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Malgré la pluie, on a manifesté « contre la politique globale » d’Emmanuel Macron mardi à Strasbourg

Malgré la pluie, entre 2 600 et 3 200 personnes se sont mobilisées à Strasbourg pour manifester contre les ordonnances réformant le code du travail mardi après-midi. Dans le cortège, c’est la politique générale d’Emmanuel Macron qui était la cible.

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Malgré la pluie, on a manifesté « contre la politique globale » d’Emmanuel Macron mardi à Strasbourg

« Macron t’es foutu, les fainéants sont dans la rue ». C’est l’un des slogans qui revenait le plus souvent mardi après-midi à Strasbourg, dans les rangs de la manifestation contre les ordonnances réformant le Code du travail. Au comptage : 2 600 personnes, selon la police, 3 200 selon la CGT, se sont mobilisées pour faire part de leur mécontentement, malgré une légère pluie qui s’est invitée au début de la manifestation.

« Je n’ai pas vu autant de monde à un rassemblement à Strasbourg, depuis celui qui s’est tenu après les attentats du Bataclan » confie Anaïs, enseignante qui a pourtant l’habitude de se rendre à des manifestations. Si elle a défilé mardi, c’est pour dénoncer un projet du gouvernement qui, selon elle, va davantage « précariser la majorité des actifs, mais également les non actifs. Tout le monde est concerné, que ça soit dans le privé ou dans le public, tout le monde en a déjà pris pour son grade. »

« Une attaque contre des droits chèrement acquis »

Chez les manifestants, on retrouve souvent les mêmes dénonciations et surtout un même sentiment d’insécurité face à ce qui est perçu comme une régression. « On est en train de faire marche arrière vers le XIXème siècle. C’est une attaque contre des droits chèrement acquis » dénonce Christiane, une enseignante qui s’inquiète également pour les futurs générations. « On a des enfants qui n’ont pas une vie facile. Je pense aussi à mes élèves qui vont devoir s’insérer dans un monde du travail de plus en plus précaire. »

Nombreux sont ceux qui ne sont pas là uniquement parce qu’ils sont directement concernés par un des pans de la réforme. « Le Code du travail touche toutes les professions, c’est vrai que je vais être moins touchée que la plupart mais c’est pas une raison pour laisser faire », témoigne Meryem, 31 ans, pharmacienne.

« Loi travail Macron en Marche arrière » la créativité ne manquait pas dans les slogans des manifestants. (Photo Manon Weibel / Rue89 Strasbourg)

Une mobilisation deux en un

Si, à l’origine, la manifestation concernait la réforme du Code du travail, nombreux sont ceux qui sont également là pour exprimer un ras le bol général contre la politique que mène le gouvernement et Emmanuel Macron depuis son élection. Manuela, 22ans, en 3e année de psychologie, participe pour la première fois à une manifestation :

« La personne qui a été élue, je ne la supporte pas. Tout ce qu’il fait est en train de détruire ce que la société a créé. C’est important de lui montrer qu’on n’est pas d’accord avec ça. »

Même constat du côté de Josiane, une retraitée de 70 ans, habituée à venir manifester lorsqu’elle l’estime nécessaire :

« Je ne suis absolument pas d’accord avec la politique que mène notre président. C’est une déstructuration totale des acquis sociaux pour lesquels les gens se sont battus pendant un siècle voire plus. Je trouve ça dramatique, d’autant plus que ça ne va pas résoudre la question du chômage. Le mot qui correspond le mieux à la politique actuelle, selon moi, c’est l’arrogance. Une arrogance des puissants. Ça va au delà de la loi travail. Ça concerne également la politique par rapport aux migrants, à la transposition de l’état d’urgence dans le droit commun, c’est une honte. »

Les propos d’Emmanuel Macron lors de son discours à Athènes ont alimenté l’inspiration des manifestants. (Photo Manon Weibel/ Rue89 Strasbourg)

Valérie, 54 ans, comptable bientôt au chômage, dénonce le système dans son intégralité :

« Ce qui est important, c’est qu’une majeure partie des gens prennent conscience qu’on ne peut plus vivre dans le système dans lequel on est, qui n’est plus une démocratie. Il faut casser la notion de leader unique et laisser la possibilité aux citoyens de se gouverner par eux-mêmes. »

Une mobilisation en demi-teinte

Si les Strasbourgeois ont été relativement nombreux à descendre dans la rue, ils ne se font que très peu d’illusions sur les conséquences du mouvement. « Je ne pense pas que la mobilisation aura un impact quelconque sur la politique de Macron, mais en tout cas, c’est pas mal parce que ça permet d’ouvrir la discussion avec plein de gens, » confie Daniel, étudiant en philosophie.

Pour autant, la plupart des manifestants ne comptent pas en rester là. Pour beaucoup, la mobilisation de mardi était un test, pour prendre la température et voir combien de personnes allaient se déplacer. Un test que certains estiment réussi en soulignant une mobilisation plus forte que qu’à l’habitude.

« Il faut montrer que l’on reste mobilisé. Ce qui se dessine, ce sont des dégradations des conditions de travail et de l’emploi. C’est qu’un mouvement qui débute, il y aura d’autres actions » conclut Jean-Claude Macabre, ancien secrétaire de l’Union locale de la CGT Strasbourg.


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