauratrices, elles jugent sévèrement cette tarification :

« Il aurait fallu tout ou rien. Soit entièrement piétoniser l’espace et dans ce cas, on aurait pu augmenter la taille de notre terrasse et notre espace de vente, soit garder les voitures sur des places moins chères. Cet entre-deux est un compromis un peu mou. »

La localisation des places violettes dans la zone rouge Photo : document Ville de Strasbourg

#stationnement

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